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La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Charles de Courbes – Christe qui lux es et dies – Hymne du Carême, à complies

Charles de Courbes (c. 1580 † ap. 1628), esleu & lieutenant particulier, organiste de l’église Saint-Sauveur de Paris.
Christe qui lux es et dies – HYMN. ad completorium in Quadrages. Traduction de l’autheur.
4 voix (SATB).
4 pages.

“L’amateur” éclairé que fut le Sieur de Courbes, élu & lieutenant particulier (qui fut néanmoins à la fin de sa vie organiste de l’église Saint-Sauveur de Paris), publie ses compositions chez Pierre Ballard en 1622 : “Cantiques spirituels nouvellement mis en musique à IIII, V, VI, VII et VIII parties”. Une bonne part de cet ouvrage est consacrée à la mise en musique d’hymnes de l’Eglise, lesquelles peuvent se chanter sur leur texte latin aussi bien que sur une traduction réalisée par l’auteur. Influencées par la chanson française, les hymnes de Charles de Courbes témoignent aussi de l’aspiration générale à plus de clarté dans les compositions musicales liturgiques qui se fait jour après le Concile de Trente. Elles reflètent également les spéculations rythmiques conduites quelques années auparavant par les auteurs de la Pléiade et par Jean-Antoine de Baïf en particulier.

Charles de Courbes met ici en musique à quatre voix l’hymne antique Christe qui lux es et dies, hymne chantée aux complies de Carême, selon l’ancien rit parisien. Vous trouverez sur notre site l’histoire liturgique et musicale de cette hymne.

Charles de Courbes utilise toujours le matériel préexistant du plain-chant comme substrat pour écrire ses hymnes, de sorte que sa musique peut être également utilisée en alternance avec celle du plain-chant. Ici, l’auteur choisit le ton de sol mineur, la transcription la plus fréquente sous l’Ancien Régime pour noter le second ton ecclésiastique. Et en effet, la mélodie parisienne (de faite en usage un peu partout en France) de Christe qui lux et dies est en effet un second ton ecclésiastique.

Voici la traduction française des élégants dimètres iambiques de Christe qui lux es et dies réalisée par Charles de Courbes et insérée dans l’édition de ses œuvres musicales en 1622 :

Christe qui lux es & dies,
Noctis ténebras détegis,
Lucísque lumen créderis,
Lumen beátum prædicans.
Christ lumière, & jour apparent,
Toutes ténèbres découvrant,
Qui, splendeur de splendeur, est né,
Prêchant la divine clarté.
Precámur, sancte Dómine,
Defénde nos in hac nocte :
Sit nobis in te réquies,
Quiétam noctem tríbue.
Tres-saint Seigneur, doux Jésus-Christ,
Défend-nous durant cette vie :
Si bien qu’en toi ayons repos,
Et douce vie par ton saint laus.
Ne gravis somnus írruat,
Nec hostis nos surrípiat :
Nec caro illi conséntiens
Nos tibi reos státuat.
Non d’un tel profond somme épris,
Que de Satan fussions surpris :
Notre chair n’adhère à ses faits,
Qu’à toi ne nous accuse, infects.
Oculi somnum cápiant,
Cor ad te semper vígilet :
Déxtera tua prótegat
Fámulos qui te díligunt.
Que si notre œil est sommeillant,
Le coeur soit à toi surveillant :
Ta dextre soit l’appui constant,
De tes élus qui t’aiment tant.
Defénsor noster, áspice,
Insidiántes réprime :
Gubérna tuos fámulos
Quos sánguine mercátus es.
Sois donc notre bon défenseur,
Réprime des malins le cœur,
Régi tes servants affectés,
Que par ton sang as rachetés.
Meménto nostri, Dómine,
In gravi isto córpore :
Qui es defénsor ánimæ,
Adesto nobis, Dómine.
O Seigneur, souviens toi de nous,
En ce corps grave & si reboux,
Toi, de nos âmes, défenseur,
Assiste-nous, ô cher Sauveur.
Deo Patri sit glória,
Ejusque soli Fílio,
Cum Spirítu Paráclito,
Et nunc et in perpétuum. Amen.
A Dieu le Père soit honneur,
Et à son Fils notre Seigneur,
Au Saint Esprit semblablement,
Ores & perdurablement. Amen.

