Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.
Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.
“C’est par Ses meurtrissures et par Ses plaies, que vous avez été guéris.”
(1 Pierre 2, 24)
Décembre 1944 : la sainte messe est célébrée au maître-autel de la Cathédrale métropolitaine de Palo transformée en hôpital militaire après le débarquement des troupes américaines sur l’Ile de Leyte, Philippines, durant la Seconde Guerre Mondiale.
La vénérable cathédrale de Palo, siège d’un archevêché, fut édifiée en 1596 par les Jésuites, lesquels furent à l’origine de la ville de Palo où ils avaient établi leur résidence.
Ces photos de décembre 1944 furent prises par les photographes W. Eugene Smith (pour Life) et les photographes de guerre du 13ème AAF.
Ils se sont écriés en voyant la place de son embrasement : Quelle ville, disaient-ils, a jamais égalé cette grande ville ? Ils se sont couvert la tête de poussière, jetant des cris accompagnés de larmes et de sanglots, et disant : Hélas ! hélas ! cette grande ville, qui a enrichi de son opulence tous ceux qui avaient des vaisseaux en mer, se trouve ruinée en un moment !
Apocalypse 18, 18-19.
Photo : ruines de la cathédrale Sainte-Marie d’Urakami de Nagasaki en 1945.
Le 9 août 1945, le B-29 Bockscar piloté par Charles Sweeney, parti de Tinian dans les îles Mariannes du Nord, largua la bombe atomique Fat Man sur la ville de Nagasaki. La bombe explosa à 580 m d’altitude, à la verticale du quartier majoritairement catholique d’Urakami, quasiment à la verticale de la cathédrale. Ce fut la seconde explosion nucléaire au Japon, trois jours après celle d’Hiroshima.
75 000 des 240 000 habitants de Nagasaki furent tués sur le coup, et au moins autant décédèrent des suites de leurs maladies ou de leurs blessures.
Nagasaki est liée dès son origine à l’arrivée de la foi chrétienne au Japon. Ce lieu fut concédé aux Portugais en 1571 par le daimyo Ōmura Sumitada comme port de commerce, avant de le leur être retiré et confié aux missionnaires de la Compagnie de Jésus en 1580. A la suite d’une révolution politique, les missionnaires sont chassés et le christianisme interdit en 1587. Malgré d’ignobles persécutions, les chrétiens de Nagasaki conservent leur foi et la pratiquent en secret, jusqu’au retour des missionnaires au XIXème siècle. Ainsi, le village d’Urakami, proche de Nagasaki (plus tard englobé dans la ville) est alors composé uniquement de crypto-chrétiens lorsqu’il est découvert en 1865 par le RP Bernard Petitjean, des Missions étrangères de Paris.
Parce que l’Agneau qui est au milieu du trône, sera leur pasteur, et il les conduira aux sources vives des eaux, et Dieu essuiera toutes les larmes de leurs yeux.
Apocalypse 7, 17.
Photo : Messe pontificale célébrée dans les ruines de la cathédrale Sainte-Marie d’Urakami à Nagasaki en juin 1949.
Cette extraordinaire – et prophétique – photo d’une messe pontificale célébrée dans les ruines de la cathédrale de Nagasaki est une belle image de la reconstruction spirituelle sur les ruines de la Cité catholique.
Quiconque sera victorieux, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône ; de même qu’ayant été moi-même victorieux, je me suis assis avec mon Père sur son trône.
Apocalypse 4, 21.
Photo : Messe pontificale au trône dans les ruines de la cathédrale Sainte-Marie d’Urakami à Nagasaki en juin 1949.
Cette messe pontificale célébrée au trône en 1949 célébrait alors le 4ème centenaire de l’arrivée de saint François-Xavier au Japon et à la fondation de la première communauté chrétienne de ce pays.
Lorsqu’il eut ouvert le cinquième sceau, je vis sous l’autel les âmes de ceux qui avaient souffert la mort pour la parole de Dieu, et pour le témoignage qu’ils avaient rendu.
Apocalypse 6, 9.
