Paroisse catholique russe de la Très-Sainte Trinité, le dimanche 2 février 2020 du calendrier grégorien – 20 janvier 2020 du calendrier julien, tierce & sexte à 8h55, divine liturgie de saint Jean Chrysostome à 9h15.
Dimanche du ton VIII de l’Octoèque. Nous fêtons aussi en ce jour notre vénérable Euthyme le Grand.
Euthyme naquit en 377 à Mélitène, en Petite Arménie de Cappadoce (l’actuelle Malatya en Turquie orientale, possession romaine depuis 75 avant J.C., à ne pas confondre avec la Petite Arménie médiévale de Cilicie). Le mariage de ses parents Paul et Denise était stérile ; ils supplièrent saint Polyeucte, le fameux martyr de Mélitène, afin d’avoir un enfant. Alors qu’ils priaient à l’église une nuit, ils entendirent tous deux une voix leur disant :
“Prenez courage, Dieu vous donnera un fils que vous nommerez Euthyme, pour marque de la douceur de son esprit & de la tranquillité de son âme : toute sa vie répondra à un nom si favorable, & Dieu au temps de sa naissance rendra la paix à son Eglise”.
Euthyme naquit au moment où s’achevait la persécution des catholiques par la mort de l’empereur arien Valens (9 août 378).
Orphelin de père à trois ans, son oncle Eudoxe se chargea de son éducation. Comme Eudoxe assistait Otrée, évêque de Mélitène dans les fonctions de sa charge, il le lui confia pour le service de l’autel. L’évêque le reçut en prophétisant : “Vraiment le Saint-Esprit reposera sur cet enfant”, puis le baptisa, le tonsura et le mit au nombre des lecteurs de son Eglise, tandis que sa mère Denise devenait diaconesse.
Il reçut l’ordination presbytérale à dix-neuf ans après avoir suivi les enseignements d’Acace & de Synodius, puis fut chargé de diriger & d’organiser les premiers monastères de religieux & de solitaires qui s’étaient établis dans le diocèse de Mélitène. Il passait du temps en retraite (notamment pendant le carême) au monastère de Saint-Polyeucte et au monastère des Trente-Trois Martyrs d’Arménie.
Il partit en 406 en pélerinage pour Jérusalem visiter les Lieux Saints et suivre l’enseignement des Pères du désert. Il s’installa près de la laure de Pharan qui avait été fondée en 330 par saint Chariton, à 10 km au Nord de Jérusalem. Il s’y lia d’amitié avec le moine saint Théoctiste (fêté le 3 septembre), originaire lui aussi de Cappadoce. Pour gagner sa vie, il fabriquait des paniers et s’efforçait de vaincre ses passions en veillant et jeûnant régulièrement. Puis les deux amis s’installèrent en Judée sur la route de Jéricho dans le désert de Koutila (Wadi Dabor), près de la Mer Morte, où beaucoup de disciples vinrent les rejoindre. Théoctiste devint leur higoumène et organisa leur vie cénobitique (cette laure porta ensuite le nom de monastère de Saint-Théoctiste), tandis qu’Euthyme choisissait de garder la vie érémitique à proximité du nouveau monastère, qu’il rejoignait régulièrement afin d’instruire les nouveaux postulants. Il n’exigeait pas d’eux de pénitences extravagantes, mais leur demandait la fidélité de résidence, le détachement des biens terrestres, la confiance envers la Providence, l’habitude des travaux manuels en reversant aux pauvres le superflu, l’interdiction des femmes dans l’enceinte de la laure, et surtout l’humilité et la charité. Le succès de ce monastère fut tel que de nombreuses fondations essaimèrent rapidement dans toute la Palestine.
Saint Euthyme accomplit dans ce désert de nombreuses guérisons ; il guérit en particulier d’une hémiplégie le fils d’un Arabe bédouin païen du nom d’Aspebet qui demanda ensuite avec sa tribu le baptême. Celui-ci prit alors le nom de Pierre et répandit la nouvelle dans toute la Palestine. Certains membres de la tribu bédouine devinrent des disciples de saint Euthyme et par la suite l’un d’eux devint le successeur de saint Théoctiste.
L’afflux de fidèles et de malades l’obligea à se retirer dans le désert de Ziphon où il créa des églises et convertit des hérétiques qui niaient les sacrements et la hiérarchie ecclésiale, ne se fiant qu’à la prière personnelle. D’autres guérisons le rendirent à nouveau célèbre dans cette région, et il se résolut à retourner à proximité de son ancienne laure dirigée par saint Théoctiste, qu’il rejoignait pour les vigiles du samedi et la liturgie du dimanche.
D’autres disciples (dont saint Sabbas le Sanctifié, fêté le 5 décembre) se pressaient auprès de lui, et Euthyme accepta avec humilité de les enseigner, créant une nouvelle laure semblable à celle de Pharan ou de celle de Saint-Théoctiste, qui fut connue par la suite sous le nom de monastère Saint-Euthyme, situé à Khan Al Akhmar aujourd’hui Mishor Adumim.
