Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.
Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.
Saint-Eugène, le samedi 11 juillet 2020, Requiem solennel de 9h30.
Nous aurons à cœur de prier Dieu pour le repos de l’âme de Sa Majesté l’Impératrice Eugénie, qui fit tant pour notre paroisse de Saint-Eugène au moment de sa fondation en 1855.
María Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, 19ème comtesse de Teba — plus connue sous le nom d’Eugénie de Montijo, du nom d’un titre comtal espagnol dont hérita son père après sa naissance —, naquit le 5 mai 1826 à Grenade et mourut le 11 juillet 1920 au palais de Liria à Madrid, il y a dont tout juste 100 ans. Celle qui fut l’épouse de Napoléon III, empereur des Français, s’illustra par son soutien constant aux œuvres de l’Eglise catholique. Exilée en Angleterre après la chute du Second Empire, elle établit l’abbaye bénédictine de Farnborough sur sa propriété personnelle, afin d’y ensevelir son époux ainsi que son fils, le Prince Impérial, avant d’y être elle-même inhumée en 1920, les funérailles étant célébrées par le célèbre liturgiste dom Cabrol, abbé de Farnborough. La Schola Sainte Cécile y était allé en pèlerinage l’an passé, pour y chanter un Requiem par lequel s’ouvrait à Farnborough les commémoraisons du centenaire du décès de l’Impératrice.
La tombe de l’Impératrice Eugénie dans la crypte de l’Abbaye de Farnborough
A la sainte messe :
Procession d’entrée : De profundis normand – psaume 129 – plain-chant en usage dans le diocèse de Coutances
Messe de Requiem en plain-chant
Epître : II Macchabées XII, 43-46 : Car s’il n’avait espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient un jour, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts.
Evangile : jean VI, 37-40 : Or la volonté de mon Père qui m’a envoyé, est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour.
La composition par Gounod de la Messe en l’honneur de sainte Cécile connut de nombreuses étapes, non seulement parce que le compositeur commençait à se faire connaître à l’Opéra (Sapho, Ulysse, La Nonne Sanglante), reprenant donc à plusieurs reprises ce projet qu’il avait initié en 1849 pour la fête de sainte Cécile en l’église de Saint-Eustache (Paris Ier), mais encore en raison du soin vétilleux qu’a pu apporter Gounod à cette première messe solennelle. Vingt ans sépareront cette première messe de la suivante dédiée au Sacré-Coeur de Jésus.
C’est dès 1851 que purent être créés à Londres – au Saint Martin’s Hall (théâtre aujourd’hui disparu qui contenait pas moins de 3000 places) – et ce grâce à la cantatrice Pauline Viardot, le Sanctus et le Benedictus, dont le succès fut immédiat ; ils furent repris à Paris grâce à l’orchestre Pasdeloup le 4 janvier 1852 et le 6 avril 1855. Le Kyrie était à cette époque ébauché.
Cependant, c’est durant l’été 1855 que le dessein de la composition d’une messe solennelle en l’honneur de la patronne des musiciens s’accomplit. Cela ne détourne pas pour autant Gounod de composer au mois de juillet Les Sept Paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ sur la Croix, dédié à Monseigneur Sibour archevêque de Paris, autre visage (si différent !) de la musique liturgique de Gounod.
Cet été 1855 lui avait pourtant été tragique. Le 6 août, sa belle-soeur, Juliette Zimmerman, meurt en couche, sa fille ne lui survivra que quelques jours. Elle était l’épouse du peintre Édouard Dubufe, et son fils Guillaume, peintre lui aussi, évoquait Gounod comme son “oncle-papa”. Cette belle-famille accueillera les Gounod toute la fin de l’été, du 18 août au 27 septembre, au Logis de La Lucerne, à 10 km de Granville.
Cette proximité avec sa belle-famille peut surprendre, mais l’on constate que Gounod vit, tant dans sa famille que celle de son épouse, au milieu d’un milieu artistique de premier plan. Ainsi, peu avant son séjour normand – le 15 août – Gounod envoie à son éditeur le Credo, dédié à la mémoire de Zimmerman, son beau-père, qui n’est autre que le président de l’Association des Artistes Musiciens.
Pour l’anecdote, Zimmerman arrangera même le célèbre Ave Mariade son beau-fils.