Photo : Messe pontificale dans les ruines de la cathédrale Sainte-Marie d’Urakami à Nagasaki en juin 1949. Procession des reliques de saint François-Xavier.
Afin de célébrer le 400ème anniversaire de la venue de la foi véritable au Japon par l’arrivée de saint François-Xavier, la relique insigne de son bras avait alors été emmenée de Rome (où elle est conservée à l’église du Gesù) à Nagasaki.
Voici d’autres photos de cette cérémonie prises par Carl Mydans en 1949 pour le compte de Life. Nous y avons adjoint une photographie d’un requiem à la mémoire des fidèles morts dans l’explosion de la bombe, messe célébrée devant les ruines de la cathédrale le 23 novembre 1945.
Ce samedi 3 août 2013, M. l’Abbé Bertrand Lacroix, fssp, ordonné le 29 juin dernier en Bavière, chantait sa première messe solennelle en la Basilique Notre-Dame des Victoires, Paris II.
La sainte messe fut célébrée dans le merveilleux chœur de la vénérable basilique, décoré des toiles monumentales de Carle van Loo (1705 † 1765) représentant au centre Louis XIII au siège de La Rochelle faisant le vœu d’édifier cette église, et de part & d’autre la vie de saint Augustin (l’église fut jusqu’à la Révolution celle du couvent des Augustins Deschaussés, appelés “Petits Pères”). L’un de ces religieux, le frère Fiacre, y reçu une apparition de la Vierge annonçant la naissance du futur Louis XIV. La vie liturgique & musicale de cette église, connue par des manuscrits encore conservés à la Bibliothèque nationale de France, fut intense dès sa fondation & jusqu’à la Révolution. Couperin, Mondonville & Lully habitaient dans le voisinage immédiat de cette église, le dernier y est du reste inhumé. En décembre 1836, le curé de Notre-Dame des Victoires, l’Abbé Desgenettes, consacre sa paroisse au Cœur immaculé de Marie, sous le titre de Refuge des Pécheurs. Dès ce moment, des conversions éclatantes et des grâces abondantes s’y répandent à profusion. Le Pape accorda à cette église le titre de basilique mineure en 1927.
La messe célébrée fut celle votive de la Sainte Vierge au samedi. Le chant liturgique fut assuré par la Schola Sainte Cécile et MM. les Abbés Barker et Després de la Fraternité Saint-Pierre. L’ordinaire fut la messe Ad majorem Dei gloriam d’André Campra.
Au dialogue de la préface.
Chant de la préface de la Sainte Vierge par le célébrant.
O salutaris hostia !
Elévation du Corps du Seigneur par le célébrant après la consécration.
Elévation du Très-Précieux Corps du Seigneur.
Absolution après le chant du 3ème Confiteor.
Autour du célébrant faisaient fonction :
de prêtre assistant : M. l’Abbé Meissonnier, fssp,
Hier 24 juillet (11 juillet dans le calendrier julien) était dans le rit byzantin la fête liturgique de sainte Olga, appelée au baptême Hélène. Sainte Olga, grande-duchesse de Kiev, assura la régence de la principauté de Kiev à la mort de son époux le grand-duc Igor Ier de 945 à 964. En 955, au cours d’une visite politique à Constantinople, elle devient chrétienne et reçoit le saint baptême, prenant le nom d’Hélène. Revenue à Kiev, elle fait appel à des missionnaires latins venus d’Allemagne pour implanter le christianisme, mais le premier évêque des Russes, Adalbert, se décourage devant les difficultés de la mission et les massacres de ses assistants, et finit par quitter la Russie en 962. Impuissante à arracher son fils Sviatoslav des griffes du paganisme, c’est son petit-fils saint Vladimir le Grand qui deviendra le premier prince chrétien de Kiev et assurera l’implantation définitive de la foi chrétienne chez les peuples de Russie. Canonisée peu après sa mort en 969, sainte Olga est très tôt tenue en vénération non seulement en Orient chez les Russes, mais aussi chez les Bulgares et les Serbes, et en Occident chez les Bohémiens.