Saint Euthyme remit sur le droit chemin de l’orthodoxie l’impératrice Eudoxie, veuve de l’empereur byzantin Théodose II, qui demeurait en Palestine. Doutant de sa foi, elle avait envoyé des émissaires à Antioche auprès de saint Siméon le Stylite qui lui rétorqua : “Pourquoi cherches-tu une eau lointaine, alors que tu as une source près de toi ? Suis les enseignements d’Euthyme et tu seras sauve.” Saint Euthyme lui enjoignit de se conformer aux canons du concile de Chalcédoine (451). L’impératrice se fit construire une tour près de la laure et couvrit la Palestine de pieuses fondations.
Ayant été averti trois jours avant de sa mort prochaine par Dieu, Euthyme réunit ses frères pour les en avertir, les exhorter à l’observance de leur règle monastique et à la pratique de la charité & de l’humilité. Puis il leur demanda qui ils désiraient avoir pour supérieur ; à quoi il répondirent d’une seule voix Domitien (l’un des proches disciples de saint Euthyme). “Cela ne se peut, répartit le saint, car il ne me survivra que de sept jours”. Les frères le prièrent donc de leur donner Elie comme successeur, qui était économe d’un des monastères fondés par saint Euthyme. Le saint conclut en disant : “Si je trouve grâce devant Dieu, la première chose que je lui demanderai sera que son Saint-Esprit demeure toujours avec vous & avec tous ceux qui vous succèderont”. Saint Euthyme mourut trois jours après, le 20 janvier 472, étant âgé d’environ 94 ans. Il avait passé 68 années de sa vie dans la solitude monastique. A sa mort, une multitude accourut de toute la Palestine, au point qu’Anastase, patriarche de Jérusalem, dut recourir à la force armée afin de pouvoir accomplir les cérémonies des funérailles du saint moine. Sept jours après, Euthyme apparut à son disciple Domitien avec un visage radieux, lui disant : “Venez jouir de la gloire qui vous est préparée, car Dieu veut que nous demeurions ensemble”. Ayant prévenu toute la communauté de cette vision, Domitien s’éteint peu après avec la consolation de l’espérance des biens éternels.
Non seulement saint Euthyme le Grand fut l’un des plus marquants organisateurs de la vie monastique en Palestine, mais il organisa aussi la structure des saints offices chantés par les moines. Ses règlements furent appliqués par la suite au fameux monastère palestinien de Saint-Sabbas ; de là ils passèrent par la suite au monastère constantinopolitain du Studion, lequel diffusa les usages liturgiques palestiniens dans le monde byzantin. Aussi est-ce à bon droit qu’on peut le considérer comme l’un des pères du rit byzantin, lequel a largement repris les usages des monastères palestiniens pour la structure de l’office divin.
Saint Euthyme le Grand convertissait beaucoup d’âmes par sa douceur et sa charité. Il disait : “Toute vertu se fortifie par la charité et l’humilité ; mais la charité l’emporte avec l’aide de l’expérience, du temps et de la grâce. C’est par charité que le Verbe de Dieu s’est humilié en se faisant pareil à nous.”
Saint Euthyme est fêté également au 20 janvier dans le Martyrologe romain, voici sa notice :
En Palestine, l’anniversaire de saint Euthyme, abbé ; célèbre par son zèle pour la discipline catholique et par l’éclat de ses miracles, il fut, au temps de l’empereur Marcien, une des gloires de l’Eglise.
Ce dimanche est aussi le dimanche où se lit l’évangile de Zachée, puisque c’est le dernier dimanche après la Pentecôte, avant que ne débute la période du Triode (et de l’Avant-Carême en particulier, qui démarre dans une semaine).
Aux heures
A tierce : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire du vénérable Père. Et maintenant. Theotokion de tierce. Kondakion : du dimanche.
A sexte : Tropaire du dimanche. Gloire au Père. Tropaire du vénérable Père. Et maintenant. Theotokion de sexte. Kondakion : du vénérable Père.
Tropaires des Béatitudes : 6 tropaires du dimanche, ton 7, & 4 tropaires de la 3ème ode des deux canons du Vénérable Père, le premier étant l’œuvre de saint Jean Damascène (676 † 749), le second de saint Théophane le Marqué, l’Hymnographe, métropolite de Nicée (c. 778 † 845) :
1. Souviens-toi de nous, Christ Sauveur du monde, * comme sur la croix tu t’es souvenu du bon Larron, * & rends-nous dignes, seul Seigneur compatissant, ** d’avoir tous notre part en ton royaume, dans les cieux.
2. Adam, écoute, avec Eve, réjouis-toi, * car celui qui jadis vous dépouilla tous les deux * & dont la ruse nous rendit captifs ** est anéanti par la Croix du Christ.
3. Sur l’arbre de la croix, Sauveur, tu acceptas d’être cloué * pour sauver Adam de la malédiction méritée sous l’arbre défendu * et lui rendre la ressemblance à ton image, Dieu de bonté, ** ainsi que le bonheur d’habiter le Paradis.
