Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.
Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.
Saint-Eugène, le mercredi 16 septembre 2020, messe de Requiem du 30ème jour de 19h.
Nous aurons à cœur de prier Dieu pour le repos de l’âme de Mr Nicholas Krasno, chantre de la Schola Sainte Cécile.
Né en Angleterre le 14 septembre 1952 en la belle fête de l’Exaltation de la Sainte Croix, diplômé en droit en 1974 de Christ Church (Université d’Oxford), Mr Nicholas Krasno avait laissé l’Anglicanisme de sa famille et fut reçu dans l’Eglise catholique le 6 décembre 2008 en la fête de son saint patron. La rencontre de Saint-Eugène fut – de son propre aveu – pour beaucoup dans son chemin vers le Catholicisme. Depuis 2010 il fut chantre de la Schola Sainte Cécile et les fidèles de Saint-Eugène se souviennent des Offices de Ténèbres qu’il conduisait fidèlement tous les ans. Il est mort à New York le 16 août 2020 dernier.
A la sainte messe :
Procession d’entrée : De profundis normand – psaume 129 – plain-chant en usage dans le diocèse de Coutances
Messe de Requiem en plain-chant
Epître : I Thessaloniciens, IV, 13-18 : Car si nous croyons que Jésus est mort et ressuscité, aussi Dieu amènera avec Jésus ceux qui se seront endormis en lui.
Evangile : jean XI, 21-27 : Jésus lui repartit : Je suis la résurrection et la vie : celui qui croit en moi, quand il serait mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra point à jamais
Pendant la communion : O Salutaris hostia sacra – motet au Saint Sacrement pour les messes des morts composé en plain-chant musical par François de La Feillée († 1764), Méthode nouvelle pour apprendre les règles du plain-chant, 1740
Le samedi 11 juillet dernier, une messe de Requiem solennelle était célébrée pour le 100ème anniversaire jour pour jour du trépas de Sa Majesté l’impératrice Eugénie, trépas survenu au palais de Liria à Madrid le 11 juillet 1920. Il s’agissait pour notre paroisse de prier pour son âme en remerciement à Dieu des biens qu’elle a opéré au cours de sa vie, en particulier envers les œuvres de l’Eglise catholique, et de nous souvenir de son discret patronage lors de la fondation de l’église Saint-Eugène sous le Second Empire en 1855.
Le catafalque avant la cérémonie.
Née le le 5 mai 1826 à Grenade, María Eugenia Ignacia Agustina de Palafox y Kirkpatrick, 19ème comtesse de Teba, plus connue sous le nom d’Eugénie de Montijo, fut impératrice des Français du 29 janvier 1853 au 4 septembre 1870, après son mariage avec l’empereur Napoléon III à Notre-Dame de Paris le 30 janvier 1853. Un trait typique du caractère et de la volonté de bienfaisance de la nouvelle impératrice se manifeste dès ce jour : elle refuse une parure de diamants que la ville de Paris lui offrait à l’occasion de son mariage et demande que la somme de la vente de celle-ci soit consacrée à la construction d’un orphelinat (édifié sur l’emplacement de l’ancien marché à fourrages du faubourg Saint-Antoine, dans le 12ème arrondissement de Paris. C’est avec joie qu’elle voit le Bienheureux Pape Pie IX devenir parrain du Prince Impérial, qui nait le jour des Rameaux 1856. Cette année-là vois aussi l’achat du grand orgue Merklin-Schütze de Saint-Eugène, orgue de l’exposition universelle de 1855, financé par l’Impératrice. Lorsqu’en 1858 le Prince Impérial étant malade, elle envoie à Lourdes qui voit cette année-là les apparitions de Notre Dame, une de ses dames d’honneur, l’amirale Bruat, quérir un peu d’eau réputée miraculeuse. Suite à la guérison du Prince Impérial, c’est l’impératrice Eugénie qui convainc Napoléon III de donner l’ordre de réouverture de la grotte qui avait été fermée aux pèlerins dans l’attente du jugement de l’Eglise sur les apparitions. Plus tard, lors de son exil en Angleterre, elle fonda l’Abbaye Saint-Michel de Farnborough, non loin de Londres, elle y repose dans la crypte avec Napoléon III et le Prince Impérial.
Chant de l’évangile par le diacre.A l’offertoire.A l’élévation du Précieux Sang du Seigneur.Le catafalque après la messe.
