Vous êtes chanteurs ou instrumentistes et vous souhaitez vous engager au service de la liturgie traditionnelle, n’hésitez pas à nous rejoindre !

La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Programme de la messe solennelle de Requiem pour le pape Benoît XVI

Armes du Pape Benoît XVISaint-Eugène, le mardi 10 janvier 2023, Requiem solennel de 19h.

Nous devons redonner à la liturgie la dimension du sacré. La liturgie n’est pas un festival, elle n’est pas une réunion de détente. Ce qui importe, ce n’est pas que le curé réussisse à produire de son cru des idées suggestives ou des élucubrations. La liturgie, c’est Dieu trois fois saint se rendant présent parmi nous, c’est le buisson ardent, c’est l’alliance de Dieu avec l’homme, en Jésus-Christ, celui qui est mort et ressuscité. La grandeur de la liturgie ne se fonde pas sur le fait qu’elle offre un passe-temps intéressant, elle consiste bien plutôt dans l’acte de se rendre tangible du Totalement­-Autre que nous ne sommes pas en mesure de faire venir. Il vient parce qu’Il le veut. Autrement dit, l’essentiel dans la liturgie est le mystère, qui se réalise dans le rite commun de l’Eglise ; tout le reste la réduit. Les gens le ressentent vivement, et se sentent trompés, lorsque le mystère se transforme en distraction, quand l’auteur principal dans la liturgie n’est pas le Dieu vivant mais le prêtre ou l’animateur liturgique.
Benoît XVI, Discours aux évêques chiliens, in La Pensée Catholique, n°237.

  • Introït : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
  • Kyrie : plain-chant grégorien
  • Epître : I Corinthiens XV, 51-57 : Ô mort ! où est ta victoire ? Ô mort ! où est ton aiguillon ?
  • Graduel & trait : plain-chant grégorien
  • Séquence Dies iræ : de la Missa pro defunctis de l’Abbé Homet, maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et de Saint-Germain L’Auxerrois (XVIIIème siècle)
  • Evangile : jean V, 25-29 : Car comme le Père a la vie en lui-même, il a aussi donné au Fils d’avoir la vie en lui-même.
  • Offertoire : plain-chant grégorien
  • Sanctus & Benedictus : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
  • Agnus Dei : de la messe de Requiem d’André Campra (1660 † 1744), maître de chapelle de Notre-Dame de Paris et du roi Louis XV à Versailles
  • Pendant la communion : De profundis – grand motet de Michel-Richard de Lalande (1657 † 1726), maître de la Chapelle des rois Louis XIV & Louis XV (extraits)
  • Communion : plain-chant grégorien
  • Procession de sortie : Languentibus in Purgatorio – prose à la Très-sainte Vierge Marie pour les défunts, composée par Jean de Langoueznou, abbé de Landevenec au XIVème siècle – plain-chant musical en usage dans le diocèse de Coutances

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Lettres du Patriarche de Moscou & du Patriarche œcuménique de Constantinople au Pape émérite

Sa Sainteté Cyrille Ier, patriarche de Moscou & de toutes les RussieLe 1er mars 2013, Sa Sainteté le patriarche Cyrille de Moscou a envoyé le message suivant à Sa Sainteté Benoît XVI, pape émérite.

Votre Sainteté !

En ces journées exceptionnelles pour vous, je voudrais exprimer mes sentiments d’amour fraternel en Christ et de respect.

Votre décision de quitter le ministère d’évêque de Rome, que vous avez annoncée avec humilité et simplicité le 11 février dernier, a trouvé un écho dans le cœur de millions de catholiques.

Nous nous sommes toujours sentis proche de votre ministère consistant, marqué par une non-compromission en matière de foi et une adhésion sans faille à la Tradition vivante de l’Eglise. À une époque où l’idéologie de la permissivité et du relativisme moral essaie de déloger de la vie les valeurs morales, vous avez hardiment élevé votre voix pour défendre les idéaux de l’Evangile, la haute dignité de l’homme et sa vocation à être délivré du péché.

Je garde un souvenir chaleureux de notre rencontre lorsque vous aviez été élu au Siège de Rome. Au cours de votre ministère, nous avons reçu un élan positif dans les relations entre nos Eglises, répondant ainsi au monde moderne comme témoins du Christ crucifié et ressuscité. J’espère sincèrement que ce qui s’est développé au cours de votre ministère actif, une bonne relation de confiance entre les orthodoxes et les catholiques, va continuer à croître avec votre successeur.

Je vous prie d’accepter mes vœux les plus sincères de bonne santé, de longue vie et d’aide d’en-haut dans votre prière & dans vos écrits théologiques.

“Que le Dieu de l’espérance vous remplisse de toute joie et paix” (Romains 15:13).

Avec amour dans le Seigneur,

+ Cyrille, Patriarche de Moscou et de Toutes les Russies

Novembre 2006 - le Pape Benoît XVI et le Patriarche œcuménique Barthélémy Ier au balcon du patriarcat (Phanar, Constantinople)

Voici de même la réaction du patriarche œcuménique Barthélémy Ier à l’annonce de la renonciation de Benoît XVI :

C’est avec tristesse que nous avons été informés de la décision de sa Sainteté le pape Benoît de démissionner de son trône, car il aurait pu, avec sa sagesse et son expérience, apporter encore beaucoup à l’Église et au monde. Le pape Benoît a apposé son sceau indélébile à la vie et à l’histoire de l’Église catholique-romaine, non seulement par son court pontificat, mais aussi par son long apport en tant que théologien et hiérarque de son Église, ainsi que par son prestige universellement reconnu. Ses écrits parleront longtemps de sa profonde érudition théologique, de sa connaissance des Pères de l’Église indivise, de son contact avec la réalité contemporaine et de son vif intérêt pour les problèmes de l’homme. Nous, orthodoxes, le considérerons toujours comme un ami de notre Église et un fidèle serviteur de la cause de l’unité de tous, et nous nous réjouirons de le savoir en bonne santé et d’être informé de son travail théologique. Personnellement, nous nous rappellerons avec émotion de sa visite au siège du Patriarcat œcuménique, il y a plus de six ans, comme des nombreuses rencontres avec lui et de la bonne collaboration que nous avons eue au cours de son ministère primatial. Depuis le Phanar, nous souhaitons que le Seigneur lui désigne un digne successeur à la tête de l’Église sœur de Rome et que continue avec celui-ci notre cheminement commun vers l’union de tous, à la gloire de Dieu.

Sa Sainteté le Pape Benoît XVI

Sede vacante à Rome – nouveaux patriarches à Aksoum, Sofia, Antioche & Babylone

Dernier discours du pape Benoît XVI le mercredi 27 février place Saint-Pierre
Hier mercredi 27 février, le Pape Benoît XVI avait donné sa dernière audience générale place Saint-Pierre : “Je suis véritablement ému et je vois l’Église vivante !”, a lancé Benoît XVI en réponse aux acclamations chaleureuses de la foule.

