Vous êtes chanteurs ou instrumentistes et vous souhaitez vous engager au service de la liturgie traditionnelle, n’hésitez pas à nous rejoindre !

La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Programme de la supplication des Litanies majeures

Procession des Litanies majeures : le Pape saint Grégoire le Grand a la vision de saint Michel Archange sur le Château Saint-Ange remettant son glaive au fourreau, marquant la fin de l'épidémie de peste à Rome.
Procession des Litanies majeures : le Pape saint Grégoire le Grand a la vision de saint Michel Archange sur le Château Saint-Ange remettant son glaive au fourreau, marquant la fin de l’épidémie de peste à Rome.
Saint-Eugène, le jeudi 25 avril 2024, procession des Litanies majeures et grand’messe de 19h.

A partir de novembre 589, une terrible épidémie de peste frappe la ville de Rome, provoquant la mort de nombreux habitants, et en premier lieu celle du pape Pélage II lui-même qui meurt le 7 février 590 des soins qu’il avait apporté aux malades. Son successeur n’est autre que le Pape saint Grégoire le Grand (590 † 604). Celui réorganise la grande procession des Litanies Majeures (qui existait avant son pontificat) et la fixe au 25 avril, à la date d’une ancienne fête célébrant l’entrée de saint Pierre à Rome (fête encore présente dans le Sacramentaire Léonien (notons que la fixation de la fête de saint Marc, Evangéliste et secrétaire de saint Pierre, à la même date du 25 avril n’interviendra que plus tard, à partir des VIIIème – IXème siècles en se superposant aux Litanies majeures).

Voici en quels termes, au témoignage de saint Grégoire de Tours, le Pape saint Grégoire le Grand, à peine élu (il ne fut sacré que le 3 septembre suivant) convoqua une litanie septénaire spéciale qui laissa dans l’histoire un souvenir fameux :

Il nous faut, bien-aimés frères, quand nous n’avons pas su les prévenir, craindre du moins les fléaux de Dieu lorsqu’ils nous accablent. Que la douleur nous ouvre la porte de la conversion ; que la peine qui nous frappe brise le rocher de nos cœurs. “Le glaive, comme dit Jérémie, pénètre aujourd’hui jusqu’à l’âme.” (Jérémie IV, 10).

Sous le coup des célestes vengeances, voilà que tout le peuple est frappé, et chacun est enlevé instantanément. La maladie ne précède pas la mort ; aucun avant-coureur : la mort est sa propre messagère ; vous le voyez, elle ne s’annonce qu’en foudroyant. Pas même entre elle et le pécheur le temps du repentir. Songez en quel état parait devant son juge le malheureux qui n’a pas eu une seconde pour pleurer ses fautes. Hélas ! ce ne sont pas des victimes isolées, c’est tout le peuple qui succombe. Les maisons restent vides, les pères voient mourir leurs enfants ; l’héritier précède dans la tombe ceux qui voulaient lui laisser leurs biens. C’est donc maintenant qu’il nous faut nous réfugier dans la pénitence, puisque nous pouvons encore pleurer avant que la mort ne frappe. Remettons sous les yeux de notre âme la suite de nos égarement ; effaçons dans les larmes la trace de nos iniquités. “Prévenons dans la confession du délut la face du juge.” (Psaume XCII, 2). “Elevons vers Dieu nos cœurs avec nos mains.” (Lamentations III, 41). Qu’est-ce à dire : “Elever à Dieu le cœur avec les mains ?” sinon soutenir la ferveur de nos prières par le mérite des bonnes œuvres. Il donne, ce grand Dieu, il donne à nos terreurs une pleine confiance, quand il nous dit par la bouche du prophète : “Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse & qu’il vive.” (Ezéchiel XXXIII, 1).

Donc, que nul ne désespère, quelle que soit l’énormité de ses forfaits. Ninive avait croupi des siècles dans la fange de ses crimes. Trois jours de pénitence sauvèrent Ninive. Et le larron converti sur la croix, eut-il besoin, pour entendre la sentence de vie éternelle, de plus de temps qu’il n’en faut pour mourir ? Changeons le fond de nos cœurs, cela suffit pour nous donner la certitude que nous avons déjà reçu ce que nous demandons? Notre juge ne demande, pour révoquer la sentance de mort, que de nous voir à ses pieds suppliants et convertis. Ainsi, bien aimés frères, ouvrons nos cœurs à la contrition et nos mains aux bonnes œuvres.

Une litanie septiforme, grande manifestation de notre douleur, de nos vœux et de notre repentir, aura lieu au point du jour, le matin de Pâques. Venez-y tous mêler vos larmes aux nôtres, et apporter à notre Dieu le tribut de votre dévotion. Que tous les travaux des champs, que tout négoce soit interrompu. Le rendez-vous général sera l’église de la sainte Mère de Dieu, où tous ensemble, déplorant nos fautes, nous supplierons le souverain juge de désarmer sa colère. Les sept diverses litanies partiront pour s’y rendre, celle des clercs, de l’église Saint-Jean-Baptiste ; celle des hommes, de l’église Saint-Etienne ; celle des veuves, de l’église Saint-Vital ; celle des pauvres & des enfants, de l’église de Sainte-Cécile. (in saint Grégoire de Tours, Histoire des Francs, lib. X, cap. 1 – cf aussi Saint Grégoire le Grand, Opera omnia, Patrologie Latine, tome LXXVI, col. 1312).