A l’occasion des festivités marquant le 1025ème anniversaire du baptême du saint grand-duc Vladimir et du baptême de la Russie, la célébration liturgique de la fête de sainte Olga a pris hier un relief tout particulier à Moscou où s’étaient déplacés 8 patriarches et primats d’Eglises orthodoxes autour du patriarche de Moscou dans la cathédrale du Christ-Sauveur.
Etaient présents (dans l’ordre des dyptiques) :
le Patriarche et Pape Théodore d’Alexandrie et de toute l’Afrique,
le Patriarche Théophile de Jérusalem,
le Patriarche Cyrille de Moscou et de toutes les Russies,
le Catholicos-Patriarche Ilia de Georgie,
le Patriarche Néophyte de Sofia,
le Patriarche Irénée de Serbie,
le Métropolite Sawa de Varsovie,
l’archevêque Chrysostome de Nova Justiniana et de tout Chypre,
le Métropolite Tikhon de toutes les Amériques.
Etaient représentés par des délégués : le Patriarche œcuménique de Constantinople (par le Métropolite Emmanuel), le Patriarche d’Antioche, celui de Roumanie, ainsi que les Eglises orthodoxe d’Albanie et de Tchéquie-Slovaquie.
La divine liturgie fut célébrée par Sa Sainteté le patriarche d’Alexandrie Théodore II, plus haut dignitaire présent, puisque son patriarcat est l’un des trois premiers fondés dès l’origine du christianisme (Rome, Antioche, Alexandrie), quand bien même l’Eglise orthodoxe melkite d’Alexandrie, chacédonienne, demeura très minoritaire en Egypte face aux Coptes monophysites (de 1517 à 1811, le patriarche résidait à Constantinople, faute de fidèles en nombre suffisant sur place). Au XIXème siècle, le renouveau du patriarcat orthdoxe melkite d’Alexandrie est dû à la politique d’Ali Pacha favorisant l’implantation de grecs en Egypte. Une hiérarchie locale fut restaurée en Egypte entre 1900 et 1925 par le patriarche Photios. Confrontés au départ des grecs après la chute de la monarchie égyptienne, les patriarches d’Alexandrie du XXème siècle se sont attachés à créer des missions dans tout le continent africain, favorisant l’adoption des langues vernaculaires pour la liturgie. Le patriarche Pierre VII (1996 † 2004) développa en particulier ces missions, créant des diocèses au Nigeria, au Ghana, à Madagascar, en Zambie, avant de périr tragiquement dans un accident d’avion au Mont Athos avec les membres de son saint synode. L’actuel patriarche Théodore II d’Alexandrie et de toute l’Afrique est Crétois de naissance et a effectué une partie de ses études à Odessa. Il s’est illustré en fondant plusieurs centres missionnaires lorsqu’il était métropolite du Cameroun puis du Zimbabwe et de l’Angola.
Le patriarche Théodore d’Alexandrie et le patriarche Cyrille de Moscou.
Ce samedi 6 juillet 2013, M. l’Abbé Charles Gauthey, fssp, ordonné une semaine auparavant, chantait sa première messe solennelle en la magnifique cathédrale d’Autun (Bourgogne).
Le nouveau prêtre, assisté de M. l’Abbé Giard, fssp, pendant le chant de l’évangile par le diacre.
Le nouveau prêtre au récit de l’Institution du canon de la messe.
La sainte messe fut célébrée avec un grand concours de clergé et de fidèles.
Après la messe, devant les portes de la cathédrale d’Autun.
Le clergé sous le portail de la cathédrale d’Autun, chef d’œuvre de l’art roman français.
Crédit photographique : M. Bruno Vechambre, que nous remercions ici vivement.
La messe de ce lundi 24 juin 2013 a été célébrée par M. l’Abbé Chapeau, prêtre, assisté par M. l’Abbé Baumann, diacre et par M. l’Abbé de Nedde, sous-diacre.