“Quand, le 19 avril il y a presque 8 ans, j’ai accepté d’assumer le ministère pétrinien, j’ai eu la ferme certitude qui m’a toujours accompagné : cette certitude de la vie de l’Église par la Parole de Dieu. En ce moment, comme je l’ai déjà exprimé plusieurs fois, les paroles qui ont résonné dans mon cœur ont été : Seigneur, pourquoi me demandes-tu cela et que me demandes-tu ? C’est un poids grand celui que tu me poses sur les épaules, mais si tu me le demandes, sur ta parole, je jetterai les filets, sûr que tu me guideras, aussi avec toutes mes faiblesses. Et huit années après, je peux dire que le Seigneur m’a vraiment guidé, m’a été proche, j’ai pu percevoir quotidiennement sa présence. Cela a été un bout de chemin de l’Église qui a eu des moments de joie et de lumière, mais aussi des moments pas faciles ; je me suis senti comme saint Pierre avec les Apôtres dans la barque sur le lac de Galilée : le Seigneur nous a donné beaucoup de jours de soleil et de brise légère, jours où la pêche a été abondante ; il y a eu aussi des moments où les eaux étaient agitées et le vent contraire, comme dans toute l’histoire de l’Église, et le Seigneur semblait dormir. Mais j’ai toujours su que dans cette barque, il y a le Seigneur et j’ai toujours su que la barque de l’Église n’est pas la mienne, n’est pas la nôtre, mais est la sienne. Et le Seigneur ne la laisse pas couler ; c’est Lui qui la conduit, certainement aussi à travers les hommes qu’il a choisis, parce qu’il l’a voulu ainsi. Cela a été et est une certitude, que rien ne peut troubler. Et c’est pour cela qu’aujourd’hui mon cœur est plein de reconnaissance envers Dieu parce qu’il n’a jamais fait manquer à toute l’Église et aussi à moi sa consolation, sa lumière, son amour.”

Le Pape, Père des Pères & Serviteurs des serviteurs de Dieu, a remis l’exercice de sa charge ce 28 février à 20h.

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L'Abouna Matthias, 6ème patriarche d'Ethiopie

Ce même 28 février, l’Eglise d’Ethiopie, sans chef depuis la mort en août dernier du Patriarche Paulos, a élu son nouveau patriarche, l’Abouna Matthias (ብፁዕ ኣቡነ ማትያስ), 71 ans, auparavant archevêque éthiopien de Jérusalem. Son intronisation devrait avoir lieu ce dimanche à Addis Abeba.

L’Eglise d’Ethiopie, dont la fondation remonte aux Apôtres et qui fut affermie au IVème siècle par l’apostolat de saint Frumence et saint Edèse, compte environ 50 millions de fidèles. En dépit d’une histoire chrétienne & d’une liturgie propres et originales de 2 millénaires, l’Abouna Matthias ne sera que le VIème patriarche de son Eglise, celle-ci ayant dépendu jusqu’en 1959 de l’Eglise copte d’Alexandrie, date à laquelle l’empereur Haïlé Sélassié obtint son autocéphalie. Abouna (“notre père”) est le nom traditionnel donné tout au long de l’histoire à l’unique évêque d’Ethiopie qui venait d’Egypte. La titulature officielle du chef de l’Eglise éthiopienne depuis 1959 est Patriarche & Catholicos de l’Eglise Orthodoxe Ethiopienne Tewahedo, Etchégué (=Abbé général de tous les moines d’Ethiopie) du Siège de saint Téklé Haimanot au monastère de Debre Libanos & (depuis 2005) archevêque d’Axoum, l’antique capitale du royaume chrétien d’Abyssinie.

Pendant les 50 années de son autocéphalie, l’Eglise d’Ethiopie a vécu des moments éprouvants. Une fois le régime impérial renversé, le dictateur communiste Mengistu mis en prison en 1976 le second patriarche, Théophile puis désigna deux successeurs qui ne furent jamais reconnus par les autres Eglises. Ce n’est qu’en 1991 – lorsque la dictature de Mengistu est tombée, que la hiérarchie de l’Eglise éthiopienne a été restauré avec l’élection du cinquième patriarche, Paulos.

Notons que le nouveau patriarche Matthias avait fuit l’Ethiopie lors de l’instauration de la dictature communiste par le coup d’état de 1974 ; il s’était alors exilé en Europe et aux Etats-Unis avant de devenir archevêque éthiopien de Jérusalem.

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Neofit, nouveau patriarche parmi les évêques de l'Eglise orthodoxe bulgare le 24 février 2013Dimanche dernier, c’était l’Eglise de Bulgarie qui élisait son nouveau patriarche (une élection retransmise en direct par la télévision nationale !). Sa Sainteté Neophyte, devient le 3ème patriarche de l’Église orthodoxe bulgare depuis sa refondation moderne en 1959. Le patriarcat de Bulgarie avait existé de 927 (reconnaissance par Constantinople) jusqu’à la chute de la capitale bulgare Tarnovo, prise par les Turcs en 1393.

Le nouveau patriarche est un musicien, spécialiste du chant liturgique, ancien chef de chœur. Sa douceur devrait apaiser les tensions nées des révélations l’an passé des liens étroits qui unissaient la haute hiérarchie bulgare et l’appareil d’état communiste.

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Le nouveau Patriarche Louis Raphaël Ier des Chaldéens avec le Pape Benoît XVI

Dans la nuit de jeudi 31 janvier à vendredi 1er février 2013, le synode des évêques chaldéens a élu patriarche de Babylone Mgr Louis Raphaël Ier Sako, évêque de Kirkouk et Suleymanieh, suite à la démission de Mar Emmanuel III Delly au mois de décembre dernier en raison de son âge (85 ans) et de sa santé. Placé à la tête d’une Eglise durement éprouvée par les persécutions en Irak, le nouveau patriarche a déclaré que le problème de l’exode continu des chrétiens d’Irak est «critique», mais a promis de travailler à maintenir une présence vivante chrétienne.

Toutefois, le patriarche chaldéen a indiqué que sa priorité serait d’aborder la question de “l’état de chaos” dans lequel se trouve la liturgie chaldéenne. Il a précisé que les célébrations liturgiques diffèrent d’un diocèse et même de paroisse en paroisse, et a déclaré que la réforme et le renouveau de la liturgie serait son principal objectif.

La liturgie de l’Eglise chaldéenne d’Orient est certainement l’une des plus antiques forme de la liturgie chrétienne. Elle passe pour avoir été organisée par les saints Addaï & Mari, disciples de saint Thomas et conserve, en raison de l’isolement précoce de cette Eglise du reste de la Chrétienté, nombre de structures anté-nicéennes. La liturgie est célébrée en araméen, la langue du Christ.

Il semblerait hélas que le désir du nouveau patriarche serait de moderniser ce rit vénérable, probablement dans le sens d’une latinisation dommageable qui se calquerait sur les pratiques liturgiques décadentes de l’Occident.

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Patriarche Jean X d'Antioche

Le 17 décembre dernier, le Saint Synode de l’Église orthodoxe melchite d’Antioche, réuni au Liban au monastère de la Dormition de Balamand a élu Jean X Patriarche d’Antioche la Grande et de tout l’Orient. L’intronisation de Sa Béatitude s’est déroulée le 10 février dernier à Damas.

Dans un discours suivant l’office solennel célébré à l’église de la Sainte-Croix de Damas, le Patriarche Jean X a souligné notamment l’importance du retour de la paix sur l’antique sol d’Antioche. Il a assuré qu’il élèverait à ce sujet d’ardentes prières vers le Seigneur tout-puissant et qu’il œuvrerait en faveur de la pacification de la Syrie, pour que cessent les conflits dans le pays. Les cérémonies entourant l’élévation de Sa Béatitude Jean au siège des Patriarches d’Antioche se sont poursuivies le 17 février à Beyrouth.