Les premières mesures de cette partition :

Christe qui lux es et dies - hymne de Complies en Carême - musique de Charles de Courbes

Notre partition présente les sept strophes notées à la suite sous la polyphonie de Charles de Courbes. Toutefois, afin d’éviter qu’une monotonie ne s’installe en chantant les sept strophes sur la même polyphone, nous conseillons d’alterner la polyphonie de Charles de Courbes avec le plain-chant grégorien utilisé dans les livres parisiens depuis le heut Moyen-Age. Nous vous offrons également une réduction des voix au clavier pour faciliter éventuellement l’accompagnement de cette partition.

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Charles de Courbes, Christe qui lux es et dies – partition de chœur avec toutes les strophes notées sous la même polyphonie
Charles de Courbes, Christe qui lux es et dies – partition d’accompagnement à l’orgue, avec réduction des quatre parties vocales

 

Programme du second dimanche de Carême

Pietro Perugino : La Transfiguration de Notre Seigneur (1496)Saint-Eugène, le dimanche 17 mars 2019, grand’messe de 11h. Conférence de Carême de M. l’Abbé Iborra, vicaire, à 17h : Les sept péchés capitaux – 2nde partie : l’avarice. Secondes vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h45.

> Catéchisme sur le Carême

Le second Dimanche de Carême est appelé Reminiscere, du premier mot de l’Introït de la Messe, et quelquefois aussi le Dimanche de la Transfiguration, à cause de l’Évangile qui y est lu.

La messe de ce dimanche est d’introduction relativement récente : il n’y avait pas primitivement de messe dominicale ce dimanche, car c’était la longue messe du samedi des Quatre-Temps de Carême qui en tenait lieu, laquelle commençait le samedi après none et durait une bonne partie de la nuit (on y faisait les ordinations aux ordres ecclésiastiques). De ce fait, les pièces de la messe de ce dimanche sont empruntées à d’autres jours : l’introït Reminiscere provient de la messe du Mercredi des Quatre-Temps de Carême, de même que le graduel Tribulationes cordis mei, l’offertoire Meditabor in mandatis tuis et l’antienne de communion Intellige clamorem. L’évangile de la Transfiguration est repris de la messe du Samedi des Quatre-Temps de la veille. La secrète est la même qu’au IVème dimanche de l’Avent et la Postcommunion est reprise du dimanche de la Sexagésime.

Longtemps, le rit romain et ses variantes n’ont pas connu d’autre fête de la Transfiguration que ce dimanche (ou plus précisément ce Samedi des Quatre-Temps). Les homélies de saint Léon Ier le Grand sur la Transfiguration, prononcées en cette nuit à Saint-Pierre à la messe du Samedi des Quatre-Temps, sont un vrai chef-d’œuvre et indiquent également les raisons pour lesquelles l’Eglise de Rome a placé la Transfiguration pendant le Carême.

Au cours du Moyen-Age, à l’instar des Orientaux, plusieurs Eglises d’Occident se mirent à célébrer distinctement une fête de la Transfiguration le 6 août, date choisie pour son parallélisme avec l’Epiphanie le 6 janvier (la Transfiguration constituant également une épiphanie de fait). Rome ne s’y décida qu’en 1456, en mémoire de l’éclatante victoire de la levée du siège de Belgrade, remportée sur les Ottomans. La composition de l’office de la Transfiguration (au 6 août) est attribuée au pape Callixte III qui avait convoqué à cette occasion une croisade de prières contre les ennemis de la Foi.

La station de ce jour, à Rome, est dans l’Église de Sainte-Marie in Domenica, sur le mont Cœlius. Cette station est assez récente, il s’agissait à l’origine de l’antique Diaconie où présidait saint Laurent, et dans laquelle il distribuait les aumônes de l’Église.

A la sainte messe :

Conférence de Carême de l’Abbé Iborra, vicaire : Les sept péchés capitaux – 2nde partie : l’avarice.