Dimanche 2 juin dernier se célébrait la solennité de la fête du Très-Saint Corps du Christ, appelée couramment Fête-Dieu.
L’enregistrement de cette messe :
Montée à l’autel, après les prières au bas de celui-ci. Introíbo ad altáre Dei. Ad Deum, qui lætíficat juventútem meam. Je monterai à l’autel de Dieu, du Dieu qui réjouit ma jeunesse.
A l’introït. Cibavit * eos ex ádipe fruménti, alleluia : et de petra, melle saturávit eos, alleluia, alleluia. Il les a nourris de la fleur du froment, alléluia, et il les as rassasié du miel du rocher, alléluia, alléluia.
Imposition de l’encens avant l’évangile, pendant le chant de la séquence Lauda Sion. Ecce panis Angelórum, Factus cibus viatórum, Vere panis filiórum, Non mitténdus cánibus. Voici le pain des Anges,
Rendu pain des voyageurs de ce monde,
Il est le pain véritable des fils
Qu’on ne doit pas jeter aux chiens.
Encensement de l’évangile. Caro mea vere est cibus et sanguis meus vere est potus. Qui mandúcat meam carnem et bibit meum sánguinem,
in me manet et ego in illo. Ma chair est vraiment une nourriture, et mon sang est vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang, demeure en moi, et moi en lui.
A l’offertoire, préparation des oblats. Sacerdótes * Dómini incénsum et panes ófferunt Deo : et ídeo sancti erunt Deo suo, et non pólluent nomen ejus, alleluia. Les prêtres du Seigneur offrent l’encens et les pains à Dieu ;
et c’est pourquoi ils seront saints devant Dieu pour ne pas souiller son nom, alléluia.
Encensement du célébrant lors des encensements de l’offertoire. Dirigátur, Dómine, orátio mea, sicut incénsum, in conspéctu tuo : elevátio mánuum meárum sacrifícium vespertínum. Que ma prière, Seigneur, s’élève comme l’encens devant ta face, & l’élévation de mes mains soit un sacrifice vespéral.
Fin de l’offertoire. Súscipe, sancta Trinitas, hanc oblatiónem, quam tibi offérimus ob memóriam passiónis, resurrectiónis, et ascensiónis Jesu Christi, Dómini nostri. Reçois, sainte Trinité, cette oblation que nous t’offrons en mémoire de la passion, de la résurrection, & de l’ascension de notre Seigneur Jésus-Christ.
A la secrète de la messe. Ecclésiæ tuæ, quæsumus, Dómine, unitátis et pacis propítius dona concéde : quæ sub oblátis munéribus mystice designántur. Accorde à ton Eglise, Seigneur, dans ta bienveillance les dons de l’unité et de la paix, qui sont mystiquement signifiés par ces offrandes que nous te présentons.
Communion des fidèles. Quotiescúmque manducábitis panem hunc, et cálicem bibétis, mortem Dómini annuntiábitis, donec véniat : ítaque quicúmque manducáverit panem, vel bíberit cálicem Dómini indígne, reus erit córporis et sánguinis Dómini, alleluia. Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez à cette coupe, vous annoncez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. Ainsi, quiconque mange de ce pain ou boit la coupe du Seigneur indignement devra répondre du corps et du sang du Seigneur, alléluia.
Les chantres de la Schola Sainte Cécile à la tribune. Adoro te supplex, latens Déitas, Quæ sub his figúris vere látitas : Tibi se cor meum totum súbjicit, Quia te contémplans totum déficit. Je vous adore humblement, Déité cachée, réellement présente sous ces figures : à vous mon cœur se soumet tout entier, car en vous contemplant, tout entier il défaille.
Merci de tout cœur à Gonzague B. pour son excellent travail photographique et Nicholas K. pour son enregistrement sonore !
Le 29 mai dernier, la paroisse Saint-Eugène – Sainte-Cécile faisait un pèlerinage à Notre-Dame de Paris, afin d’y célébrer la messe votive de la dédicace, dans le cadre du 850ème anniversaire de la construction de l’actuelle cathédrale, et pour obtenir les grâces de l’indulgence plénière liée à l’année de la foi.