Le patriarche Jean X était auparavant métropolite d’Europe occidentale et centrale et membre permanent du Saint Synode du Patriarcat d’Antioche.

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Rencontre du patriarche d'Antioche des Maronites & du patriarche de Moscou

Signalons enfin qu’hier, 27 février 2013, à la résidence patriarcale du monastère Saint-Daniel de Moscou, Sa Sainteté le Patriarche orthodoxe Cyrille de Moscou et de toute la Russie a reçu le Patriarche catholique maronite d’Antioche et de tout l’Orient, Bechara Boutros cardinal Raï.

Le Patriarche Cyrille, s’adressant à son invité a souligné :

“Votre Église occupe une place particulière dans l’Église catholique, dans la mesure où elle représente la tradition théologique et la piété antiochiennes. Ceci nous donne la possibilité d’un échange d’opinions fructueux sur la théologie, y compris sur le thème du dialogue orthodoxe-catholique.”

Le patriarche maronite a décidé de visiter tous les patriarches orthodoxes ou pré-chacédoniens d’Orient, afin de tisser des liens forts entre les chefs des différentes Eglises, afin de constituer un front commun pour la sauvegarde des chrétientés persécutées dans la région. Le patriarche maronite a assisté à l’intronisation du nouveau Pape d’Alexandrie des Coptes, Tawadros II, ansi qu’à celle du Patriarche Jean X Yazigi des Grecs orthodoxes à Damas.

Messe d’action de grâces pour le pontificat de Sa Sainteté le Pape Benoît XVI

Armes du Pape Benoît XVISaint-Eugène, le jeudi 28 février 2012, grand’messe de 19h.

Messe votive de la Chaire de saint Pierre avec les oraisons d’action de grâces du Missel Romain – Mémoire du jeudi de la 2nde semaine de Carême.

  • Tu es Petrus – ancien répons en l’honneur de saint Pierre chanté à Rome lors du pèlerinage aux tombeaux des Saints Apôtres – les fidèles sont invités à chanter le refrain avec la schola
  • Kyrie VIII – De Angelis
  • Gloria VIII
  • Trait Tu es Petrus : Faux-bourdon du 2nd ton à l’usage de l’Eglise de Paris (édition de 1739)
  • Pendant les encensements de l’offertoire : Te laudamus, o Regnator – Séquence parisienne de saint Pierre & saint Paul, texte de Simon Gourdan (1646 † 1729), chanoine de Saint-Victor
  • Sanctus de la Missa secunda (1599) de Hans Leo Hassler (1564 † 1612), archimusicien de Nuremberg, maître de la chapelle de l’Electeur de Saxe
  • Après la Consécration : Benedictus de la Missa secunda de Hans Leo Hassler
  • Agnus Dei la Missa secunda de Hans Leo Hassler
  • Pendant la communion : antienne de communion du propre Tu es Petrus, & Magnificat royal – harmonisation traditionnelle de Notre-Dame de Paris depuis le XVIIème siècle
  • Ite missa est VIII
  • Au dernier Evangile : Ave Regina cœlorum
  • Procession de sortie : Chantez, voix bénies – Hymne officiel de l’Etat du Vatican, composé initialement en l’honneur de Sa Sainteté le Bienheureux Pape Pie IX – paroles de Louis Gallet – musique de Charles Gounod (1818 † 1893)

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Renonciation du Pape à sa charge, les précédents historiques

Face à face troublant il y a quelques mois : Benoît XVI déposait son pallium sur le corps de son prédécesseur saint Célestin V qui avait renoncé à la charge papale

Peu de papes ont renoncé à leur charge. Voici les précédents historiques :

Saint Clément Ier 3ème successeur de saint Pierre Papa Clemens I.jpg Début du pontificat : vers 88
Renonciation : 99
Saint Clément Ier, quand il a été arrêté, aurait décidé de renoncer au pontificat et indiqué comme son successeur saint Évariste, de façon que l’Église ne reste pas sans chef.
Saint Pontien 17ème successeur de saint Pierre Pope Pontian.jpg Début du pontificat : 21 juillet 230
Renonciation : 28 septembre 235
Première date qu’il est possible de déterminer avec certitude dans l’histoire de la papauté, le pape saint Pontien renonce officiellement à sa charge.
Saint Silvère 57ème successeur de saint Pierre Silverius2.jpg Début du pontificat : 8 juin 536
Renonciation : mars 537
Saint Silvère est déposé probablement par Bélisaire, sur accusation de correspondance félonne avec les Goths, et ramené au statut de simple moine. Il est ainsi le premier pape contraint d’abdique. Selon la définition canonique, cet événement n’est pas une renonciation au sens strict, puisqu’il y eut contrainte.
Benoît IX 146ème successeur de saint Pierre BenedictusIX.jpg Début du pontificat : 10 mars 1045
Renonciation : 1er mai 1045
Benoît IX convient, contre un avantage financier, de renoncer à la papauté. C’est son oncle, le pape Grégoire VI, qui lui succède après l’avoir convaincu de démissionner pour des raisons qui demeurent obscures.
Grégoire VI 147ème successeur de saint Pierre B Gregor VI.jpg Début du pontificat : 5 mai 1045
Renonciation : 20 décembre 1046
Grégoire VI démissionne à son tour car l’arrangement qu’il avait conclu avec Benoît est considéré comme simoniaque, pour l’avoir payé.
Saint Célestin V 191ème successeur de saint Pierre Le Pape saint Célestin V, qui avait renoncé à sa charge Début du pontificat : 5 juillet 1294
Renonciation : 13 décembre 1294
Après seulement cinq mois de pontificat, saint Célestin V publie un décret déclarant qu’il permet à un pape de démissionner, puis il renonce lui-même à sa charge. Il vit deux ans de plus en ermite. Il sera canonisé peu après sa mort. Le décret qu’il a émis lève tout doute parmi les canonistes sur la possibilité d’une démission valide du pape.
Grégoire XII 204ème successeur de saint Pierre Gregory XII.jpg Début du pontificat : 30 novembre 1406
Renonciation : 4 juillet 1415
Grégoire XII démissionne pour mettre fin au Grand Schisme d’Occident, arrivé au point où il y a trois prétendants au trône pontifical : Grégoire XII lui-même, pape romain, l’antipape Benoît XIII de la Papauté d’Avignon et l’antipape Jean XXIII du concile de Pise. Avant de démissionner, il convoque formellement le concile de Constance et l’autorise à élire son successeur.
Benoît XVI 264ème successeur de saint Pierre Benedykt XVI (2010-10-17) 4.jpg Début du pontificat : 24 avril 2005
Renonciation : 28 février 2013
Le 11 février 2013, Benoît XVI annonce sa renonciation, qui devra prendre effet le 28 février 2013 à 20 heures (heure de Rome).

