Ave, verum *
Corpus, natum
Ex María Vírgine,
Vere passum,
Immolátum
In cruce pro hómine.
Cujus latus perforátum
Unda fluxit cum sánguine ;
Esto nobus prægustátum
Mortis in exámine.
O Jesu dulcis !
O Jesu pie !
O Jesu, * Fili Maríæ !
Je vous salue
ô vrai Corps, né
de la Vierge Marie,
Qui avez vraiment souffert,
Immolé
Sur la croix pour l’homme.
Dont le côté transpercé
A laissé couler de l’eau et du sang ;
Soyez notre viatique
A notre mort, lors du jugement.
O doux Jésus,
O bon Jésus,
O Jésus, Fils de Marie.
Cette petite prose au Très-Saint Sacrement a été composée vraisemblablement au cours du XIVème siècle et son extension resta assez longtemps locale, les manuscrits médiévaux qui la contiennent étant tous des environs du lac de Constance, provenants de l’Abbaye de Saint-Gall (codex 546), de celle de Reichenau (manuscrits 36 et 156) ou de Constance même. L’un des manuscrits de Reichenau, du XVème, intitule cette pièce : Salutationem sequentem composuit Innocentius papa ; hæc oratio habet tres annos indulgentiarum a dom. papa Leone (La salutation suivante a été composée par le pape Innocent ; cette oraison a reçu trois années d’indulgence du seigneur pape Léon).
Réalisation : Henri de Villiers .
Pendant les encensements de l’offertoire : Dirigatur du IVème ton.
4 voix mixtes (SATB).
1 page.
Plusieurs provinces de France (Normandie, Champagne) connaissaient sous l’Ancien Régime l’usage de psalmodier avec antienne par le chœur les versets du psaume 140 que le Missel romain fait réciter secrètement au célébrant pendant que celui-ci encense l’autel & les oblats à l’offertoire. Nous avons repris cet usage (encore bien vivant en Normandie au XXème siècle) à Saint-Eugène – Sainte-Cécile pour les dimanches après la Pentecôte, en faisant en sorte que le ton sur lequel nous chantons le Dirigatur s’accorde avec celui de l’offertoire de la messe du jour. Les antiennes – facilement reprises par le peuple – sont celles transmises par la tradition normande (de simples psalmodies un peu plus ornées), ou bien – à leur instar – ont été recomposées à partir d’anciens tons de psalmodies ornées autrefois en usage en France (comme ici pour ce Dirigatur du VIème ton, où l’antienne a été reprise d’une ancienne psalmodie oratorienne). Les versets du psaume sont chantés en faux-bourdons parisiens à quatre parties, dans lesquels la teneur grégorienne est chanté par l’une des voix (ici celle du dessus, mais on peut échanger également les parties de dessus & de taille). Ce faisant, les fidèles sont progressivement familiarisés avec les huit tons de l’octoèque grégorien, surtout dans les paroisses où ils ont peu l’habitude de psalmodier les offices.
Plain chant, texte & traduction :
℟. Que ma prière, Seigneur, s’élève comme l’encens devant toi. (les fidèles sont invités à reprendre ce répons avec la schola).