L’enregistrement de la messe :
(Nota, l’enregistreur est placé près de fidèles, et non de la schola – on entend donc ceux-ci répondre en premier plan).
Entrée du clergé dans le chœur de la cathédrale, tandis que la schola chante le début du grand motet Dominus regnavit de Jean-Joseph Cassanea de Mondonville.
La procession arrive au sanctuaire de Notre-Dame.
Le messe solennelle célébrée au maître-autel de la cathédrale.
Encensement du célébrant par le diacre après le chant de l’évangile.
Aux encensements de l’offertoire.
Encensement du célébrant à l’offertoire.
Le chœur de la cathédrale pendant le canon.
L’élévation du Corps du Seigneur.
Le Corps très précieux de notre Sauveur.
L’élévation du Très-Précieux Sang de notre Seigneur & Sauveur.
Le célébrant, assisté de ses ministres diacre & sous-diacre.
Détail de la chasuble portée par M. le Curé de Saint-Eugène – Sainte-Cécile.
Vue du chœur de la cathédrale pendant le baiser de paix.
Départ du clergé après la messe.
Station devant la statue de Notre Dame de Paris. Le chœur chante le Magnificat royal, celui-là même qu’entendit Paul Claudel à cet endroit au secondes vêpres de Noël 1886 lorsqu’il reçut la grâce de la conversion.
Merci de tout cœur à Gonzague B. pour son sublime travail photographique et Nicholas K. pour son enregistrement sonore !
Aimer la France
Homélie à Notre-Dame de Paris de M. le Curé de Saint-Eugène
Pèlerinage à Notre-Dame de Paris
Mercredi 29 mai 2013
Mes frères,
Nous sommes ici ce soir à la cathédrale Notre-Dame de Paris, pour nous associer à un grand anniversaire de sa construction : il y a 850 ans, la première pierre de cette église était posée en présence du pape Alexandre III, du roi Louis VII, et de l’évêque de Paris, Maurice de Sully, initiateur du projet. C’était au XIIe siècle. Il a fallu 109 années pour achever cet édifice.
L’intention de l’évêque de Paris était de donner au clergé de la ville et au peuple fidèle une église-mère où tous pourraient mieux honorer le Seigneur. En même temps qu’il élevait cette nouvelle cathédrale, Maurice de Sully édifiait aussi dans Paris des églises, des abbayes, des hospices et des léproseries. Lui-même est mort après avoir distribué ses biens pour ses fondations dans le diocèse, pour l’achèvement de la cathédrale, et pour les pauvres de Paris. Ce grand évêque était né d’une pauvre famille de bûcherons des bords de Loire. Il a marqué son temps, comme l’ont fait ses successeurs, Eudes de Sully et Guillaume d’Auvergne. Son soutien à saint Thomas Becket, l’archevêque de Cantorbery affronté au roi Henri II d’Angleterre, a confirmé l’importance que prenait le siège épiscopal de Paris comme centre intellectuel de la chrétienté.
Maurice de Sully a lancé au cœur de Paris cette nouvelle cathédrale qui, bénie par le pape et parrainée par le roi, ne pouvait pas ne pas se lier à l’histoire de la nation tout entière. C’est ici que saint Louis, dans une procession solennelle, est entré pieds nus vêtu d’une simple tunique, en portant dans ses mains la couronne d’épine qu’il exposa sur l’autel à la vénération des fidèles. C’est ici que Charles VII a fait célébrer par un Te Deum la reprise de Paris, et que s’est ouvert le procès de réhabilitation de Jeanne d’Arc. C’est ici qu’à la révolution tous les autels ont été détruits, le mobilier du culte, les statues, les tableaux anéantis ou dispersés, le maître autel transformé en autel de la déesse Raison en 1793, tandis que le culte catholique était interdit à Paris, et que Notre-Dame était transformée en entrepôt. Cela dura pendant neuf années. Après ce temps, la cathédrale fut rendue au culte catholique.