Réaction du métropolite Hilarion de Volokolamsk à l’annonce de la retraite du pape Benoît XVI

Benoît-XVILe 11 février 2013, le métropolite Hilarion de Volokolamsk, président du Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a commenté pour l’agence ITAR-TASS la nouvelle de la démission du pape Benoît XVI :

La nouvelle sur la renonciation du pape Benoît XVI à ses fonctions était inattendue, même pour son entourage le plus proche. Le cardinal Sodano a parlé d’un “coup de tonnerre dans un ciel clair”. Et, de fait, il n’y a aucun précédent dans l’histoire récente de l’Église catholique romaine. Le pape Jean-Paul II était resté à son poste jusqu’à la fin, malgré de sérieux problèmes de santé.

Pourtant, la charge de pontife romain, comme les fonctions de n’importe quel primat d’Église, exige d’énormes efforts. Ce n’est pas un poste de cérémonie. Si l’âge ou la santé font obstacle à un exercice efficace de sa charge, le primat d’une Église peut prendre la décision de se retirer. Ces dernières années, l’Église catholique a été confrontée à de sérieux défis qui exigent de nouvelles impulsions initiées par le siège romain. Peut-être c’est ce qui a poussé le pape à laisser la place à un évêque plus jeune et plus dynamique qui sera élu par le conclave des cardinaux. La décision du pape Benoît XVI de quitter son ministère dans les circonstances actuelles peut être évaluée comme un acte de courage personnel et d’humilité.

Nous sommes reconnaissants au pape Benoît XVI d’avoir compris les problèmes qui empêchent la normalisation définitive des relations entre orthodoxes et catholiques, en particulier dans une région comme l’Ukraine occidentale. Pas plus tard qu’hier à l’antenne de la chaîne « Rossia-24 », je parlais du pape Benoît XVI au nouvel ambassadeur de la Russie auprès du Saint-Siège, A. Avdeev, soulignant la dynamique positive qui caractérisait les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine depuis son accession au siège romain. Le monde chrétien a beaucoup de respect pour lui. Il est un grand théologien, il connaît bien la tradition de l’Église orthodoxe et possède cette sensibilité qui lui permet d’établir des relations avec les Églises orthodoxes.

Je garde en mémoire mes rencontres personnelles et mes entretiens avec le pape Benoît XVI. Je l’ai rencontré trois fois depuis ma nomination au poste de président du Département des relations extérieures. Dans ces entretiens avec le Pontife, j’ai toujours été frappé par ses réactions tranquilles et réfléchies, par son tact sur les questions que nous posions, par sa volonté de résoudre ensemble les problèmes soulevés. J’avais ainsi exposé en détail au pape ma vision des problèmes auxquels nous étions confrontés dans le dialogue orthodoxe-catholique (j’ai parlé de ces problèmes au Concile épiscopal et le Concile a adopté les résolutions qui s’imposaient). Je suis très critique sur le déroulement de ce dialogue, ce que j’ai dit franchement au pape, et je n’ai rencontré que compréhension de sa part.

Avant son élection au siège de Rome, le cardinal Ratzinger avait déclaré la guerre à la « dictature du relativisme », caractéristique de la société occidentale contemporaine. Cela l’a immédiatement rendu impopulaire aux yeux des politiques et des journalistes séculiers. Le pape Benoît XVI n’est pas une star des médias. Il est un homme d’Église. Dans les médias, il est sans arrêt critiqué pour son traditionnalisme et son conservatisme, mais ce sont justement ces qualités qu’apprécient en lui des millions de chrétiens, tant catholiques que non-catholiques, ceux qui aspirent à la préservation des valeurs spirituelles et morales chrétiennes traditionnelles.

Il reste à espérer que son successeur poursuivra sur la même voie et que les relations entre orthodoxes et catholiques continueront à se développer graduellement pour le bien commun du monde chrétien dans son ensemble.

Source: site officiel du Département des relations extérieures du patriarcat de Moscou

Gratias tibi, Papa Benedicte !

Gratias-tibi-Papa-Benedicte

Benedictus PP – 10 mensis februarii MMXIII
Fratres carissimi

Non solum propter tres canonizationes ad hoc Consistorium vos convocavi, sed etiam ut vobis decisionem magni momenti pro Ecclesiae vitae communicem. Conscientia mea iterum atque iterum coram Deo explorata ad cognitionem certam perveni vires meas ingravescente aetate non iam aptas esse ad munus Petrinum aeque administrandum.

Bene conscius sum hoc munus secundum suam essentiam spiritualem non solum agendo et loquendo exsequi debere, sed non minus patiendo et orando. Attamen in mundo nostri temporis rapidis mutationibus subiecto et quaestionibus magni ponderis pro vita fidei perturbato ad navem Sancti Petri gubernandam et ad annuntiandum Evangelium etiam vigor quidam corporis et animae necessarius est, qui ultimis mensibus in me modo tali minuitur, ut incapacitatem meam ad ministerium mihi commissum bene administrandum agnoscere debeam. Quapropter bene conscius ponderis huius actus plena libertate declaro me ministerio Episcopi Romae, Successoris Sancti Petri, mihi per manus Cardinalium die 19 aprilis MMV commissum renuntiare ita ut a die 28 februarii MMXIII, hora 20, sedes Romae, sedes Sancti Petri vacet et Conclave ad eligendum novum Summum Pontificem ab his quibus competit convocandum esse.

Fratres carissimi, ex toto corde gratias ago vobis pro omni amore et labore, quo mecum pondus ministerii mei portastis et veniam peto pro omnibus defectibus meis. Nunc autem Sanctam Dei Ecclesiam curae Summi eius Pastoris, Domini nostri Iesu Christi confidimus sanctamque eius Matrem Mariam imploramus, ut patribus Cardinalibus in eligendo novo Summo Pontifice materna sua bonitate assistat. Quod ad me attinet etiam in futuro vita orationi dedicata Sanctae Ecclesiae Dei toto ex corde servire velim.

Ex Aedibus Vaticanis, die 10 mensis februarii MMXIII
Je vous ai convoqués à ce Consistoire non seulement pour les trois canonisations, mais également pour vous communiquer une décision de grande importance pour la vie de l’Eglise. Après avoir examiné ma conscience devant Dieu, à diverses reprises, je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l’avancement de mon âge, ne sont plus aptes à exercer adéquatement le ministère pétrinien. Je suis bien conscient que ce ministère, de par son essence spirituelle, doit être accompli non seulement par les œuvres et par la parole, mais aussi, et pas moins, par la souffrance et par la prière. Cependant, dans le monde d’aujourd’hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque de saint Pierre et annoncer l’Evangile, la vigueur du corps et de l’esprit est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié. C’est pourquoi, bien conscient de la gravité de cet acte, en pleine liberté, je déclare renoncer au ministère d’Evêque de Rome, Successeur de saint Pierre, qui m’a été confié par les mains des cardinaux le 19 avril 2005, de telle sorte que, à partir du 28 février 2013 à vingt heures, le Siège de Rome, le Siège de saint Pierre, sera vacant et le conclave pour l’élection du nouveau Souverain Pontife devra être convoqué par ceux à qui il appartient de le faire.

Frères très chers, du fond du cœur je vous remercie pour tout l’amour et le travail avec lequel vous avez porté avec moi le poids de mon ministère et je demande pardon pour tous mes défauts. Maintenant, confions la Sainte Eglise de Dieu au soin de son Souverain Pasteur, Notre Seigneur Jésus-Christ, et implorons sa sainte Mère, Marie, afin qu’elle assiste de sa bonté maternelle les Pères Cardinaux dans l’élection du Souverain Pontife. Quant à moi, puissé-je servir de tout cœur, aussi dans l’avenir, la Sainte Eglise de Dieu par une vie consacrée à la prière.