Comme chaque 21 janvier depuis 1993, une messe solennelle de Requiem pour Sa Majesté le Roi Louis XVI fut célébrée à Saint-Eugène, en présence d’un grand concours de fidèles, dont c’était le 227ème anniversaire de la mort.
Cette messe fut enregistrée et vous pouvez retrouver celle-ci sur YouTube (elle est devenue en quelques jours la vidéo la plus visionnée de la chaîne Ite Missa Est) :
Voici quelques photos qui rendent compte de la beauté de cette cérémonie, avec des extraits du Testament du roi :
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque
Au nom de la très Sainte Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre, mil sept cent quatre-vingt-douze, moi Louis XVIème du nom Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication quelconque, même depuis le onze du courant avec ma famille, de plus impliqué dans un procès, dont il est impossible de prévoir l’issue à cause des passions des hommes, et dont on ne trouve aucun prétexte ni moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées et auquel je puisse m’adresser ; je déclare ici en sa présence mes dernières volontés et mes sentiments.
Requiem du 21 janvier 2020 : la couronne du catafalque, avec l’ordre du Saint-Esprit
Je laisse mon âme à Dieu mon créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites, mais par ceux de Notre Seigneur Jésus-Christ, qui s’est offert en sacrifice à Dieu son Père, pour nous autres hommes quelque indignes que nous en fussions, et moi le premier.
Requiem du 21 janvier 2020 : chant de l’épître par le sous-diacre
Je meurs dans l’union de notre sainte Mère l’Église catholique, apostolique et romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession non interrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés ; je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères tels que l’Église catholique les enseigne et les a toujours enseignés ; je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer les dogmes qui déchirent l’Église de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et rapporterai toujours si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques, unis à la Sainte Église catholique, donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ ; je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur, mais je ne prétends les juger, et je ne les aime pas moins tous en Jésus-Christ suivant ce que la charité chrétienne nous l’enseigne.
Requiem du 21 janvier 2020 : la prédication en chaire de M. le Chanoine Guelfucci
Je prie Dieu de me pardonner tous mes péchés ; j’ai cherché à les connaître scrupuleusement, à les détester et à m’humilier en sa présence ; ne pouvant me servir du ministère d’un prêtre catholique, je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom (quoique cela fut contre ma volonté) à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église catholique, à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur ; je prie Dieu de recevoir la ferme résolution où je suis s’il m’accorde vie, de me servir aussitôt que je le pourrai du ministère d’un prêtre catholique, pour m’accuser de tous mes péchés, et recevoir le Sacrement de Pénitence.
Requiem du 21 janvier 2020 : l’offrande du vin à l’offertoire
Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensés par inadvertance (car je ne me rappelle pas d’avoir fait sciemment aucune offense à personne), ou ceux à qui j’aurais pu avoir donné de mauvais exemples ou des scandales de me pardonner le mal qu’ils croient que je peux leur avoir fait.
Requiem du 21 janvier 2020 : au début du canon
Je prie tous ceux qui ont de la charité d’unir leurs prières aux miennes, pour obtenir de Dieu le pardon de mes péchés.
Requiem du 21 janvier 2020 : au début du canon
Je pardonne de tout mon cœur, à ceux qui se sont fait mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet, et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un faux zèle, ou par un zèle mal entendu m’ont fait beaucoup de mal.
Requiem du 21 janvier 2020 : après la communion
Je recommande à Dieu, ma femme, mes enfants, ma sœur, mes tantes, mes frères, et tous ceux qui me sont attachés par les liens du sang, ou par quelque autre manière que ce puisse être ; je prie Dieu particulièrement de jeter des yeux de miséricorde sur ma femme, mes enfants et ma sœur qui souffrent depuis longtemps avec moi, de les soutenir par sa grâce s’ils viennent à me perdre, et tant qu’ils resteront dans ce monde périssable.
Requiem du 21 janvier 2020 : à la fin de la messe
Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi, et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cours de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher.
Requiem du 21 janvier 2020 : l’absoute finale
Je recommande bien vivement à mes enfants, après ce qu’ils doivent à Dieu qui doit marcher avant tout, de rester toujours unis entre eux, soumis et obéissants à leur mère, et reconnaissants de tous les soins et les peines qu’elle se donne pour eux, et en mémoire de moi ; je les prie de regarder ma sœur comme une seconde mère.
Requiem du 21 janvier 2020 : l’absoute finale
Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi.