Procession de saint Grégoire - Litanies majeures
Procession de saint Grégoire – Litanies majeures.

Cette procession, une fois réunie pour la collecte à Sainte-Marie Majeure, se dirigea vers Saint-Pierre-du-Vatican pour y faire la station, elle fut conduite par saint Grégoire, qui marchait pieds nus sous le sac et la cendre, et est alors marquée selon la tradition par plusieurs miracles :

  • Une image de la Bienheureuse Vierge Marie (probablement la fameuse icône Salus Populi Romani rapportée à Rome par l’impératrice sainte Hélène et conservée à Sainte-Marie-Majeure jusqu’à aujourd’hui) était portée dans la procession et son passage éteignait les miasmes de la peste.
  • Les Anges firent entendre cette louange à la Mère de Dieu tandis que la procession traversait le Tibre en face du Mausolée d’Hadrien :

    Regina cœli lætare, alleluia,
    Quia quem meruisti portare, alleluia,
    Resurrexit sicut dixit, alleluia.


    À quoi le pape saint Grégoire le Grand ajouta :

    Ora pro nobis Deum, alleluia.

  • Alors que la procession s’approchait de la basilique Saint-Pierre du Vatican pour que le pape y célèbre la messe de la station, saint Grégoire vit apparaître, sur le Mausolée d’Hadrien saint Michel Archange qui remettait son glaive au fourreau, signifiant la cessation de l’épidémie. En commémoraison de cette vision, une chapelle dédiée à saint Michel Archange fut dédiée dans ce monument de l’antiquité par le pape Boniface IV (608 † 615), et depuis l’édifice fut renommé Château Saint-Ange.

Cette fameuse procession eut lieu toutefois le jour de Pâques, qui tombait alors le 26 mars 590, et non le 25 avril. Il parait assuré que la supplication des Litanies Majeures existait à Rome avant saint Grégoire le Grand, mais à une date qui n’était pas encore fixe chaque année. Il semblerait que pour commémorer le souvenir de la fameuse procession effectuée le jour de Pâques 590, saint Grégoire ait fixé les Litanies Majeures à une date annuelle fixe – le 25 avril, qui est la date la plus extrême à laquelle Pâques peut survenir (et est aussi, comme nous l’avons dit, la date de l’ancienne fête romaine de l’entrée à Rome de saint Pierre) : cela présentait l’avantage de la faire tomber toujours dans le Temps pascal (les antiennes processionnelles de pénitence qu’on chantaient autrefois à cette procession bien avant saint Grégoire se terminent systématiquement dès lors de façon assez surprenante par Alléluia – voyez par exemple l’antienne De Jerusalem exiunt).

Statue de l'archange saint Michel sur le Château Saint-Ange par Peter Anton von Verschaffelt.
Statue de l’archange saint Michel sur le Château Saint-Ange par Peter Anton von Verschaffelt.

A la messe :

  • Kyrie des féries de Carême et d’Avent au propre de Paris
  • Epître : Jacques V, 16-20 : Et la prière de la foi sauvera le malade ; le Seigneur le soulagera ; et s’il a commis des péchés, ils lui seront remis.
  • Evangile : Luc XI, 5-13 : Si donc vous, étant méchants comme vous êtes, vous savez néanmoins donner de bonnes choses à vos enfants ; à combien plus forte raison votre Père qui est dans le ciel, donnera-t-il le bon Esprit à ceux qui le lui demandent ?
  • Pendant les encensements de l’offertoire : Litanies de saint Martin – texte compose par saint Martin, évêque de Tours (c. 316 † 397) – mélodie du processionnal de Laon (édition de 1755)
  • Sanctus XVIII
  • Après la Consécration : O salutaris sur le ton de l’hymne pascale Ad cœnam Agni providi
  • Agnus Dei XVIII
  • Pendant la communion :
    • Regina cœli – antienne à la Bienheureuse Vierge Marie durant le temps pascal – selon la tradition, cette antienne fut chantée pour la première fois par saint Grégoire le Grand alternant avec des chœurs angéliques lors de la première procession des Litanies majeures survenue le 25 avril 590 – chant alternatif, du Ier ton (sans doute plus ancien que celui du VIème ton)
    • Deprecamur te, Domine – antique antienne processionnelle pour les Litanies Majeures, au-trefois en usage à Rome et restée en usage dans le rit parisien – chant : Missale Parisiense de Notre-Dame, c. 1225 – c’est au chant de cette antienne, bannière et croix de procession en tête, que saint Augustin de Cantorbéry et ses 40 compagnons commencèrent la Mission d’évangélisation de l’Angleterre et entrèrent dans la cité de Cantorbéry en l’an 597 pour se présenter au roi Æthelberht du Kent
  • Benedicamus Domino XVIII
  • Au dernier Evangile : Regina cœli
  • Procession de sortie : De Jerusalem exiunt – antique antienne processionnelle pour les Litanies Majeures, autrefois en usage à Rome et restée en usage dans le rit parisien – chant : Missale Parisiense de Notre-Dame, c. 1225

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Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi
Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi (Musées du Vatican).