IIndes vêpres du IInd dimanche de Carême. Au salut du Très-Saint Sacrement :

  • Motet d’exposition : O salutaris Hostia – sur le ton de l’hymne du Carême, Audi benigne Conditor – IInd ton
  • A la Bienheureuse Vierge Marie : Ave Regina cœlorum – VIème ton
  • Prière pour Notre Saint Père le Pape : Oremus pro Pontifice nostro
  • A la bénédiction du Très-Saint Sacrement : Tantum ergo – Ier ton, sur le ton de Pange lingua gloriosi prœlium certaminis
  • Chant final, d’action de grâces : Hymne Christe qui lux es & dies – Antique hymne du Carême, à complies – IInd ton

Télécharger le livret de cette messe au format PDF.
Télécharger le livret des chants des dimanches de la Septuagésime aux Rameaux au format PDF.
Télécharger le livret des IIndes vêpres du dimanche.
Télécharger le livret du propre des IIndes vêpres et du salut du second dimanche de Carême.

Rit parisien – Hymne Christe qui lux es & dies – complies de Carême

L’évangile de la Transfiguration, qui a été lu hier samedi à la messe des Quatre-Temps de Carême et repris ce matin à la messe du IInd dimanche de Carême, m’offre l’opportunité de vous présenter une antique hymne de complies glorifiant le Christ, Lumière du monde : Christe qui lux es et dies.

Cette hymne, Christe qui lux es et dies, fut au Moyen-Age l’hymne chantée pour les complies durant le Carême, mais elle n’a pas été retenue par le Bréviaire Romain. Il faut rappeler ici, ainsi que le suggère le mot lui-même, que le Bréviaire représente une abréviation de l’ancien office choral, afin de faire tenir celui-ci en un seul livre facile à transporter avec soi. Cette abréviation s’est faite principalement selon deux axes : d’une part en réduisant drastiquement la longueur des leçons des matines, d’autre part en diminuant radicalement la grande variété d’antiennes, d’hymnes et de répons qui existaient dans les livres de chœur plus anciens. Le Bréviaire Romain – dont la réalisation première paraît être le fait de clercs de la chapelle pontificale sous Innocent III (1198 – 1216) – a ainsi – par exemple – considérablement simplifié l’office de complies (qui ne varie presque plus et reste quasi identique toute l’année), tout comme celui des vêpres, surtout en Carême (les jours de fête, des antiennes spéciales existaient autrefois pour les psaumes des vêpres ; le bréviaire romain reprend en général les antiennes des laudes ces jours-là ; les antiennes propres au Carême disparaissent au profit de celles des vêpres communes). Cette abréviation est vraiment radicale si on compare le Bréviaire romain tel qu’il est né au XIIIème siècle avec le plus ancien témoin complet de l’office, l’Antiphonaire de Compiègne datant du IXème siècle, dans lequel il existe parfois une bonne dizaine d’antiennes au choix pour telle ou telle pièce de l’office.

Toutefois, si cette hymne des complies qui nous occupe – Christe qui lux es & dies – n’a pas été reçue dans le Bréviaire romain, elle a été conservée plus longtemps par un grand nombre de rites et d’usages diocésains ou religieux (e.g. Sarum, Worcester, Paris, Cambrai, Tours, Utrecht, Tongres, Salzbourg, Aix-la-Chapelle, Mayence, Trèves, Esztergom, Benevent, Dominicain, Augustinien, etc.), généralement pour le Carême. Cette large diffusion peut s’expliquer, à mon avis par la vénérable antiquité de cette hymne. En effet, Christe qui lux es et dies est déjà citée dans la Règle des Vierges écrite aux alentours de l’an 500 par saint Césaire d’Arles, où elle était déjà assignée aux complies durant toute l’année (à l’exception du temps pascal pendant lequel elle est remplacée par Christe precamur annue). Ce très beau texte a longtemps été attribué à saint Ambroise (cf. Pat. Lat. 17, 1176-1177), malheureusement son véritable auteur demeure inconnu. La construction rythmique est cependant la même que celle des hymnes de saint Ambroise.

L’adoption de la liturgie romaine dans l’Empire carolingien s’accompagna d’une diffusion généralisée de la Règle de saint Benoît, par suite d’un canon du Concile d’Aix-la-Chapelle tenu en 817 sous Louis Le Pieux.

111. Ut officium juxta quod in regula sancti Benedicti continetur celebrent monachi.
(cf. Labbe, Concilia, t. VII, c. 1505; Baluze, Capitul., I, c. 579).