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque & la couronne
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque & la couronne
Requiem du 21 janvier 2020 : la couronne du catafalque, avec l’ordre du Saint-Esprit
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque & la couronne
Requiem du 21 janvier 2020 : l’offrande du vin à l’offertoire
Requiem du 21 janvier 2020 : le catafalque & la couronne
Saint-Eugène, le mardi 21 janvier 2019, procession solennelle des reliques de sainte Geneviève puis Requiem solennel de 19h.
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Introït : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
Messe pour les Trépassés à 8 voix (H. 2) de Marc-Antoine Charpentier (c. 1643 † 1704), maître de la musique de Marie de Lorraine, duchesse de Guise, des Jésuites, du Dauphin, fils de Louis XIV & de la Sainte Chapelle
Epître : II Macchabées XII, 43-46 : Car s’il n’avait espéré que ceux qui avaient été tués ressusciteraient un jour, il eût regardé comme une chose vaine et superflue de prier pour les morts.
Séquence Dies iræ : de la Missa pro defunctis de l’Abbé Homet, maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et de Saint-Germain L’Auxerrois (XVIIIème siècle)
Evangile : jean VI, 37-40 : Or la volonté de mon Père qui m’a envoyé, est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite tous au dernier jour.
Pendant la communion : De profundis – grand motet de Michel-Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la Chapelle des rois Louis XIV & Louis XV (extraits)
Sortie : Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
Chanoine Nicolas-Mammès Couturier (1840 † 1911), maître de chapelle de la cathédrale de Langres. Requiem des Evêques de Langres (Populus 95-102)
4 voix mixtes (SATB).
40 pages – Sol majeur.
Parmi les 19 messes complètes qui nous restent de l’œuvre féconde et multiforme du Chanoine Couturier, la Messe de Requiem des Evêques de Langres constitue une œuvre étonnante à plusieurs titres. Elle fut composée pour les funérailles de Mgr Guérrin, évêque de Langres, célébrées le 24 mars 1877. Dans le catalogue général des œuvres du Chanoine Couturier dressé en 1937 par Bernard Populus, les différentes parties de ce Requiem forment les numéros 95 à 102.
Ce Requiem possède la particularité d’être très complet, puisque presque tous les chants de la messe des morts y sont mis en musique par Couturier (ce fait est à souligner car très peu de compositeurs l’ont fait). Il n’y manque que le graduel Requiem æternam et le trait Absolve (dans notre présente édition, nous avons inséré pour la commodité des chanteurs ces deux pièces en plain-chant ordinaire).
Second fait rare à noter : comme cette messe a été composée pour les funérailles d’un évêque, elle comporte la mise en musique des cinq répons des cinq absoutes. Les cinq absoutes solennelles en effet ne se donnent dans le rit romain qu’après la messe de funérailles d’un pape, d’un cardinal, d’un métropolitain, d’un évêque, d’un empereur, d’un roi, d’un grand duc ou du seigneur du lieu. La présence de cinq évêques différents est requise par les rubriques pour leur célébration. Cette occasion étant rare, on pourra puiser dans les quatre répons qui précèdent le Libera me habituel pour en faire des motets pour les messes et offices des morts.
Funérailles pontificales :
les cinq évêques des cinq absoutes.
Autre point étonnant pour une époque où la décadence du style avait gagné beaucoup d’églises françaises, où les mondanités de l’opéra moderne étaient préférées aux styles musicaux ecclésiastiques traditionnels, l’auteur non seulement fait alterner le plain-chant grégorien et la polyphonie mais de plus utilise à des degrés divers le plain-chant comme matériel thématique de sa composition, parfois strictement (Introït et Kyriale), parfois assez librement (les cinq répons des cinq absoutes qui gardent la tonalité du mode grégorien préexistant, facilitant l’alternance des versets). Seul le De profundis (déjà publié à part sur ce site) ne dépend pas d’un plain-chant prééxistant, même si il évolue dans le IInd ton ecclésiastique.
Populus qualifie le style de l’écriture de Couturier dans cette œuvre de “faux-bourdon mesuré”, ce qui n’est pas tout à fait exact : même si la mélodie du plain-chant est citée et mesurée dans la voix de Dessus (ou des parties de Ténor et Basse dans le Dies iræ), les règles du contrepoint sont bien présentes dans la composition, qui n’est par ailleurs pas toujours isorythmique. L’harmonie est à la fois archaïque (présence de fausses relations dans le Dies iræ) et moderne dans son esthétique (en particulier dans le Sanctus et l’Agnus Dei). Quoique datée de 1877, voilà une œuvre qu’on verrait tout droit sortie des débats esthétiques postérieurs au Motu Proprio de saint Pie X sur la musique sacrée (1903) et de son application dans l’Europe de l’après Première Guerre Mondiale : en bref, cette œuvre a 30 à 50 ans d’avance sur la musique d’Eglise de son temps en quelque sorte.