Programme de la supplication des Litanies majeures

Procession des Litanies majeures : le Pape saint Grégoire le Grand a la vision de saint Michel Archange sur le Château Saint-Ange remettant son glaive au fourreau, marquant la fin de l'épidémie de peste à Rome.
Procession des Litanies majeures : le Pape saint Grégoire le Grand a la vision de saint Michel Archange sur le Château Saint-Ange remettant son glaive au fourreau, marquant la fin de l’épidémie de peste à Rome.
Saint-Eugène, le mardi 25 avril 2023, procession des Litanies majeures et grand’messe de 19h (Mémoire de saint Marc, Evangéliste & Martyr).

A partir de novembre 589, une terrible épidémie de peste frappe la ville de Rome, provoquant la mort de nombreux habitants, et en premier lieu celle du pape Pélage II lui-même qui meurt le 7 février 590 des soins qu’il avait apporté aux malades. Son successeur n’est autre que le Pape saint Grégoire le Grand (590 † 604). Celui réorganise la grande procession des Litanies Majeures (qui existait avant son pontificat) et la fixe au 25 avril, à la date d’une ancienne fête célébrant l’entrée de saint Pierre à Rome (fête encore présente dans le Sacramentaire Léonien (notons que la fixation de la fête de saint Marc, Evangéliste et secrétaire de saint Pierre, à la même date du 25 avril n’interviendra que plus tard, à partir des VIIIème – IXème siècles en se superposant aux Litanies majeures).

Voici en quels termes, au témoignage de saint Grégoire de Tours, le Pape saint Grégoire le Grand, à peine élu (il ne fut sacré que le 3 septembre suivant) convoqua une litanie septénaire spéciale qui laissa dans l’histoire un souvenir fameux :

Il nous faut, bien-aimés frères, quand nous n’avons pas su les prévenir, craindre du moins les fléaux de Dieu lorsqu’ils nous accablent. Que la douleur nous ouvre la porte de la conversion ; que la peine qui nous frappe brise le rocher de nos cœurs. “Le glaive, comme dit Jérémie, pénètre aujourd’hui jusqu’à l’âme.” (Jérémie IV, 10).

Sous le coup des célestes vengeances, voilà que tout le peuple est frappé, et chacun est enlevé instantanément. La maladie ne précède pas la mort ; aucun avant-coureur : la mort est sa propre messagère ; vous le voyez, elle ne s’annonce qu’en foudroyant. Pas même entre elle et le pécheur le temps du repentir. Songez en quel état parait devant son juge le malheureux qui n’a pas eu une seconde pour pleurer ses fautes. Hélas ! ce ne sont pas des victimes isolées, c’est tout le peuple qui succombe. Les maisons restent vides, les pères voient mourir leurs enfants ; l’héritier précède dans la tombe ceux qui voulaient lui laisser leurs biens. C’est donc maintenant qu’il nous faut nous réfugier dans la pénitence, puisque nous pouvons encore pleurer avant que la mort ne frappe. Remettons sous les yeux de notre âme la suite de nos égarement ; effaçons dans les larmes la trace de nos iniquités. “Prévenons dans la confession du délut la face du juge.” (Psaume XCII, 2). “Elevons vers Dieu nos cœurs avec nos mains.” (Lamentations III, 41). Qu’est-ce à dire : “Elever à Dieu le cœur avec les mains ?” sinon soutenir la ferveur de nos prières par le mérite des bonnes œuvres. Il donne, ce grand Dieu, il donne à nos terreurs une pleine confiance, quand il nous dit par la bouche du prophète : “Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse & qu’il vive.” (Ezéchiel XXXIII, 1).

Donc, que nul ne désespère, quelle que soit l’énormité de ses forfaits. Ninive avait croupi des siècles dans la fange de ses crimes. Trois jours de pénitence sauvèrent Ninive. Et le larron converti sur la croix, eut-il besoin, pour entendre la sentence de vie éternelle, de plus de temps qu’il n’en faut pour mourir ? Changeons le fond de nos cœurs, cela suffit pour nous donner la certitude que nous avons déjà reçu ce que nous demandons? Notre juge ne demande, pour révoquer la sentance de mort, que de nous voir à ses pieds suppliants et convertis. Ainsi, bien aimés frères, ouvrons nos cœurs à la contrition et nos mains aux bonnes œuvres.

Une litanie septiforme, grande manifestation de notre douleur, de nos vœux et de notre repentir, aura lieu au point du jour, le matin de Pâques. Venez-y tous mêler vos larmes aux nôtres, et apporter à notre Dieu le tribut de votre dévotion. Que tous les travaux des champs, que tout négoce soit interrompu. Le rendez-vous général sera l’église de la sainte Mère de Dieu, où tous ensemble, déplorant nos fautes, nous supplierons le souverain juge de désarmer sa colère. Les sept diverses litanies partiront pour s’y rendre, celle des clercs, de l’église Saint-Jean-Baptiste ; celle des hommes, de l’église Saint-Etienne ; celle des veuves, de l’église Saint-Vital ; celle des pauvres & des enfants, de l’église de Sainte-Cécile. (in saint Grégoire de Tours, Histoire des Francs, lib. X, cap. 1 – cf aussi Saint Grégoire le Grand, Opera omnia, Patrologie Latine, tome LXXVI, col. 1312).