Du Vatican, 10 février 2013

Benoît XVI

Catéchèse de Benoît XVI sur saint Maxime le Confesseur

Benoît XVI, Saint Maxime le Confesseur, Audience générale du 25 juin 2008, traduction du frère Michel Taillé, in La documentation catholique.

Préambule

Catéchèse du mercredi par le saint Père le Pape Benoît XVI

Je voudrais vous présenter aujourd’hui la grande figure de l’un des Pères de l’Église d’Orient de l’Antiquité tardive. Il s’agit d’un moine, saint Maxime, qui obtint le titre de “Confesseur” cher à la tradition chrétienne, pour le courage intrépide avec lequel il sut témoigner – confesser – aussi à travers la souffrance, de l’intégrité de sa foi en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, Sauveur du monde.

Maxime naquit en Palestine, la terre du Seigneur, aux alentours de 580. Encore enfant, il fut orienté vers la vie monastique et l’étude des Écritures, y compris à travers les œuvres d’Origène, le grand maître qui déjà au IIIe siècle était arrivé à “fixer” la tradition exégétique d’Alexandrie.

De Jérusalem, Maxime se rendit à Constantinople d’où, devant les invasions barbares, il se réfugia en Afrique. Il s’y distingua par le courage extrême avec lequel il défendit l’orthodoxie. Maxime n’acceptait aucune réduction de l’humanité du Christ. Une théorie était née selon laquelle dans le Christ il n’y avait qu’une volonté, la volonté divine. Pour défendre l’unicité de sa personne, on niait en lui une véritable volonté humaine qui lui fût propre. Et, à première vue, cela pouvait sembler une bonne chose qu’il en fût ainsi, que dans le Christ il n’ait qu’une seule volonté. Mais saint Maxime comprit immédiatement que cela réduirait à néant le mystère du salut, parce qu’une humanité sans volonté, un homme sans volonté, n’est pas véritablement un homme, c’est un homme amputé. Donc l’homme Jésus-Christ n’aurait pas été véritablement un homme, il n’aurait pas vécu le drame de l’être humain, qui consiste justement dans la difficulté de conformer notre volonté avec la vérité de l’être. Et ainsi saint Maxime affirme avec grande détermination : la Sainte Écriture ne nous montre pas un homme amputé, sans volonté, mais un homme complet ; Dieu en Jésus-Christ a réellement assumé la totalité de l’être humain, à l’exception évidente du péché, et donc également une volonté humaine. Les choses dites ainsi paraissent claires : ou bien le Christ est homme ou bien il ne l’est pas. S’il est homme, il a naturellement une volonté humaine. Mais surgit alors le problème : n’aboutit-on pas ainsi à une sorte de dualisme ? N’en arrive-t-on pas à reconnaître deux personnalités complètes : raison, volonté, sentiment ? Comment surmonter le dualisme, conserver la totalité de l’être humain et cependant affirmer l’unité de la personne du Christ qui n’était pas schizophrène ? Et saint Maxime démontre que l’homme trouve son unité, l’intégration de lui-même, sa totalité, non pas en s’enfermant sur lui-même, mais en se dépassant, en sortant de de lui-même. Ainsi, de même dans le Christ, sortant de soi-même, c’est en Dieu, dans le Fils de Dieu, que l’humanité se trouve elle-même. Il n’est nullement besoin d’amputer l’homme pour expliquer l’Incarnation : il suffit seulement de comprendre le dynamisme de l’être humain qui ne se réalise qu’en sortant de soi ; ce n’est qu’en Dieu que nous nous trouvons nous-mêmes, que nous nous trouvons en totalité et en plénitude. On voit bien que ce n’est pas celui qui se renferme sur lui-même qui est un homme complet, mais c’est l’homme qui s’ouvre et qui sort de lui-même, qui devient complet et trouve lui-même sa véritable humanité précisément dans le Fils de Dieu. Pour saint Maxime, une telle vision ne s’arrête pas au stade de la spéculation philosophique ; il en voit la réalisation dans la vie concrète de Jésus, avant tout dans le drame de Gethsémani.

Dans ce drame de l’agonie de Jésus, de l’angoisse de la mort, de l’opposition entre la volonté humaine de ne pas mourir et la volonté divine qui s’offre à la mort, dans ce drame de Gethsémani, se réalise tout le drame humain, le drame de notre rédemption. Saint Maxime nous dit, et nous savons bien que cela est exact : Adam, et Adam c’est nous, pensait que le non fût le point culminant de la liberté. Il n’y aurait que celui qui est capable de dire ’non’ qui serait réellement libre ; pour réaliser réellement sa liberté, l’homme doit dire non à Dieu ; de la sorte seulement pense-t-il être finalement lui-même, être arrivé au summum de la liberté. Cette tendance, la nature humaine du Christ la portait aussi en elle, mais Jésus l’a surmontée parce qu’il voyait que ce n’est pas le non qui est le maximum de la liberté. Le maximum de la liberté c’est le oui, la conformité avec la volonté de Dieu. L’homme ne devient réellement lui-même que dans le oui : ce n’est que dans la grande ouverture du oui, dans l’unification de sa volonté avec la volonté divine que l’homme s’ouvre immensément, qu’il devient « divin ». Être comme Dieu, voilà ce que désirait Adam, c’est-à-dire, être complètement libre. Mais il n’est pas divin, il n’est pas complètement libre l’homme qui se referme sur lui-même ; il l’est en sortant de lui-même, c’est dans le oui qu’il devient libre ; c’est là que se situe le drame de Gethsémani : non pas ma volonté, mais la tienne. C’est en transférant la volonté humaine dans la volonté divine que naît l’homme véritable et que nous sommes rachetés.

Mutilé et condamné à l’exil

Saint Maxime le Confesseur

Tel est, exprimé brièvement, le point central de ce que voulait dire saint Maxime, et là nous constatons que tout l’être humain est en question ; là se situe toute la question de notre vie. Saint Maxime avait déjà des problèmes en Afrique quand il défendait cette vision de l’homme et de Dieu ; il fut ensuite appelé à Rome. En 649, il prit une part active au Concile du Latran, convoqué par le Pape Martin Ier pour la défense des deux volontés dans le Christ contre l’édit de l’empereur qui, pro bono pacis, interdisait de discuter de cette question. Le Pape Martin eut à payer chèrement son courage : bien que de santé défaillante, il fut arrêté et traduit en justice à Constantinople. Soumis à procès, il fut condamné à mort mais obtint que sa condamnation soit commuée en une peine d’exil à perpétuité, en Crimée, où il mourut le 16 septembre 655, après deux longues années d’humiliations et de tourments.

Peu de temps après, en 662, vint le tour de Maxime qui, lui aussi s’opposant à l’empereur, continuait à répéter : « Il est impossible d’affirmer une seule volonté dans le Christ ! » (Cf. PG 91, col. 268-269). Si bien que, avec deux de ses disciples, qui se nommaient Anastase tous les deux, Maxime fut soumis à un procès exténuant, alors qu’il avait dépassé les 80 ans. Le tribunal impérial le condamna, sous l’accusation d’hérésie, à la cruelle mutilation de la langue et de la main droite, les deux organes avec lesquels, par la parole et par l’écrit, Maxime avait combattu la doctrine erronée d’une unique volonté dans le Christ. Pour finir, le saint moine ainsi mutilé fut exilé en Colchide [Géorgie actuelle], sur la mer Noire, où il allait mourir, épuisé par les souffrances imposées, à l’âge de 82 ans, le 13 août de la même année 662.