Les premières mesures de cette partition :
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La prière pour les morts existe dès les premiers temps du christianisme. A côté de la célébration d’offices pour tel et tel défunt se développèrent par la suite des offices célébrés de façon plus générale (en particulier pour tous les bienfaiteurs défunts d’un monastère). Au VIIIème siècle, le monastère de Fulda célébrait chaque mois une commémoraison générale des fidèles défunts.
La célébration annuelle de l’office pour tous les fidèles défunts au 2 novembre, au lendemain de la Toussaint remonte à saint Odilon, abbé de Cluny. Celui-ci ordonne par un édit de 998 pour la centaine de monastères de sa congrégation que le 1er novembre, après les vêpres solennelles de la Toussaint, les cloches sonnent le glas funèbre et que les moines célèbrent au chœur l’office des défunts. Le lendemain, tous les prêtres doivent offrir à Dieu le divin sacrifice pro requiem omnium defunctorum. Diffusé dans toute l’Europe par les moines de Cluny, cet usage fut accueilli très vite par des diocèses (dès 1008 pour Liège) et finit par devenir général au XIVème siècle.
En raison des ravages causés dans la chrétienté par la Ière guerre mondiale, S.S. le Pape Benoît XV a autorisé tous les prêtres à célébrer le 2 novembre 3 messes pour les défunts, étendant un privilège que le Pape Benoît XIV avait accordé initialement aux états dépendants de la couronne d’Espagne. A cette occasion fut insérée dans le Missel Romain la préface pour les défunts, composition moderne inspirée d’une préface similaire en usage de longue date dans les diocèses français & qui figure au propre de Paris (hélas, de ce vénérable & antique texte, seule la sublime phrase vita mutatur non tollitur a été conservée intacte).
A la sainte messe :
Procession d’entrée : De profundis normand – psaume 129 – plain-chant en usage dans le diocèse de Coutances
Saint-Eugène, le lundi 21 janvier 2019, Requiem solennel de 19h.
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Entrée du clergé : De profundis parisien – psaume 129 – faux-bourdon attribué à André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et de Louis XV à Versailles
Messe de Requiem de Claudio Casciolini (1697 † 1760), chantre de Saint-Laurent in Damaso à Rome
Pendant la communion : De profundis – grand motet de Michel-Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la Chapelle des rois Louis XIV & Louis XV (extraits)
Sortie : Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
La prière pour les morts existe dès les premiers temps du christianisme. A côté de la célébration d’offices pour tel et tel défunt se développèrent par la suite des offices célébrés de façon plus générale (en particulier pour tous les bienfaiteurs défunts d’un monastère). Au VIIIème siècle, le monastère de Fulda célébrait chaque mois une commémoraison générale des fidèles défunts.
La célébration annuelle de l’office pour tous les fidèles défunts au 2 novembre, au lendemain de la Toussaint remonte à saint Odilon, abbé de Cluny. Celui-ci ordonne par un édit de 998 pour la centaine de monastères de sa congrégation que le 1er novembre, après les vêpres solennelles de la Toussaint, les cloches sonnent le glas funèbre et que les moines célèbrent au chœur l’office des défunts. Le lendemain, tous les prêtres doivent offrir à Dieu le divin sacrifice pro requiem omnium defunctorum. Diffusé dans toute l’Europe par les moines de Cluny, cet usage fut accueilli très vite par des diocèses (dès 1008 pour Liège) et finit par devenir général au XIVème siècle.
En raison des ravages causés dans la chrétienté par la Ière guerre mondiale, S.S. le Pape Benoît XV a autorisé tous les prêtres à célébrer le 2 novembre 3 messes pour les défunts, étendant un privilège que le Pape Benoît XIV avait accordé initialement aux états dépendants de la couronne d’Espagne. A cette occasion fut insérée dans le Missel Romain la préface pour les défunts, composition moderne inspirée d’une préface similaire en usage de longue date dans les diocèses français & qui figure au propre de Paris (hélas, de ce vénérable & antique texte, seule la sublime phrase vita mutatur non tollitur a été conservée intacte).