Procession de saint Grégoire - Litanies majeures
Procession de saint Grégoire – Litanies majeures.

Cette procession, une fois réunie pour la collecte à Sainte-Marie Majeure, se dirigea vers Saint-Pierre-du-Vatican pour y faire la station, elle fut conduite par saint Grégoire, qui marchait pieds nus sous le sac et la cendre, et est alors marquée selon la tradition par plusieurs miracles :

  • Une image de la Bienheureuse Vierge Marie (probablement la fameuse icône Salus Populi Romani rapportée à Rome par l’impératrice sainte Hélène et conservée à Sainte-Marie-Majeure jusqu’à aujourd’hui) était portée dans la procession et son passage éteignait les miasmes de la peste.
  • Les Anges firent entendre cette louange à la Mère de Dieu tandis que la procession traversait le Tibre en face du Mausolée d’Hadrien :

    Regina cœli lætare, alleluia,
    Quia quem meruisti portare, alleluia,
    Resurrexit sicut dixit, alleluia.


    À quoi le pape saint Grégoire le Grand ajouta :

    Ora pro nobis Deum, alleluia.

  • Alors que la procession s’approchait de la basilique Saint-Pierre du Vatican pour que le pape y célèbre la messe de la station, saint Grégoire vit apparaître, sur le Mausolée d’Hadrien saint Michel Archange qui remettait son glaive au fourreau, signifiant la cessation de l’épidémie. En commémoraison de cette vision, une chapelle dédiée à saint Michel Archange fut dédiée dans ce monument de l’antiquité par le pape Boniface IV (608 † 615), et depuis l’édifice fut renommé Château Saint-Ange.

Cette fameuse procession eut lieu toutefois le jour de Pâques, qui tombait alors le 26 mars 590, et non le 25 avril. Il parait assuré que la supplication des Litanies Majeures existait à Rome avant saint Grégoire le Grand, mais à une date qui n’était pas encore fixe chaque année. Il semblerait que pour commémorer le souvenir de la fameuse procession effectuée le jour de Pâques 590, saint Grégoire ait fixé les Litanies Majeures à une date annuelle fixe – le 25 avril, qui est la date la plus extrême à laquelle Pâques peut survenir (et est aussi, comme nous l’avons dit, la date de l’ancienne fête romaine de l’entrée à Rome de saint Pierre) : cela présentait l’avantage de la faire tomber toujours dans le Temps pascal (les antiennes processionnelles de pénitence qu’on chantaient autrefois à cette procession bien avant saint Grégoire se terminent systématiquement dès lors de façon assez surprenante par Alléluia – voyez par exemple l’antienne De Jerusalem exiunt).

Statue de l'archange saint Michel sur le Château Saint-Ange par Peter Anton von Verschaffelt.
Statue de l’archange saint Michel sur le Château Saint-Ange par Peter Anton von Verschaffelt.

A la messe :

  • Kyrie des féries de Carême et d’Avent au propre de Paris
  • Epître : Jacques V, 16-20 : Et la prière de la foi sauvera le malade ; le Seigneur le soulagera ; et s’il a commis des péchés, ils lui seront remis.
  • Evangile : Luc XI, 5-13 : Si donc vous, étant méchants comme vous êtes, vous savez néanmoins donner de bonnes choses à vos enfants ; à combien plus forte raison votre Père qui est dans le ciel, donnera-t-il le bon Esprit à ceux qui le lui demandent ?
  • Pendant les encensements de l’offertoire : Litanies de saint Martin – texte compose par saint Martin, évêque de Tours (c. 316 † 397) – mélodie du processionnal de Laon (édition de 1755)
  • Sanctus XVIII
  • Après la Consécration : O salutaris sur le ton de l’hymne pascale Ad cœnam Agni providi
  • Agnus Dei XVIII
  • Pendant la communion :
    • Regina cœli – antienne à la Bienheureuse Vierge Marie durant le temps pascal – selon la tradition, cette antienne fut chantée pour la première fois par saint Grégoire le Grand alternant avec des chœurs angéliques lors de la première procession des Litanies majeures survenue le 25 avril 590 – chant alternatif, du Ier ton (sans doute plus ancien que celui du VIème ton)
    • Deprecamur te, Domine – antique antienne processionnelle pour les Litanies Majeures, au-trefois en usage à Rome et restée en usage dans le rit parisien – chant : Missale Parisiense de Notre-Dame, c. 1225 – c’est au chant de cette antienne, bannière et croix de procession en tête, que saint Augustin de Cantorbéry et ses 40 compagnons commencèrent la Mission d’évangélisation de l’Angleterre et entrèrent dans la cité de Cantorbéry en l’an 597 pour se présenter au roi Æthelberht du Kent
  • Benedicamus Domino XVIII
  • Au dernier Evangile : Regina cœli
  • Procession de sortie : De Jerusalem exiunt – antique antienne processionnelle pour les Litanies Majeures, autrefois en usage à Rome et restée en usage dans le rit parisien – chant : Missale Parisiense de Notre-Dame, c. 1225

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Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi
Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi (Musées du Vatican).

