Merci à Monsieur l’Abbé Meissonnier, fssp, pour les mythiques photos qu’il m’a faites parvenir ce matin de la Fête-Dieu à Langres du temps du fameux chanoine Couturier (cette ville & ce compositeur m’étant tous les deux particulièrement chers !).
Les petits & grands séminaristes avec les élèves de la maîtrise précèdent le dais qu’on entrevoit en haut de la rue à gauche de la photo.
Les petits séminaristes sont en habit de chœur mais sans rabat français.
Les maîtrisiens sont en uniforme. Leur présence indique que ces photos sont antérieures à 1905 (la Loi de la séparation des églises & de l’état entraîna la suppression de l’école maîtrisienne de Langres, pourtant si féconde & prospère).
Notez les 4 chantres en chapes (l’ancien usage langrois avait sagement été conservé par Mgr Parisis au milieu du XIXème siècle quand cet évêque de Langres pris le rit romain pour son diocèse).
On aperçoit précédant le dais plusieurs diacres ou indus & une bonne dizaine de chapiers.
Notez les douze (!!!) thuriféraires tournés vers le Saint-Sacrement (quatre rangs sur trois lignes), avec des enfants jetant des pétales de fleurs.
Les maisons paraissent avoir été ornées de branchages.
Deux évêques en cappa (!) suivent le dais.
Des portes insignes portent leurs mitres derrière eux.
Je ne connais hélas pas les évêques de Langres de cette époque pour déterminer qui est ici sur la photo (un vieil évêque & son coadjuteur ?).
Ecce panis angelorum !
Arrivée au reposoir (il me semble sur la place de l’Hôtel de Ville) : notez l’importance de la construction de celui-ci, avec ciborium.
Les douze thuriféraires encensent à pleines chaines (avec un peu d’attention, on distingue la plupart des encensoirs en l’air).
Il est piquant de constater que Langres, qui s’est voulu le fer de lance de la romanité liturgique en France au XIXème siècle, laissait subsister de tels usages purement français !
Il me semble reconnaître le chanoine Nicolas Mammès Couturier au clavier.
Sans doute se prépare-t-on à exécuter l’un de ses grands motets pour le reposoir de la Fête-Dieu.
Le plus fameux de ceux-ci est Alleluia, paratur nobis (Populus n° 78), grand motet en Mib M à 4 & 5 voix, pour deux chœurs & 2 musiques militaires, sur le thème de l’Adoro te. D’une durée d’une vingtaine de minutes, ce motet du reposoir nécessitait 300 exécutants : les deux séminaires, la maîtrise & les musiques du 21ème & du 109ème régiments d’infanterie stationnés à Langres.
La photo n’embrasse pas l’ensemble des exécutants, mais néanmoins, on voit bien la disposition à deux chœurs qui se font face, les séminaristes à gauche, les petits séminaristes & les maîtrisiens à droite.
On ne voit pas les deux fanfares militaires. Notons toutefois la présence de militaires en arrière-plan.
Il semble que la photo soit prise pendant un passage solo (le soliste est à la gauche de l’organiste).
Après l’éxécution du motet, le célébrant donne la bénédiction avec le Saint-Sacrement.
Notez que le clergé langrois arbore encore fièrement la tonsure cléricale. 😉
Le dais passe devant l’Hôtel de Ville de Langres.
On distingue les portes insignes derrière les évêques.
Notez les deux énormes cierges des deux céroféraires.
Pour le grand admirateur de l’œuvre musicale du chanoine Couturier que je suis, ces photos sont mythiques.
Quels fastes liturgiques Langres déployait alors !
Je les avais vues il y a fort longtemps & suis extrêmement ravi de les retrouver enfin après des années de recherche.
Encore merci, Monsieur l’Abbé !
Il faudra que je fasse un jour ou l’autre un article sur le chanoine Couturier & l’extraordinaire vie musicale qu’il a su insuffler à la petite ville de Langres pendant un demi-siècle (je publierai alors peut-être en ligne le catalogue de ses 590 œuvres dressé en son temps par Bernard Populus). C’est un auteur que nous aimons beaucoup chanter à Saint-Eugène.
Vous pouvez trouver sur notre site plusieurs partitions du chanoine Couturier en libre accès.
PS. Tant que dure l’octave de la Fête-Dieu, je publierai très volontiers toute image de procession du Saint-Sacrement. Avis à tous mes amis !
Au XVIIIème siècle à Paris, il y avait procession tous les jours durant l’octave. 🙂
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