Et c’est ici que Napoléon Bonaparte s’est lui-même sacré empereur en présence du pape Pie VII. Malheureusement, l’état de délabrement du bâtiment était tel que les autorités publiques songèrent peu à peu à sa destruction. Mais cet édifice avait été voulu pour le peuple de Paris. Et c’est du peuple qu’est venu son salut : c’est certainement le roman de Victor Hugo Notre-Dame de Paris et son succès immense qui a créé un large mouvement populaire en faveur de la cathédrale. « Vaste symphonie en pierre – écrit Victor Hugo en 1831 – œuvre colossale d’un homme et d’un peuple, tout ensemble une et complexe… produit prodigieux… de toutes les forces d’une époque… sorte de création humaine, en un mot, puissante et féconde comme la création divine dont elle semble avoir dérobé le double caractère : variété, éternité ».
C’est ici qu’a retenti le Te Deum pour la victoire de 1945, et qu’ont été célébrées les funérailles des maréchaux célèbres et des grands hommes de la Nation. Le pape Jean-Paul II est venu deux fois visiter Notre-Dame. Le pape Benoît XVI est venu en septembre 2008. Et il y a tout ce qu’il faudrait dire encore…
Mais à Notre-Dame de Paris, tous ces grands événements dispersés dans le temps se rassemblent et se résument dans la profondeur de Dieu et dans la réflexion qu’il inspire.
Car c’est ici que le dominicain Lacordaire en 1841 prononça son discours sur la vocation divine de la France. « Nous appartenons tous à deux cités – disait-il – nous avons tous deux patries… la cité spirituelle et la cité temporelle, la patrie de la foi et la patrie du sang… Et quoique distinctes, ces deux patries ne sont pas ennemies l’une de l’autre… bien loin de là : elles sont unies comme l’âme et le corps sont unis. Et de même que l’âme aime le corps, bien que le corps se révolte souvent contre elle, de même la patrie de l’éternité aime la patrie du temps et prend soin de sa conservation, bien que celle-ci ne réponde pas constamment à son amour ». Mes frères, à cette justesse de vue ajoutons simplement que c’est l’âme qui apporte la vie et qui la donne au corps, et non l’inverse. Entre la patrie céleste et la patrie terrestre il y a donc un ordre de priorité pour ce qui est de donner la vie.
Les deux patries ne sont pas à égalité lors même qu’elles fraternisent. Sainte Thérèse de l’enfant Jésus le dit suffisamment au Christ : « Ta face est ma seule patrie ». Or pourtant, nous le savons, sainte Thérèse s’est identifiée mystiquement à sainte Jeanne d’Arc dans un même amour immense pour la France. Cela, parce que, pour paraphraser Lacordaire, il peut arriver qu’entre la patrie céleste et la patrie terrestre il se forme un dévouement réciproque, et que de la fraternité des deux naisse une sorte de patriotisme surnaturel. David et tous les prophètes, et saint Paul avec eux, ont été remplis d’élan patriotique pour Israël. Et notre Seigneur lui-même a pleuré amèrement sur Jérusalem à la pensée qu’un jour elle serait déportée. Jeanne d’Arc et Thérèse ont nourri les mêmes sentiments pour la France. Et ici à Notre-Dame de Paris, Dieu entretient en nous ce même amour.
Dans cet amour nous comprenons que ce n’est pas la patrie terrestre qui doit naturaliser la foi et peu à peu réduire Dieu à un phénomène psychologique et culturel parmi d’autres, mais que c’est la foi qui doit surnaturaliser le service de la patrie pour que cette patrie apprenne à respecter les droits de Dieu dans tous ses enfants, sous peine de s’égarer peu à peu loin de la justice et de la vérité.