De Jerusalem exeunt – première antienne parisienne processionnelle pour la procession des Litanies Majeures

In Litaniæ Majores
In Processione, prima Antiphona

Antienne De Jerusalem exeunt pour la procession des Litanies Majeures

De Jerusalem * exéunt relíquiæ et salvátio de monte Sion ; proptérea protéctio erit huic civitáti, et salvábitur propter David fámulum ejus. Alleluia. De Jérusalem sortent les reliques, et le salut de la montagne de Sion ; aussi cette cité sera-t-elle protégée et sauvée à cause de David, son serviteur. Alléluia.

Source : Missel Parisien de l’ancien fond de Notre-Dame de Paris (c. 1225) – F-Pn lat. 1112 f°250 v° (CAO n°1543).

Cette antienne De Jerusalem exeunt fait partie d’une vaste série d’antiennes processionnelles qui étaient chantées à Rome lors de la procession des Litanies Majeures, lesquelles se tiennent le 25 avril. N’ayant pas été consignées dans le Missale Romanum de saint Pie V, elles sont de fait tombées en désuétudes, en dépit de leur grande antiquité. L’usage de Paris en a conservé un certain nombre et commençait la procession des Litanies Majeures par celle-ci, De Jerusalem exeunt. Ces antiennes étaient transcrites à la fois dans le Missel et dans le Processional, elles étaient utilisées non seulement pour les Litanies Majeures, célébrées le 25 avril concomitamment à la fête de saint Marc, mais également aux Litanies Mineures, c’est-à-dire aux trois jours de Rogations qui précèdent la fête de l’Ascension. Leur chant précédait à l’origine celui des sept psaumes de la pénitence et celui des litanies des saints.

Ces antiennes étaient appelées au Moyen-Age antiennes litanialesantiphonæ lætanialis ou encore antiennes de la miséricordeantiphonæ de Misericordia. Elles remontent très vraisemblablement à l’époque de saint Grégoire le Grand (VIème siècle) voire plus haut. A l’origine, et avant de voir leur emploi se spécialiser dans les manuscrits médiévaux pour les Litanies Majeures et Mineures, elles étaient employées à Rome pour toutes les processions, à commencer par celles qui avaient lieu tous les jours de station entre l’église de la collecte et celle de la station.

Le texte de notre antienne De Jerusalem exeunt rappelle que les reliques des saints se doivent porter aux processions des Litanies Majeures et Mineures (les Rogations), ainsi qu’on le voit sur toutes les représentations graphiques de ces cérémonies.

Procession des Litanies majeures : le Pape saint Grégoire le Grand a la vision de saint Michel Archange sur le Château Saint-Ange remettant son glaive au fourreau, marquant la fin de l'épidémie de peste à Rome.
Procession des Litanies majeures : le Pape saint Grégoire le Grand a la vision de saint Michel Archange sur le Château Saint-Ange remettant son glaive au fourreau, marquant la fin de l’épidémie de peste à Rome. Le clergé porte en procession l’icône miraculeuse Salus Populi Romani
Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi
Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi (Musées du Vatican).

Voici le manuscrit parisien – le Missale Parisiense cité plus haut – sur lequel nous avons établi notre édition :

Antienne De Jerusalem exeunt pour la procession des Litanies Majeures - Missale Parisiense c. 1225

A titre de comparaison, voici la même antienne De Jerusalem exeunt dans le Processional parisien imprimé de 1556 publié par Mgr Jean du Bellay, 108ème évêque de Paris (f°32 v° et f°33 r°) :

La première antienne processionnelle des Litanies majeures dans le Processional de Jean du Bellay

La première antienne processionnelle des Litanies majeures dans le Processional de Jean du Bellay

Programme du IIIème dimanche après Pâques – Jubilate Deo – Litanies majeures

Troisième dimanche après PâquesSaint-Eugène, le dimanche 25 avril 2021, grand’messe de 11h. Procession des Litanies majeures et messe des rogations à 15h30. Secondes vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h45.

Le troisième dimanche après Pâques est aussi appelé dimanche de Jubilate, en raison du premier mot de l’introït de la messe.

L’évangile de la messe de ce jour est tiré du dernier discours du Christ à la Cène dans l’évangile de Jean (16, 16-22) : “Un peu de temps, et vous ne me verrez plus ; et puis un peu encore, et vous me verrez, car je vais au Père.” Aussi ce dimanche constitue-t-il un point de bascule au milieu du temps pascal : après avoir célébré la résurrection et la vie nouvelle offerte par le baptême & l’eucharistie, voici que la perspective que nous offre la sainte liturgie change et nous prépare au départ du Seigneur vers son Père et à l’envoi de l’Esprit, aux fêtes prochaines de l’Ascension & de la Pentecôte.

Ce peu de temps nous paraît long, parce qu’il dure encore ; mais lorsqu’il sera fini, nous comprendrons combien il était court. Que notre joie ne ressemble donc pas à celle du monde, dont il est dit : “Mais le monde se réjouira” ; et néanmoins, pendant l’enfantement du désir de l’éternité, que notre tristesse ne soit pas sans joie ; montrons-nous, comme dit l’Apôtre : “Joyeux par l’espérance, patients dans la tribulation”. En effet, la femme qui enfante, et à laquelle nous avons été comparés, éprouve plus de joie à mettre au monde un enfant, qu’elle ne ressent de tristesse à souffrir sa douleur présente. Mais finissons ici ce discours, car les paroles qui suivent présentent une question très épineuse ; il ne faut pas les circonscrire dans le court espace de temps qui nous reste, afin de pouvoir les expliquer plus à loisir, s’il plaît au Seigneur.”
Homélie de saint Augustin, évêque, IXème leçon des vigiles nocturnes de ce dimanche, au troisième nocturne.