Messe de requiem en plain-chant grégorien
Procession d’entrée : De profundis normand – psaume 129 – plain-chant en usage dans le diocèse de Coutances
Après la Consécration : Pie Jesu en plain-chant
Pendant la communion : Bone Jesu – motet en plain-chant musical – Tradition de Troyes
Miserere du premier ton avec l’antienne Exultabunt Domine – faux-bourdon parisien du Ier ton
Saint-Eugène, le lundi 22 janvier 2018, Requiem solennel de 19h.
Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort, et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France”. Louis XVI.
Miseremini – plainte des âmes du Purgatoires – Texte tiré du livre de Job lu aux matines des défunts (Job XIX, 21 – 3ème nocturne, 8ème leçon) – motet jésuite anonyme du XVIIème siècle
Absoute : Libera me – plain-chant & polyphonie de l’abbé Auguste Chérion (1854 † 1904), maître de chapelle de La Madeleine
Sortie :
Ego sum resurrectio & vita (Jean XI, 25-26) – antienne de Benedictus de l’office des morts – extrait de l’oratorio Mors & Vita de Charles Gounod
Domine salvum fac Regem – Prière pour le roi, de la Messe “Gaudete in Domino semper” du Sacre de Louis XVI (célébré en la Cathédrale de Reims, le dimanche de la Trinité, 11 juin 1775), par François Giroust (1737 † 1799), son maître de chapelle
Il est peu courant qu’un compositeur n’ait pas, dans sa production, une messe de Requiem polyphonique, il est, en revanche, extrêmement rare qu’il en compose plusieurs. Parmi les plus connus, Marc-Antoine Charpentier (1643-1704) fait partie de ceux-là, Charles Gounod, lui, en écrira cinq.
Une telle prolixité étonne, mais elle s’égrène tout au long de sa vie : un premier en Ré mineur (2 novembre 1842), un Requiem inachevé en 1856, une Messe Brève pour les Morts, en Fa Majeur en 1873 qu’il remanie en 1876, une messe funèbre à 4 voix parodiée par Jules Dormois, d’après les Sept Paroles de Notre Seigneur en 1882, et enfin la Messe des Morts en Ut Majeur en 1891, à la mémoire de son petit-fils ; Gounod, après l’avoir chanté une ultime fois, rentrera dans le coma.Il fut dirigé la première fois, lors de la messe de requiem du bout de l’an du compositeur, par Gabriel Fauré.
La mort tient chez Gounod une importance considérable, non comme une épreuve terrible – exceptée la disparition de ses proches – mais bien plutôt comme une délivrance.
Ainsi, il indiquait le 28 avril 1865, lors de l’anniversaire du décès de son père :
Quand on pénètre un peu cette grande question de la mort et qu’on sent vivre en soi avec une inébranlable espérance l’idée de la vie qui est l’acte éternel de Dieu, on se dit que ce grand travail de la dissolution qui s’accomplit sous nos pieds, n’est qu’un immense et merveilleux laboratoire où les acteurs de notre destruction ne sont que les artisans de notre grande toilette, et dégagent de son enveloppe et de sa chrysalide ce beau et riche papillon jusqu’alors captif, et dont nous sentons si souvent les ailes impatientes de ce ciel bleu, de lumière et de liberté.” in Mémoires d’un artiste p.213.
Le souhait – exaucé – pour ses obsèques, était qu’il fût inhumé au son du plain-chant grégorien. Elle traduit chez lui une forme de dépouillement total face à sa propre mort. En revanche, ses obsèques – le 27 octobre 1893 – furent nationales, à La Madeleine, et l’émotion, venant de toute l’Europe, “plus de dix civières ne suffiront pas à porter toutes les couronnes envoyées de toute l’Europe par les souverains” in Charles Gounod, Gérard Condé. p.252.
Cortège funéraire de Charles Gounod de l’église de La Madeleine, en 1893.
Il écrira également plusieurs fragments de messe comme deux Pie Jesu, un Offertoire de la messe des Morts, un Dies irae… qui s’adjoignent à l’étonnante trilogie sacrée Mors et Vita, dont la première partie “Mors” est un Requiem quasi-complet. Cette dernière, que nous interpréterons à plusieurs reprises dans de larges extraits est particulièrement hors-norme, tant dans sa puissance artistique comme véritable chef-d’œuvre, mais plus encore dans sa symbolique et son catholicisme affirmé.