On assista alors à cette époque à une fusion significative de l’hymnaire bénédictin d’origine italienne (où l’hymne assignée à complies durant l’année est Te lucis ante terminum) & du vieil hymnaire gallican, ainsi que le montre plusieurs manuscrits de ce temps. Par exemple, le manuscrit 2106 de Darmstadt (qui peut être du des VIIIème et IXème siècles) donne au choix : “Ad completorium Christe qui lux es et dies, item ad completorium Te lucis ante terminum”. Saint Ethelwold, évêque de Winchester, dispose la même ordonnance dans sa règle monastique de 963.

Par la suite, l’usage commun dans l’espace carolingien fut de garder la vieille hymne bénédictine Te lucis ante terminum aux complies durant l’année, et d’assigner Christe qui lux es & dies aux complies de Carême.

C’est l’usage par exemple de Paris, et celui conservé jusqu’à nos jours par l’Ordre dominicain.

Le chant de Christe qui lux es & dies est construit autour de la tierce mineure (ré-fa) du second ton ecclésiastique, cette mélodie calme et méditative introduit parfaitement à la douce intériorité que le texte appelle. Voici le chant de cette hymne d’après le grand antiphonaire de chœur de Notre-Dame de Paris daté des alentours de l’an 1300 :

Voici une traduction française des élégants dimètres iambiques de Christe qui lux es et dies d’après Charles de Courbes en 1622 :

Christe qui lux es & dies,
Noctis ténebras détegis,
Lucísque lumen créderis,
Lumen beátum prædicans.
Christ lumière, & jour apparent,
Toutes ténèbres découvrant,
Qui, splendeur de splendeur, est né,
Prêchant la divine clarté.
Precámur, sancte Dómine,
Defénde nos in hac nocte :
Sit nobis in te réquies,
Quiétam noctem tríbue.
Tres-saint Seigneur, doux Jésus-Christ,
Défend-nous durant cette vie :
Si bien qu’en toi ayons repos,
Et douce vie par ton saint laus.
Ne gravis somnus írruat,
Nec hostis nos surrípiat :
Nec caro illi conséntiens
Nos tibi reos státuat.
Non d’un tel profond somme épris,
Que de Satan fussions surpris :
Notre chair n’adhère à ses faits,
Qu’à toi ne nous accuse, infects.
Oculi somnum cápiant,
Cor ad te semper vígilet :
Déxtera tua prótegat
Fámulos qui te díligunt.
Que si notre œil est sommeillant,
Le coeur soit à toi surveillant :
Ta dextre soit l’appui constant,
De tes élus qui t’aiment tant.
Defénsor noster, áspice,
Insidiántes réprime :
Gubérna tuos fámulos
Quos sánguine mercátus es.
Sois donc notre bon défenseur,
Réprime des malins le cœur,
Régi tes servants affectés,
Que par ton sang as rachetés.
Meménto nostri, Dómine,
In gravi isto córpore :
Qui es defénsor ánimæ,
Adesto nobis, Dómine.
O Seigneur, souviens toi de nous,
En ce corps grave & si reboux,
Toi, de nos âmes, défenseur,
Assiste-nous, ô cher Sauveur.
Deo Patri sit glória,
Ejusque soli Fílio,
Cum Spirítu Paráclito,
Et nunc et in perpétuum. Amen.
A Dieu le Père soit honneur,
Et à son Fils notre Seigneur,
Au Saint Esprit semblablement,
Ores & perdurablement. Amen.

Le chant Dominicain est quasiment le même que le Parisien, avec une seule note qui diffère : ré au lieu de do au commencement du second verset (et aussi la périélèse à la fin de l’intonation, tradition parisienne typique). On trouverait, en comparant ces deux traditions liturgiques & musicales, de nombreux autres points de contacts. Voici le chant tel qu’il est noté dans le Completorium de Suarez de 1949. Notez la génuflexion sur le chant du verset “Quos sanguine mercatus es” :

Le chant de Sarum est en ligne sur l’excellent site web Music of the Sarum Rite, page 855 :

Plusieurs compositeurs ont laissé de la musique pour cette hymne : citons Eustache du Caurroy, Charles de Courbes ou encore William Byrd. Voici les très belles alternances polyphoniques écrites par le catholique anglais Robert White (c. 1538 † 1574), chantées ici avec le plain-chant de Sarum :

Une autre version par le même compositeur :

http://youtu.be/3xGDGvgmseY