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A partir de novembre 589, une terrible épidémie de peste frappe la ville de Rome, provoquant la mort de nombreux habitants, et en premier lieu celle du pape Pélage II lui-même qui meurt le 7 février 590 des soins qu’il avait apporté aux malades. Son successeur n’est autre que le Pape saint Grégoire le Grand (590 † 604). Celui réorganise la grande procession des Litanies Majeures (qui existaient avant son pontificat) et la fixe au 25 mars, à la date d’une ancienne fête célébrant l’entrée de saint Pierre à Rome (encore présente dans le Sacramentaire Léonien – notons que la fixation de la fête de saint Marc au 25 avril n’interviendra que plus tard, à partir des VIIIème – IXème siècles en se superposant aux Litanies majeures).

Voici en quels termes, au témoignage de saint Grégoire de Tours, le Pape saint Grégoire le Grand, à peine élu (il ne fut sacré que le 3 septembre suivant) convoqua cette procession du 25 avril 590 :

Il nous faut, bien-aimés frères, quand nous n’avons pas su les prévenir, craindre du moins les fléaux de Dieu lorsqu’ils nous accablent. Que la douleur nous ouvre la porte de la conversion ; que la peine qui nous frappe brise le rocher de nos cœurs. “Le glaive, comme dit Jérémie, pénètre aujourd’hui jusqu’à l’âme.” (Jérémie IV, 10).

Sous le coup des célestes vengeances, voilà que tout le peuple est frappé, et chacun est enlevé instantanément. La maladie ne précède pas la mort ; aucun avant-coureur : la mort est sa propre messagère ; vous le voyez, elle ne s’annonce qu’en foudroyant. Pas même entre elle et le pécheur le temps du repentir. Songez en quel état parait devant son juge le malheureux qui n’a pas eu une seconde pour pleurer ses fautes. Hélas ! ce ne sont pas des victimes isolées, c’est tout le peuple qui succombe. Les maisons restent vides, les pères voient mourir leurs enfants ; l’héritier précède dans la tombe ceux qui voulaient lui laisser leurs biens. C’est donc maintenant qu’il nous faut nous réfugier dans la pénitence, puisque nous pouvons encore pleurer avant que la mort ne frappe. Remettons sous les yeux de notre âme la suite de nos égarement ; effaçons dans les larmes la trace de nos iniquités. “Prévenons dans la confession du délut la face du juge.” (Psaume XCII, 2). “Elevons vers Dieu nos cœurs avec nos mains.” (Lamentations III, 41). Qu’est-ce à dire : “Elever à Dieu le cœur avec les mains ?” sinon soutenir la ferveur de nos prières par le mérite des bonnes œuvres. Il donne, ce grand Dieu, il donne à nos terreurs une pleine confiance, quand il nous dit par la bouche du prophète : “Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse & qu’il vive.” (Ezéchiel XXXIII, 1).

Donc, que nul ne désespère, quelle que soit l’énormité de ses forfaits. Ninive avait croupi des siècles dans la fange de ses crimes. Trois jours de pénitence sauvèrent Ninive. Et le larron converti sur la croix, eut-il besoin, pour entendre la sentence de vie éternelle, de plus de temps qu’il n’en faut pour mourir ? Changeons le fond de nos cœurs, cela suffit pour nous donner la certitude que nous avons déjà reçu ce que nous demandons? Notre juge ne demande, pour révoquer la sentance de mort, que de nous voir à ses pieds suppliants et convertis. Ainsi, bien aimés frères, ouvrons nos cœurs à la contrition et nos mains aux bonnes œuvres.

Une litanie septiforme, grande manifestation de notre douleur, de nos vœux et de notre repentir, aura lieu au point du jour, le matin de Pâques. Venez-y tous mêler vos larmes aux nôtres, et apporter à notre Dieu le tribut de votre dévotion. Que tous les travaux des champs, que tout négoce soit interrompu. Le rendez-vous général sera l’église de la sainte Mère de Dieu, où tous ensemble, déplorant nos fautes, nous supplierons le souverain juge de désarmer sa colère. Les sept divers litanies partiront pour s’y rendre, celle des clercs, de l’église Saint-Jean-Baptiste ; celle des hommes, de l’église Saint-Etienne ; celle des veuves, de l’église Saint-Vital ; celle des pauvres & des enfants, de l’église de Sainte-Cécile. (in saint Grégoire de Tours, Histoire des Francs, lib. X, cap. 1 – cf aussi Saint Grégoire le Grand, Opera omnia, Patrologie Latine, tome LXXVI, col. 1312).

Procession de saint Grégoire - Litanies majeures
Procession de saint Grégoire – Litanies majeures.
Cette procession, une fois réunie pour la collecte à Sainte-Marie Majeure, se dirigea vers Saint-Pierre-du-Vatican pour y faire la station, elle fut conduite par saint Grégoire, qui marchait pieds nus sous le sac et la cendre, et est alors marquée selon la tradition par plusieurs miracles :

  • Une image de la Bienheureuse Vierge Marie était portée dans la procession et son passage éteignait les miasmes de la peste. Les Anges firent entendre cette louange à la Mère de Dieu pendant la procession alors qu’elle traversait le Tibre en face du Mausolée d’Hadrien :

    Regina cœli lætare, alleluia,
    Quia quem meruisti portare, alleluia,
    Resurrexit sicut dixit, alleluia.