Mors et vita : “Mors”
Œuvre de 1885, elle correspond à la dernière période de la vie de Charles Gounod, comme un prolongement eschatologique de l’oratorio La Rédemption, créé en 1882.
Cette trilogie sacrée est dédiée à Sa Sainteté le Pape Léon XIII, adoubée par le souverain pontife, ce dernier étant fin lettré:
Il ne me reste plus qu’à déposer l’hommage respectueux de ma vénération et de ma gratitude profondes aux pieds de l’éminent Pontife, sa sainteté le Pape Léon XIII, qui m’a fait le suprême honneur d’accepter la dédicace d’une œuvre dont le seul orgueil sera d’être placée sous une telle protection.”
Dans un aspect symbolique, lors des obsèques à La Madeleine de Charles Gounod, Gabriel Fauré dirige la Maîtrise, Camille Saint-Saëns improvise sur des thèmes de Mors et Vita à l’entrée du cercueil, Théodore Dubois… à la sortie.
La première partie, “Mors” est un requiem à part entière, avec un prologue saisissant où les paroles du Ego sum Resurrectio et Vita, chantées par le chœur en homorythmie, surplombent les accords de l’orgue. La particularité de Mors et Vita reprend, au sein de sa structure interne, le principe développé chez Berlioz de “l’idée fixe ” comme dans sa Symphonie Fantastique. Cela consiste à percevoir, au cours de l’œuvre, des motifs musicaux récurrents, qui correspondent à une symbolique, une idée forte telles que :
“la terreur qu’inspire le sentiment de la Justice seule et par suite l’angoisse du châtiment” par la succession de trois secondes Majeures descendantes aux trombones, instrument symbolique des trompettes du Jugement Dernier.
Le changement do ré mi♭ si♮ en do ré mi♮si♮, passant de la tristesse et des larmes, à la consolation et les joies.
Le motif la si do♯ ré fa♯ mi exprime la félicité des bienheureux, que l’on retrouve particulièrement développé à la voix de soprano soliste au dona eis requiem de l’Agnus Dei.
Loin des aspects spectaculaires et démesurés de ses contemporains comme Berlioz, Verdi, voire celui de Saint-Saëns, Charles Gounod renvoie à une sobriété proche du texte latin, qui fait référence au Repos Éternel.
L’évolution de l’œuvre se dirige donc de la Mort vers la Vie Éternelle jusqu’à l’Hosanna final en fugue. Toutefois, l’Introït commençant en Ut mineur, pourrait dériver sur une atmosphère sombre, il n’en est rien: celui-ci est presque a cappella, très doux et, subtilement, Gounod utilise le balancement modal vers le IIIe degré qui donne à entendre une douceur harmonique figurant ce “repos éternel”.
Il complète l’audace harmonique par une montée au ton napolitain avant d’animer le verset aux solistes. Cet Introït s’enchaîne directement sur le Kyrie devenu lumineux par le ton homonyme d’Ut Majeur, contrasté par le mouvement chromatique descendant du Christe.
Le Sanctus rappelle celui de la Messe en l’honneur de Sainte Cécile, alternant entre le ténor solo et le chœur, toujours dans un mouvement ascendant, très souvent arpégé, donnant une grandeur toujours plus lumineuse. A contrario, la douleur extatique du Pie Jesu surprend par son long développement d’abord chromatique descendant puis dans un travail plus contrapuntique où domine la mélopée de la voix de soprano toute gounodienne.
L’Agnus Dei poursuit le développement de la ligne de la soprano soliste vers la joie de donner le repos éternel jusqu’au si♭ aigu, avant une conclusion harmonique des plus audacieuses, qui colorent une forme de dissolution du thème musical exposé. Gounod écrit enfin l’antienne de communion Lux æterna, qui s’achève sur un épilogue dont Saint Saëns dira :
Puis le morceau s’éteint lentement dans un long decrescendo aux sonorités mystérieuses, dont l’effet de calme pénétrant dépasse tout ce que l’on peut imaginer. C’est la volupté de la mort, l’entrée ineffable dans le repos éternel…Et alors commence, s’élève, s’élargit, un prodigieux épilogue. L’âme lève du doigt le couvercle de pierre et s’envole… La lumière a brillé, un bonheur inconnu inonde l’âme délivrée des liens terrestres ; toutes les forces de l’orchestre se réunissent pour porter l’émotion à son comble.” in LaRevue de Paris, 1897.
L’Année Gounod à Saint-Eugène – bicentenaire de la naissance de Charles Gounod