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Jerusalem et Sion filiæ – Prose parisienne de la Dédicace – Offices notés complets de Paris – 1899

Cette prose est due au célèbre hymnographe parisien Adam de Saint-Victor (c. 1112 † c. 1192), préchantre de la cathédrale de Paris, principal auteur du répertoire parisien des séquences dont il a renouvelé le genre en leur conférant une ampleur musicale et une richesse spirituelle par les images théologiques abordées. Ce répertoire victorin s’est très vite diffusé dans toute l’Europe Occidentale, on en chantait les séquences dès le XIIIème siècle à Palerme, Zagreb, Aix-la-Chapelle ou Dublin. Les livres parisiens modernes contiennent deux chants pour cette prose, celui d’Adam de Saint-Victor, et celui recomposé au XVIIIème siècle par l’Abbé d’Haudimont, maître de chapelle de la cathédrale de Châlons-sur-Saône puis de Notre-Dame de Paris et de Saint-Germain L’Auxerrois (avant 1790). La mélodie d’Haudimont, quoique récente, est, avouons-le d’une grande réussite musicale et fut immédiatement très populaire à Paris. Elle figure sur l’enregistrement historique “Grandes heures liturgiques à Notre-Dame de Paris”, sous la direction de Mgr Revert, maître de chapelle de Notre-Dame, où l’on peut entendre le contre-chant des voix de dessus sur le dernier vers de chaque strophe, contre-chant devenu traditionnel à Paris.

La prose de la dédicace chantée par la Schola Sainte Cécile à Notre-Dame de Paris le 29 mai 2013 :

Comme l’admirable poésie d’Adam de Saint-Victor recèle de vrais trésors théologiques par la vision de l’Eglise qui y est développée, nous en donnons une traduction française tirée du Missel parisien de Mgr de Vintimille du Luc à l’usage des laïcs de 1738.

JERUSALEM et Sion fíliæ,
Cœtus omnis fidélis cúriæ,
Melos pangant jugis lætítiæ.
Allelúia.
Filles de Jérusalem et de Sion, saints habitants des demeures célestes, chantez de concert un cantique de joie. Alléluia.
CHRISTUS enim norma justítiæ
Matrem nostram despónsat hódie,
Quam de lacu traxit misériæ
Ecclésiam.
C’est en ce jour que Jésus-Christ, le modèle de toute justice, prend pour épouse l’Eglise notre mère, qu’il a tirée de l’abîme de misère où elle était plongée.
HANC sánguinis et aquæ múnere,
Dum pénderet in crucis árbore,
De próprio prodúxit látere
Deus homo.
C’est du côté ouvert de l’Homme-Dieu attaché sur la Croix qu’elle est sortie ; le sang précieux, & l’eau mystérieuse qui coulèrent de cette source sacrée, lui furent donnés alors pour la laver et la sanctifier.
FORMARETUR ut sic Ecclésia,
Figurátur in prima fémina,
Quæ de costis Adæ est édita
Mater Eva.
La formation de l’Eglise par Jésus-Christ avait été figurée par celle d’Eve, cette mère commune du genre humain, qui fut tirée d’une des côtes d’Adam notre premier père.
EVA fuit novérca pósteris ;
Hæc est mater elécti géneris,
Vitæ portus, ásylum míseris,
Et tutéla.
Eve a donné la mort à ses enfants ; mais l’Eglise est une mère qui donne la vie aux siens : elle est pour eux un port de salut : elle est leur asile, et leur solide appui.
HÆC est cymba qua tuti véhimur ;
Hoc ovíle quo tecti cóndimur ;
Hæc cólumna, qua firmi nítimur
Veritátis.
Elle est cette barque sur laquelle nous voguons sûrement à travers les écueils du siècle ; cette bergerie où nous sommes à l’abri des attaques de l’ennemi : elle est la colonne de vérité, sur laquelle nous sommes appuyés comme sur un fondement inébranlable.
O sólemnis festum lætítiæ,
Quo únitur Christus Ecclésiæ,
In quo nostræ salútis núptiæ
Celebrántur.
Quelle doit être notre joie et notre reconnaissance dans cette auguste solennité, où nous célébrons l’union de Jésus-Christ avec son Eglise, union sainte par laquelle s’opère le grand ouvrage de notre salut !
JUSTIS inde solvúntur præmia,
Lapsis autem donátur vénia,
Et sanctórum augéntur gáudia
Angelórum.
Par cette union mystérieuse les justes entrent en possession des récompenses éternelles, les pécheurs obtiennent le pardon de leurs crimes, les Anges même sentent augmenter leur joie.
AB æterno fons sapiéntiæ,
Intúitu solíus grátiæ,
Sic prævídit in rerum série
Hæc futúra.
Ces merveilles sont l’effet de la sagesse suprême de Dieu, qui par le seul motif de sa miséricorde, en a prévu l’accomplissement de toute éternité.
CHRISTUS jungens nos suis núptiis,
Recréatos veris delíciis,
Intéresse fáciat gáudiis
Electórum. Amen.
Que Jésus-Christ notre Sauveur, dont nous devenons les enfants par l’union qu’il contracte avec l’Eglise notre mère, nous fasse goûter les vraies délices, et participer dans le ciel aux joies éternelles des Elus. Amen.

>>> MP3 de cette prose par la Schola Sainte Cécile lors de la messe en rit traditionnel du 17 juin 2008 (enregistrement pris par un fidèle assez loin depuis la nef).

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8 réflexions au sujet de “Jerusalem et Sion filiæ – Prose parisienne de la Dédicace – Offices notés complets de Paris – 1899”

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