    À quoi le pape saint Grégoire le grand ajouta :

    Ora pro nobis Deum, alleluia.

  • Tandis que la procession s’approchait de la basilique Saint-Pierre du Vatican pour que le pape y célèbre la messe de la station, saint Grégoire vit apparaître, sur le Mausolée d’Hadrien saint Michel Archange qui remettait son glaive au fourreau, signifiant la cessation de l’épidémie. En commémoraison de cette vision, une chapelle dédiée à saint Michel Archange fut dédiée dans ce monument de l’antiquité par le pape Boniface IV (608 † 615), et depuis l’édifice fut renommé Château Saint-Ange.
Statue de l'archange saint Michel sur le Château Saint-Ange par Peter Anton von Verschaffelt.
Statue de l’archange saint Michel sur le Château Saint-Ange par Peter Anton von Verschaffelt.

A la sainte messe dominicale :

A la procession des Litanies majeures et à la messe des Rogations :

  • Kyrie des féries de Carême et d’Avent au propre de Paris
  • Epître : Jacques V, 16-20 : Et la prière de la foi sauvera le malade ; le Seigneur le soulagera ; et s’il a commis des péchés, ils lui seront remis.
  • Evangile : Luc XI, 5-13 : Si donc vous, étant méchants comme vous êtes, vous savez néanmoins donner de bonnes choses à vos enfants ; à combien plus forte raison votre Père qui est dans le ciel, donnera-t-il le bon Esprit à ceux qui le lui demandent ?
  • Sanctus XVIII
  • Après la Consécration : sur le ton de l’hymne pascale Ad cœnam Agni providi
  • Agnus Dei XVIII
  • Benedicamus Domino XVIII
  • Au dernier Evangile : Regina cœli – mise en polyphonie d’après Charles de Courbes (1622)
  • Procession de sortie : Regina cœli, jubila – cantique à la Sainte Vierge pour le temps pascal, tradition germanique (musique de R. Alberus, 1569)

IIndes vêpres du troisième dimanche après Pâques. Au salut du Très-Saint Sacrement :

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La Résurrection du Christ

Programme de la supplication des Litanies majeures

Procession des Litanies majeures : le Pape saint Grégoire le Grand a la vision de saint Michel Archange sur le Château Saint-Ange remettant son glaive au fourreau, marquant la fin de l'épidémie de peste à Rome.
Procession des Litanies majeures : le Pape saint Grégoire le Grand a la vision de saint Michel Archange sur le Château Saint-Ange remettant son glaive au fourreau, marquant la fin de l’épidémie de peste à Rome.
Saint-Eugène, le samedi 25 avril 2020, office de none à 15h, suivi de la procession des Litanies majeures et de la grand’messe de 19h (Mémoire de saint Marc, Evangéliste & Martyr).

A partir de novembre 589, une terrible épidémie de peste frappe la ville de Rome, provoquant la mort de nombreux habitants, et en premier lieu celle du pape Pélage II lui-même qui meurt le 7 février 590 des soins qu’il avait apporté aux malades. Son successeur n’est autre que le Pape saint Grégoire le Grand (590 † 604). Celui réorganise la grande procession des Litanies Majeures (qui existait avant son pontificat) et la fixe au 25 avril, à la date d’une ancienne fête célébrant l’entrée de saint Pierre à Rome (fête encore présente dans le Sacramentaire Léonien (notons que la fixation de la fête de saint Marc, Evangéliste et secrétaire de saint Pierre, à la même date du 25 avril n’interviendra que plus tard, à partir des VIIIème – IXème siècles en se superposant aux Litanies majeures).

Voici en quels termes, au témoignage de saint Grégoire de Tours, le Pape saint Grégoire le Grand, à peine élu (il ne fut sacré que le 3 septembre suivant) convoqua une litanie septénaire spéciale qui laissa dans l’histoire un souvenir fameux :

Il nous faut, bien-aimés frères, quand nous n’avons pas su les prévenir, craindre du moins les fléaux de Dieu lorsqu’ils nous accablent. Que la douleur nous ouvre la porte de la conversion ; que la peine qui nous frappe brise le rocher de nos cœurs. “Le glaive, comme dit Jérémie, pénètre aujourd’hui jusqu’à l’âme.” (Jérémie IV, 10).