4. En ce jour le Christ est ressuscité du tombeau, * à tout fidèle accordant l’incorruptible vie ; * aux Myrrophores il donne l’annonce de la joie ** après ses Souffrances & sa divine Résurrection.
5. Sages Myrrophores, réjouissez-vous * qui les premières avez vu la Résurrection du Christ * & qui à ses Apôtres avez annoncé ** la restauration du monde entier.
6. Vous les Apôtres, amis du Christ en cette vie * & destinés à partager son trône dans la gloire du ciel, * comme Disciples intercédez auprès de lui ** pour que sans crainte devant son trône nous puissions nous présenter.
7. La mère qui t’enfanta, * imitatrice d’Anne, t’offrit * comme jadis Samuel * en sacrifice vivant ** au Dieu te glorifiant dès avant ta conception.
8. Enflammé par l’ardeur * de ton amour pour Dieu, * vénérable Père, tu maîtrisas * par ta piété les passions ; ** aussi la divine grâce a reposé en toi.
9. Né de la stérilité, * tu fus le jardinier aux-enfants-très-nombreux * de la fécondité spirituelle, * retranchant les épines de l’impiété ** et répandant le bon grain de la foi.
10. Père théophore, devenu * le serviteur des mystères sacrés * et des merveilles surnaturelles, * tu portas divinement les infidèles à croire au Christ ** par tes enseignements qui leur offraient beaucoup mieux.
A la petite entrée :
1. Tropaire du dimanche, ton 8 : Tu es descendu des hauteurs, ô Plein de bonté ! * Tu as accepté l’ensevelissement de trois jours, * afin de nous délivrer de nos passions, ** ô notre Vie et notre Résurrection, Seigneur, gloire à toi !
2. Tropaire du vénérable Père, ton 4 : Réjouis-toi, stérile désert, * rayonne d’allégresse, toi qui n’as pas connu les douleurs, * car l’homme des désirs spirituels * a multiplié tes enfants, * les faisant croître dans la foi, * les nourrissant de tempérance pour la perfection des vertus. * Christ Dieu, par ses prières ** pacifie notre vie.
3. Gloire au Père, & au Fils, & au Saint-Esprit.
5. Kondakion du vénérable Père, ton 8 : En ton auguste naissance la création trouva la joie, * en ta divine mémoire elle évoque le bonheur, vénérable Père, * de tes miracles nombreux * auxquels nous te prions de nous faire participer d’abondante façon ** en purifiant la souillure de nos péchés afin que nous chantions : Alleluia !
6. Et maintenant, & toujours, & dans les siècles des siècles. Amen.
7. Kondakion du dimanche, ton 8 : Ressuscité du tombeau, Tu as relevé les morts * et ressuscité Adam ; * Eve exulte en ta résurrection ** et les confins du monde célèbrent ** ta résurrection d’entre les morts, ô Très- miséricordieux.
Prokimen
Du dimanche, ton 8 :
℟. Prononcez des vœux et accomplissez-les pour le Seigneur, notre Dieu (Psaume 75, 12).
℣. Dieu est connu en Judée, en Israël son Nom est grand (Psaume 75, 2).
Du vénérable Père, ton 7 :
℟. Elle a du prix aux yeux du Seigneur, la mort de ses serviteurs (Psaume 115, 5).
Epîtres
Du dimanche : 1 Timothée (§ 285) IV, 9-15. (du XXXIIème dimanche).
Ne négligez pas la grâce qui est en vous, qui vous a été donnée, suivant une révélation prophétique, par l’imposition des mains des prêtres.
Du vénérable Père : Hébreux (§ 335) XIII, 17-21.
Obéissez à vos conducteurs, et soyez soumis à leur autorité : car ce sont eux qui veillent pour vos âmes, comme devant en rendre compte : afin qu’ils s’acquittent de ce devoir avec joie, et non en gémissant ; ce qui ne vous serait pas avantageux.
Alleluia
Du dimanche, ton 8 :
℟. Prononcez des vœux et accomplissez-les pour le Seigneur, notre Dieu (Psaume 75, 12).
℣. Dieu est connu en Judée, en Israël son Nom est grand (Psaume 75, 2).
Du vénérable Père, ton 6 :
℣. Bienheureux l’homme qui craint le Seigneur, et qui a une grande affection pour ses commandements (Psaume 111, 1).
Evangiles
Du dimanche : Luc (§ 94) XIX, 1-10. (du XXXIIème dimanche, de Zachée).
Car le Fils de l’homme est venu pour chercher et pour sauver ce qui était perdu.
Du vénérable Père : Luc (§ 24) VI, 17–23.
Et tout le peuple tâchait de le toucher, parce qu’il sortait de lui une vertu qui les guérissait tous.
Verset de communion
Du dimanche : Louez le Seigneur du haut des cieux, louez-le au plus haut des cieux. (Psaume 148, 1).
Du Vénérable Père : La mémoire du juste sera éternelle (Psaume 111, 6). Alleluia, alleluia, alleluia.