Parlant de la vie de Maxime, nous avons fait allusion à son œuvre littéraire en défense de l’orthodoxie. Je faisais référence particulièrement à la Dispute avec Pyrrhos, ancien patriarche de Constantinople, par laquelle il réussit à persuader l’adversaire de ses erreurs. Avec grande honnêteté, en effet, Pyrrhos concluait ainsi la Dispute : « Je demande pardon pour moi et pour ceux qui m’ont précédé : par ignorance, nous sommes arrivés à ces pensées et ces argumentations absurdes ; je prie pour que l’on trouve le moyen d’effacer ces absurdités, sauvegardant la mémoire de ceux qui se sont trompés » (PG 91, col. 352.). Nous sont aussi parvenues quelques dizaines d’œuvres importantes, parmi lesquelles se détache la Mystagogie, un des écrits les plus significatifs de saint Maxime, où il rassemble en une synthèse bien structurée sa pensée théologique.

La pensée de saint Maxime n’est jamais une pensée uniquement théologique spéculative, repliée sur elle-même, parce qu’il a toujours comme point de départ la réalité concrète du monde et de son salut. Dans un tel contexte, où il eut à souffrir, il ne pouvait s’évader en des affirmations philosophiques purement théoriques ; il lui fallait rechercher le sens de la vie, se demandant : qui suis-je, qu’est-ce que le monde ? À l’homme, créé à son image et ressemblance, Dieu a confié la mission d’unifier le cosmos. Et tout comme le Christ a unifié en lui-même l’être humain, en l’homme le Créateur a unifié le cosmos. Il nous a montré comment unifier le cosmos dans la communion du Christ et ainsi accéder réellement à un monde racheté. Fait référence à cette puissante vision du salut l’un des plus grands théologiens du XXe siècle, Hans Urs von Balthasar, qui, ’relançant’ la figure de Maxime, en définit la pensée par l’expression incisive de « Kosmische Liturgie », liturgie cosmique. Au centre de cette liturgie solennelle est toujours présent Jésus-Christ, unique sauveur du monde. L’efficacité de son action salvifique, qui a définitivement unifié le cosmos, est garantie par le fait que, tout en étant Dieu en tout, il est intégralement homme, y compris avec l’« énergie » et la volonté de l’homme.

Aucun compromis

Saint Maxime le Confesseur : Dieu est Souffle, il traverse tout, rien ne l'enferme, rien ne le capte

La vie et la pensée de Maxime sont toujours puissamment illuminées par un immense courage dans le témoignage à la réalité intégrale du Christ, sans aucune réduction ni compromis. Apparaît ainsi ce qu’est véritablement l’homme, comment nous devons vivre pour répondre à notre vocation.

Nous devons vivre unis à Dieu pour être ainsi unis à nous-mêmes et au cosmos, donnant leur forme juste au cosmos lui-même et à l’humanité. Le oui universel du Christ nous montre également avec clarté comment donner leur juste place aux autres valeurs. Ici, nous pensons aux valeurs qui sont aujourd’hui défendues à juste titre, comme la tolérance, la liberté, le dialogue. Mais une tolérance qui ne saurait plus distinguer entre le bien et le mal deviendrait chaotique et autodestructrice. Tout comme une liberté qui, ne respectant pas la liberté d’autrui et ne trouvant pas le juste milieu entre les diverses libertés, deviendrait anarchique et détruirait l’autorité. Le dialogue qui ne sait plus sur quoi dialoguer devient un bavardage creux. Toutes ces valeurs sont belles et fondamentales, mais elles ne peuvent rester valeurs véritables que si elles ont un point de référence qui les unit et leur donne la véritable authenticité. Ce point de référence de la synthèse entre Dieu et le cosmos, c’est la figure du Christ dans laquelle nous apprenons la vérité de nous-mêmes et apprenons ainsi où situer les autres valeurs, parce que nous découvrons leur signification authentique. Jésus-Christ est le point de référence qui met en lumière toutes les autres valeurs. Ici est le point d’arrivée du témoignage de ce grand confesseur. Et c’est ainsi que, finalement, le Christ nous indique que le cosmos doit devenir liturgie, gloire de Dieu, et que l’adoration est le commencement de la vraie transformation du monde, de son vrai renouvellement.

C’est pourquoi je voudrais conclure par une citation fondamentale des œuvres de saint Maxime :

Nous adorons un seul Fils, en unité avec le Père et avec l’Esprit Saint, comme il en était dans les temps, et maintenant aussi, et pour tous les temps, et pour les temps après les temps. Amen ! (PG 91, col 269).

Musique sacrée & évangélisation

“La musique sacrée peut favoriser la foi et contribuer à la nouvelle évangélisation”, a déclaré le Pape le 10 novembre dernier aux membres de l’association musicale italienne Santa Cecilia, réunis pour un congrès à Rome. “A propos de la foi, on pense spontanément à la vie de saint Augustin… dont la conversion est certainement due en grande partie à l’écoute du chant des psaumes et des hymnes dans les liturgies présidées par saint Ambroise. Si, en effet, la foi naît toujours de l’écoute de la parole de Dieu, d’une écoute des sens qui passe aussi par l’esprit et le cœur, il ne fait aucun doute que la musique et surtout le chant donnent à la lecture des psaumes et des cantiques bibliques une plus grande force communicative. Parmi les charismes de saint Ambroise, on trouvait justement une sensibilité et une capacité musicale prononcées, don que celui-ci, une fois ordonné évêque de Milan, mit au service de la foi et de l’évangélisation”.

Benoît XVI a ensuite souligné que le chant sacré lié aux paroles fait partie nécessaire ou intégrante de la liturgie solennelle. “Pourquoi nécessaire et intégrante ? Certainement pas pour des raisons esthétiques mais parce qu’il contribue à nourrir et exprimer la foi, et donc à la gloire de Dieu et à la sanctification des fidèles qui sont l’objectif de la musique sacrée. C’est justement pour cela que je voudrais vous remercier pour le précieux service que vous rendez : la musique que vous exécutez n’est pas un accessoire ou un embellissement de la liturgie mais elle est la liturgie même”. Evoquant la relation entre le chant sacré et la nouvelle évangélisation, le Pape a ajouté que la constitution conciliaire sur la liturgie rappelle “l’importance de la musique sacrée dans la mission ad gentes et encourage à valoriser les traditions musicales des peuples. Mais dans les pays d’ancienne évangélisation comme l’Italie, la musique sacrée peut aussi avoir et a, de fait, un rôle important pour favoriser la redécouverte de Dieu, une nouvelle approche du message chrétien et des mystères de la foi”.