Sous le coup des célestes vengeances, voilà que tout le peuple est frappé, et chacun est enlevé instantanément. La maladie ne précède pas la mort ; aucun avant-coureur : la mort est sa propre messagère ; vous le voyez, elle ne s’annonce qu’en foudroyant. Pas même entre elle et le pécheur le temps du repentir. Songez en quel état parait devant son juge le malheureux qui n’a pas eu une seconde pour pleurer ses fautes. Hélas ! ce ne sont pas des victimes isolées, c’est tout le peuple qui succombe. Les maisons restent vides, les pères voient mourir leurs enfants ; l’héritier précède dans la tombe ceux qui voulaient lui laisser leurs biens. C’est donc maintenant qu’il nous faut nous réfugier dans la pénitence, puisque nous pouvons encore pleurer avant que la mort ne frappe. Remettons sous les yeux de notre âme la suite de nos égarement ; effaçons dans les larmes la trace de nos iniquités. “Prévenons dans la confession du délut la face du juge.” (Psaume XCII, 2). “Elevons vers Dieu nos cœurs avec nos mains.” (Lamentations III, 41). Qu’est-ce à dire : “Elever à Dieu le cœur avec les mains ?” sinon soutenir la ferveur de nos prières par le mérite des bonnes œuvres. Il donne, ce grand Dieu, il donne à nos terreurs une pleine confiance, quand il nous dit par la bouche du prophète : “Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse & qu’il vive.” (Ezéchiel XXXIII, 1).

Donc, que nul ne désespère, quelle que soit l’énormité de ses forfaits. Ninive avait croupi des siècles dans la fange de ses crimes. Trois jours de pénitence sauvèrent Ninive. Et le larron converti sur la croix, eut-il besoin, pour entendre la sentence de vie éternelle, de plus de temps qu’il n’en faut pour mourir ? Changeons le fond de nos cœurs, cela suffit pour nous donner la certitude que nous avons déjà reçu ce que nous demandons? Notre juge ne demande, pour révoquer la sentance de mort, que de nous voir à ses pieds suppliants et convertis. Ainsi, bien aimés frères, ouvrons nos cœurs à la contrition et nos mains aux bonnes œuvres.

Une litanie septiforme, grande manifestation de notre douleur, de nos vœux et de notre repentir, aura lieu au point du jour, le matin de Pâques. Venez-y tous mêler vos larmes aux nôtres, et apporter à notre Dieu le tribut de votre dévotion. Que tous les travaux des champs, que tout négoce soit interrompu. Le rendez-vous général sera l’église de la sainte Mère de Dieu, où tous ensemble, déplorant nos fautes, nous supplierons le souverain juge de désarmer sa colère. Les sept diverses litanies partiront pour s’y rendre, celle des clercs, de l’église Saint-Jean-Baptiste ; celle des hommes, de l’église Saint-Etienne ; celle des veuves, de l’église Saint-Vital ; celle des pauvres & des enfants, de l’église de Sainte-Cécile. (in saint Grégoire de Tours, Histoire des Francs, lib. X, cap. 1 – cf aussi Saint Grégoire le Grand, Opera omnia, Patrologie Latine, tome LXXVI, col. 1312).

Procession de saint Grégoire - Litanies majeures
Procession de saint Grégoire – Litanies majeures.

Cette procession, une fois réunie pour la collecte à Sainte-Marie Majeure, se dirigea vers Saint-Pierre-du-Vatican pour y faire la station, elle fut conduite par saint Grégoire, qui marchait pieds nus sous le sac et la cendre, et est alors marquée selon la tradition par plusieurs miracles :

  • Une image de la Bienheureuse Vierge Marie était portée dans la procession et son passage éteignait les miasmes de la peste. Les Anges firent entendre cette louange à la Mère de Dieu pendant la procession pendant qu’elle traversait le Tibre en face du Mausolée d’Hadrien :

    Regina cœli lætare, alleluia,
    Quia quem meruisti portare, alleluia,
    Resurrexit sicut dixit, alleluia.

    À quoi le pape saint Grégoire le Grand ajouta :

    Ora pro nobis Deum, alleluia.

  • Tandis que la procession s’approchait de la basilique Saint-Pierre du Vatican pour que le pape y célèbre la messe de la station, saint Grégoire vit apparaître, sur le Mausolée d’Hadrien saint Michel Archange qui remettait son glaive au fourreau, signifiant la cessation de l’épidémie. En commémoraison de cette vision, une chapelle dédiée à saint Michel Archange fut dédiée dans ce monument de l’antiquité par le pape Boniface IV (608 † 615), et depuis l’édifice fut renommé Château Saint-Ange.

Cette fameuse procession eut lieu toutefois le jour de Pâques, qui tombait le 26 mars 590, et non le 25 avril. Il parait assuré que la supplication des Litanies Majeures existait à Rome avant saint Grégoire le Grand, mais à une date qui n’était pas encore fixe chaque année. Il semblerait que pour commémorer le souvenir de la fameuse procession effectuée le jour de Pâques 590, saint Grégoire ait fixé les Litanies Majeures à une date annuelle fixe – le 25 avril, qui est la date la plus extrême à laquelle Pâques peut survenir (et est aussi, comme nous l’avons dit, la date de l’ancienne fête romaine de l’entrée à Rome de saint Pierre) : cela présentait l’avantage de la faire tomber toujours dans le Temps pascal (les antiennes processionnelles de pénitence qu’on chantaient autrefois à cette procession bien avant saint Grégoire se terminent systématiquement dès lors de façon assez surprenante par Alléluia – voyez par exemple l’antienne De Jerusalem exiunt).

Statue de l'archange saint Michel sur le Château Saint-Ange par Peter Anton von Verschaffelt.
Statue de l’archange saint Michel sur le Château Saint-Ange par Peter Anton von Verschaffelt.

A la messe :

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Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi
Procession de saint Gregoire aux Litanies Majeures par Jacopo Zucchi (Musées du Vatican).