L’abbaye Sainte-Trinité de La Lucerne
Cette abbaye de la Sainte-Trinité de La Lucerne, fondée grâce au Bienheureux Achard de Saint-Victor, évêque d’Avranches – dont les reliques sont conservées à l’abbaye – était desservie par l’ordre des Prémontrés. Du temps de Gounod, l’abbaye était fermée au culte depuis 1790, vendue comme bien national au seigneur local Léonor de Carbonnel de Canisy et à son son épouse Henriette de Vassy, soeur du dernier marquis de Brécey, puis vendue par la suite au négociant-armateur Louis Gallien en 1799. L’abbaye servit de marbrerie après avoir été une filature de coton.
Louis Gallien eut une petite-fille – Nelly – qui épousa Paul Dubufe, frère d’Édouard. Ce dernier, peintre officiel de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie à partir de 1853, s’est marié à la soeur de l’épouse de Charles Gounod. Ainsi, on pourra saisir assez aisément l’importance des liens qu’a pu tisser Gounod avec la famille impériale.
Ce séjour familial dans l’Avranchin est capital dans la conception de la Messe en l’honneur de sainte Cécile. Appelé aujourd’hui « La Lucerne-d’Outremer » – afin de ne pas confondre avec La Luzerne situé dans le même département de la Manche – cette petite commune abrite l’abbaye, aujourd’hui remarquablement restaurée et rendue au culte depuis l’impulsion de l’abbé Lelégard en 1959.
Au temps de Gounod, l’abbaye n’avait qu’un rôle d’entrepôt de pierre, mais conservait une forêt (par la porte Est) où le compositeur aimait partager son temps entre l’écriture dont la Messe en l’honneur de sainte Cécile et la lecture avec la traduction de saint Augustin. Rappelons que l’abbaye de la Lucerne fut fondée par les Prémontrés, ordre qui suit le charisme de ce Docteur de l’Église.
Le Logis abbatial des XVII-XVIIIèmes siècles restait encore entretenu par la famille Dubufe, c’est là où séjourna le compositeur.
« J’ai rarement vu des terrains aussi bien silhouettés et aussi bien saisis par les plans des arbres et les puissantes racines d’une végétation séculaire. L’eau, enfin, donne à toutes ces scènes de la nature une fraîcheur et un murmure qui en complète le charme. (…)
« Je passe généralement mon temps à lire dans le bois quelques chapitres de mon bien-aimé Docteur saint Augustin ; j’en fais la traduction écrite ; c’est mon heure de recueillement : après quoi je pense à ma messe et je compose ou du moins j’y réfléchis jusque vers cinq heures toujours dans le bois (…) La messe en musique ! par un pauvre homme ! – mon Dieu !… ayez pitié de moi ! » extrait d’une lettre à sa mère inGounod, Gérard Condé, op. cit. p.556.
Cette lettre nous montre encore l’importance de son attachement au rôle de la miséricorde ; Gounod fait ainsi chanter les paroles du Domine non sum dignum dans l’Agnus Dei.
Granville et le Mont Saint-Michel
Toujours dans les environs de la baie du Mont-Saint-Michel, Granville, cette ville fortifiée qui s’est servie des pierres de l’abbaye pour les maisons avoisinantes, lui permet de s’adonner aux bains de mers et de lui donner une grande inspiration :
Nous sommes arrivés à Granville à la marée pleine (…) on arrive à la plage par une énorme entaille pratiqué dans toute la hauteur du roc (…) La grotte, dans ces conditions, rappelle l’antre de Polyphème : et la mer recouvrant la plage entière et la dérobant entièrement aux yeux, on n’a plus devant soi qu’une sorte d’infini liquide qui saisit l’âme, et auquel la solennelle âpreté des rocs qui la dominent donnent un aspect biblique écrasant que ramène la pensée aux jours tragiques du Déluge. On n’ose plus parler devant cet abîme qui est comme la frontière du monde, et derrière lequel on ne sent plus que Dieu ! »
In Gérard Condé op.cit. p.92
Église Notre-Dame du Cap-Liou, plus ancienne église de Granville.
Le 1erseptembre, Gounod a la ligne mélodique du Gloria, il ne lui reste qu’à l’orchestrer.
Le 15, il visite le Mont Saint Michel, où il découvre les cachots du Mont qui le glacent :
« Il y a des cachots pour les prisonniers récalcitrants : ces cachots sont l’horreur de la pensée : un trou sans lumière aucune, presque sans air, entouré de murs épais et voilà !!! – pour moi si j’entrais là-dedans, je crois qu’on ne m’y retrouverait plus vivant quand on viendrait m’apporter du pain et de l’eau. » Ibid.
le 21 il finit le Gloria, le 26, il termine le Domine salvum, le 27, il part de la Lucerne… la messe est achevée.
L’Année Gounod à Saint-Eugène – bicentenaire de la naissance de Charles Gounod