Puis le Saint-Père a rappelé à ce sujet le cas du poète Paul Claudel qui se convertit en écoutant le Magnificat au cours des vêpres de Noël à Notre Dame de Paris. “Mais sans recourir à des personnes célèbres, pensons à toutes ces personnes qui ont été touchées au plus profond de leur âme en écoutant de la musique sacrée, et encore plus à ceux qui se sont sentis attirés de nouveau vers Dieu par la beauté de la musique liturgique… Efforcez-vous d’améliorer la qualité du chant liturgique sans avoir peur de reprendre et valoriser la grande tradition musicale de l’Eglise qui trouve dans le grégorien et la polyphonie ses deux expressions les plus hautes… La participation active de tout le peuple de Dieu à la liturgie ne consiste pas seulement à parler, mais aussi à écouter, à accueillir par les sens et avec l’esprit la Parole et cela vaut aussi pour la musique liturgique”.

La vidéo suivante montre le Saint Père arrivant à la salle d’audience et surpris d’entendre le Tu es Petrus polyphonique entonné par les embres de l’association musicale italienne Santa Cecilia.

Homélie pour la fête de sainte Cécile 2011

Notre triduum paroissial – saint Eugène avant-hier, la Présentation hier à Notre-Dame des Victoires et sainte Cécile ce soir – a été marqué cette fois encore par plusieurs rendez-vous musicaux. C’est que liturgie et musique entretiennent un lien étroit et je suis heureux d’avoir pu réunir tous les écrits que Benoît XVI a publié sur ce thème dans un petit ouvrage qui vient de paraître, intitulé L’esprit de la musique, préfacé par notre cher Maître de chœur et que plusieurs d’entre vous ont déjà pu se procurer. Ouvrage qui pourra être utile, je l’espère, à tous ceux qui voudront œuvrer à la restauration d’une véritable liturgie, qui ne soit pas fabriquée mais reçue. C’est donc Benoît XVI que je prendrai pour guide ce soir. Dans son discours des Bernardins, à Paris, il y a trois ans, il disait ceci : « De cette exigence capitale de parler avec Dieu et de le chanter avec les mots qu’il a lui-même donnés, est née la grande musique occidentale. Ce n’était pas là l’œuvre d’une créativité personnelle, où l’individu, prenant comme critère essentiel la représentation de son propre moi, s’érige un monument à lui-même. Il s’agissait plutôt de reconnaître attentivement, avec les oreilles du cœur les lois constitutives de l’harmonie musicale de la création, les formes essentielles de la musique émise par le Créateur dans le monde et en l’homme, et d’inventer une musique digne de Dieu qui soit en même temps authentiquement digne de l’homme et qui proclame hautement cette dignité ».

C’est clair : pour Ratzinger, la musique est civilisatrice et cette musique dérive de la liturgie. Pourquoi dérive-t-elle de la liturgie et pourquoi la liturgie a-t-elle eu recours, dès l’Ancien Testament, à la musique ? Saint Augustin répond en un mot que notre sainte Cécile, amante du Christ, ne peut que confirmer : Cantare amantis est, « chanter est le fait de celui qui aime ». La liturgie étant une participation au dialogue trinitaire du Père et du Fils, elle ne peut donc qu’aspirer au chant. Les Pères de l’Église le justifieraient par le fait que le chant sacré a une origine christologique. « Quand l’Église primitive a fait siens les psaumes dans sa prière, elle les chante comme hymnes du Christ. Le Christ lui-même devient ainsi le chef de chœur qui nous apprend le chant nouveau, qui donne à l’Eglise le ton et la manière dont elle pourra louer adéquatement Dieu et s’unir à la liturgie céleste »[1]. Le chant liturgique nous rappelle ainsi que nos rites s’enracinent dans la parole de Dieu, dans la Révélation divine, dont ils véhiculent quelque chose de l’inspiration. Il nous rappelle aussi que nous sommes ici-bas des étrangers et des voyageurs, à la recherche d’une patrie meilleure, celle du ciel, la Jérusalem céleste, où des myriades d’anges chantent les noces éternelles de l’Epoux et de l’Epouse, du Christ et de l’Église. Cet enracinement de la liturgie dans l’Ecriture impose à la musique sacrée, au chant et aux instruments, d’évidentes contraintes : « Chanter avec sagesse, psallite sapienter, renvoie à un art où compte la parole, mais cette parole ne doit pas être comprise en un sens rationaliste superficiel et étroit où chaque mot serait à tout instant compréhensible. Il s’agit bien plutôt de ce que nous pouvons appeler, en nous référant à l’Église ancienne, une musique ‘conforme au Logos’ : le Dieu qui est Parole créatrice et porteuse de sens, dès les origines et jusque dans chaque vie, appelle un art qui se tienne sous le primat du Logos, qui intègre donc toute la diversité de l’être humain, à partir de ses forces vives morales et psychologiques les plus hautes, mais qui, de la sorte, arrache aussi l’esprit à son rationalisme et à son volontarisme étroit pour qu’il prenne place dans la symphonie de la Création »[2]. Autrement dit, en chantant dans la liturgie, l’homme découvre sa vocation première, celle qu’il tient de son être de créature, ou plus exactement, pour parler comme S. Thomas d’Aquin, de cette créature qui se situe à l’horizon du monde des sens et du monde de l’esprit. Cette créature rationnelle qui est appelée à ressaisir la louange muette de la Création dans un geste et une parole émerveillés, qui de soi appellent le chant et la musique des instruments, pour intégrer symboliquement le monde de la matière, geste et parole qui se dilatent à la mesure même de cette Création qui s’exprime par lui. En effet, “dans la rencontre de l’homme avec Dieu, la parole ne suffit plus : une part de lui-même s’éveille et se met à chanter. Il y associe la Création car son monde lui paraît trop étroit”[3].

C’est la doctrine de saint Augustin, dans son homélie sur le psaume 32, choisie par le nouveau bréviaire pour illustrer la fête de sainte Cécile : « Eh bien, le Seigneur lui-même te donne cette méthode de chant : ne cherche pas des paroles, comme si tu pouvais expliquer ce qui plaît à Dieu. Chante par des cris de jubilation. Bien chanter pour Dieu, c’est chanter par des cris de jubilation. En quoi cela consiste-t-il ? C’est comprendre qu’on ne peut pas expliquer par des paroles ce que l’on chante dans son cœur. En effet, ceux qui chantent, en faisant la moisson, ou les vendanges, ou n’importe quel travail enthousiasmant, lorsqu’ils se mettent à exulter de joie par les paroles de leurs chants, sont comme gonflés d’une telle joie qu’ils ne peuvent pas la détailler par des paroles, ils renoncent à articuler des mots, ils éclatent en cris de jubilation. Ce cri est un son manifestant que le cœur enfante des sentiments qu’il ne peut exprimer ». Ce mouvement d’action de grâce, qui s’exprime pour nous dans la liturgie, répond à l’incarnation du Verbe : « Quand la Parole, le Verbe, se fait musique, il y a bien passage aux sens, incarnation, annexion de forces en deçà et au-delà du rationnel, captage de l’harmonie cachée de la Création, révélation du chant qui sommeille au fond des choses. Mais alors, cette transformation en musique est aussi elle-même le tournant du mouvement : elle n’est pas seulement incarnation du Verbe, mais aussi spiritualisation de la chair, de la matière. Le bois et le cuivre deviennent son, l’inconscient et l’insoluble se muent en harmonie emplie d’ordre et de sens (…). L’incarnation au sens chrétien est toujours en même temps spiritualisation, et la spiritualisation chrétienne est incarnation dans le corps du Logos qui s’est fait homme »[4].

Une musique sacrée ainsi conçue, lestée d’une dimension ontologique et d’une dimension théologale, ne peut se satisfaire de la médiocrité que voudrait lui imposer une pastorale utilitariste qui ne voit dans la musique qu’une manière d’animer les assemblées liturgiques. « Participation active », dans ce contexte, signifierait que tous doivent chanter toutes les parties de la liturgie, ce qui conduit bien évidemment à un effrayant nivellement par le bas dont celui qui vous parle ce soir est le premier à être conscient, pour ne pas dire qu’il en est aussi bien souvent l’acteur à son corps défendant ! Une telle conception de la musique liturgique signifie bien entendu la liquidation de toute formation d’élite, des schola en particulier. Joseph Ratzinger, dont le frère Georg a longtemps dirigé les Domspatzen de Regensburg, s’élève bien sûr contre cet abus lorsqu’il écrit : « Il est de fait que beaucoup de gens sont davantage capables de chanter avec le cœur qu’avec leur bouche, et leur cœur chante véritablement lorsqu’ils entendent le chant de ceux à qui il a été donné de chanter aussi avec la bouche. Si bien qu’en ces derniers, ils chantent en quelque sorte eux-mêmes, et ainsi écoute reconnaissante et chant des chanteurs deviennent ensemble une unique louange de Dieu »[5]. Merci, Très Saint Père, pour ceux qui chantent mal ! La dilatation de la louange chrétienne par l’intégration de la musique suppose un discernement des esprits. Toute musique n’est pas propre à figurer dans la liturgie. Car la musique, souligne Ratzinger, traduit une anthropologie sous-jacente. « Il y a la musique d’agitation politique, qui met l’homme en mouvement pour tel ou tel objectif collectif ; il y a la musique sensuelle, qui introduit l’homme à l’érotisme ou débouche d’une autre manière sur des sentiments de nature sensuelle ; il y a la simple musique de variétés, qui n’a rien à dire de particulier, mais veut simplement briser le poids du silence ; il y a la musique rationalisante où les sons ne servent qu’à des échafaudages intellectuels, mais qui ne parvient pas à pénétrer vraiment l’esprit et les sens. On pourrait y ranger bien des chants catéchétiques desséchés, bien des chants modernes fabriqués par des commissions liturgiques »[6].

Ratzinger réserve cependant ses critiques les plus vives à la musique néopaïenne qui, loin de toute référence au Logos, au psallite sapienter, déchaîne les forces dionysiaques latentes en l’homme marqué par le péché. D’un côté, dit-il, « il y a la musique commerciale, destinée au peuple, mais qui n’a plus rien de populaire au sens traditionnel du terme. Produite industriellement, elle appartient aux phénomènes de masse et n’est rien d’autre, finalement, qu’un culte de la banalité. D’autre part, la musique rock et ses dérivés, en particulier la techno, qui sont les vecteurs de passions élémentaires et qui, dans les grands festivals, développent un caractère cultuel, jouant même le rôle d’un anticulte par rapport au culte chrétien. Pris dans le mouvement de la foule, soumis à l’ébranlement du rythme, du bruit et des effets de lumière, les participants se sentent pour ainsi dire libérés d’eux-mêmes. Dans l’extase provoquée par l’annihilation de toute barrière et la chute de toute inhibition, ils déchaînent en quelque sorte les forces élémentaires de l’univers, dans lesquelles ils finissent par se faire engloutir”[7]. “Il s’agit de pratiques de délivrance, apparentées dans leur forme à la délivrance par la drogue et fondamentalement opposées à la foi dans le salut chrétien. Il est donc parfaitement logique que dans ce domaine se diffusent aujourd’hui des cultes et des musiques sataniques de plus en plus nombreux, dont on n’a pas encore assez pris au sérieux la dangereuse puissance de dislocation et de dissolution délibérées de la personne. Le combat livré par Platon entre musique apollinienne et musique dionysiaque n’est pas notre combat car Apollon n’est pas le Christ. Mais la question qu’il a posée nous concerne d’une manière toute particulière”[8]. Et il conclut : “Ce n’est pas pour des raisons esthétiques, ni par esprit borné de restauration, ni par immobilisme historique, mais c’est pour des raisons de fond qu’une musique de ce genre doit être exclue de l’Eglise”[9] et, pourrait-on ajouter, de l’univers propre du chrétien.

En conclusion, la musique n’est pas neutre, et pourtant elle est nécessaire à la vie chrétienne. « L’esprit n’est point avili lorsqu’il assume les sens, mais c’est toute la richesse de la Création qui est reconduite à lui. Et les sens ne sont pas privés de leur réalité lorsqu’ils sont pénétrés par l’esprit, mais c’est ainsi seulement qu’il leur sera donné d’avoir part à l’infini »[10]. Pour finir, je citerai le commentaire que donne Ratzinger d’un apologue de Gandhi : « Dans la mer vivent les poissons, et ils sont muets ; les animaux sur la terre crient ; mais les oiseaux, dans le ciel, chantent. A la mer appartient en propre le silence, à la terre le cri et au ciel le chant. Mais l’homme est participant des trois. Il porte en lui la profondeur de la mer, la pesanteur de la terre et la hauteur du ciel. Et c’est pourquoi leurs trois caractéristiques sont aussi les siennes : le silence, le cri et le chant. Je voudrais ajouter ceci : nous voyons aujourd’hui un homme sans transcendance auquel ne reste que le cri, parce qu’il ne veut plus être que terrestre et tente même de changer le ciel et la mer profonde pour en faire sa terre. La vraie liturgie, celle de la communion des saints, le restitue tout entier à lui-même. Elle lui enseigne de nouveau le silence et le chant en lui ouvrant les profondeurs de la mer et, en lui apprenant à voler, lui donne accès à l’être des anges ; en élevant le cœur de l’homme, elle fait à nouveau résonner en lui le chant enseveli. Et nous pouvons même dire : la vraie liturgie se reconnaît au fait qu’elle nous libère de l’activisme universel et nous restitue la profondeur et la hauteur, le silence et le chant. La vraie liturgie se reconnaît au fait qu’elle est cosmique et non réduite au groupe. Elle chante avec les anges. Elle se tait comme se tait l’attente des profondeurs de l’univers. Et c’est ainsi qu’elle délivre la terre ! »[11].

Et c’est sur ces paroles que je vais, moi aussi, enfin me taire !

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Notes :    (↵ reviens au texte)

  1. L’esprit de la liturgie, Ad solem, 2001, p. 135.
  2. Un chant nouveau pour le Seigneur, Desclée, 1995, p. 141.
  3. L’esprit de la liturgie, Ad solem, 2001, p. 111.
  4. Croire et célébrer, Parole et Silence, 2008, p. 103.
  5. La célébration de la foi, Téqui, 1985, p. 118.
  6. Croire et célébrer, Parole et Silence, 2008, p. 105.
  7. L’esprit de la liturgie, Ad solem, 2001, pp. 119-120.
  8. Croire et célébrer, Parole et Silence, 2008, pp. 104-105.
  9. Croire et célébrer, Parole et Silence, 2008, p. 105.
  10. Croire et célébrer, Parole et Silence, 2008, p. 106.
  11. Croire et célébrer, Parole et Silence, 2008, pp. 108-109.