Il n’appartient pas à la patrie terrestre de définir et de décider par elle-même, par voix légale, au besoin parlementaire, qui a le droit de vivre et qui ne l’a pas, qui a le droit de connaître ses origines et qui ne l’a pas. A travers la légalisation de l’avortement, et aujourd’hui la légalisation du mariage homosexuel conduisant logiquement tôt ou tard à la procréation artificielle des enfants, le législateur français construit la patrie terrestre sur le meurtre et la blessure des plus petits des siens. Mais ici, à Notre-Dame, les veillées de prière pour la vie rassemblent des fidèles de toute l’île de France, pour demander à Dieu la grâce de mener le combat pour la vie dans la persévérance, l’énergie et la dignité. C’est ici qu’on prend conscience – en ces jours où nous sommes – que l’amour surnaturel pour la France, pour ses grandeurs et pour sa liberté, veut dire très concrètement le même amour égal pour tous ses enfants, y compris les plus faibles dans leur droit à la vie et à leurs origines.
Beau combat où il faut écouter, argumenter, réfuter, promouvoir. Beau combat où il faut montrer la vraie vie conjugale et familiale, fondée sur la nature des corps, face à ses contrefaçons fondées sur les besoins de l’ego.
Lors de l’inauguration des célébrations du jubilé, le 8 décembre dernier, le cardinal archevêque de Paris rappelait que le péché originel a défiguré la relation entre Adam et Eve. Disons qu’aujourd’hui c’est bien le péché, mensonger dès l’origine, qui voudrait au nom de la loi dénaturer cette relation entre l’homme et la femme, et sa fécondité. Mais la France résiste, plus que d’autres pays. Et elle résistera encore, dans la durée, avec autant de force que d’intelligence, jusqu’au jour où les lames de fond qu’on veut faire passer pour des feux de paille la remettront debout, grandie par ses épreuves.
Dans son récent discours à l’Académie des Sciences Morales et Politiques, le cardinal archevêque de Lyon relève que les autorités romaines ont été impressionnées par l’attitude des catholiques de France face aux réformes du mariage et de la filiation. Et ces autorités romaines ont remercié les évêques en visite ad limina pour leur appel à la prière, au jeûne et à la réflexion menée avec des juristes, des éducateurs, des philosophes, des psychologues et des représentants des autres religions. Et le cardinal de Lyon de voir que dans cette attitude exemplaire il y a peut-être cette France « éducatrice des peuples », comme l’a nommée le pape Jean-Paul II en 1980.
C’est que cette France est aussi la « fille aînée de l’Eglise » – même si ce titre est tardif et sans doute imputable à Lacordaire ici à Notre-Dame en 1841 seulement – « fille aînée de l’Eglise » parce qu’elle a soutenu régulièrement le Saint-Siège du XIIIe au XIXe siècle, et surtout parce qu’elle a soutenu et soutient encore l’Eglise dans le monde entier par son dynamisme missionnaire, spirituel et intellectuel. Toutes les œuvres pontificales et missionnaires sont parties de France. Et qu’a-t-il fallu d’Esprit-Saint pour qu’un jeune Théophane Vénard s’écrie à neuf ans : « Moi aussi je veux aller au Tonkin. Moi aussi je veux être martyr » ! Voilà cette France fervente et missionnaire. Mais France indissociablement priante et pensante. Dès le XIIIe siècle, elle était appelée « le four où cuit le pain intellectuel du monde entier », cette nation dont le pape Paul VI aimait à redire que « le Français exerce la magistrature de l’universel. » Si souvent, mes frères, le regard que nous portons sur notre pays et sur notre église gagne à être élargi par le regard que les autres portent sur la France. Que jamais nous ne perdions cet élan et cet appel qui nous ouvrent à l’Eglise universelle et à la vraie vie. C’est là notre vocation de français.
Nous serons fidèles à cette vocation aussi longtemps qu’aux pieds de Notre-Dame, en ce lieu le plus visité du monde, nous serons les enfants de l’épouse du Christ qui récapitule en lui tout ce qui est humain et tout ce qui est divin, tout ce qui est sur terre et tout ce qui est au ciel. Nous serons fidèles à notre vocation de français, insufflant à leurs compatriotes l’amour de la vérité, aussi longtemps que nous serons les enfants de celle qui a la Vierge Marie pour mère, l’Ecclesia Catholica. Voilà notre assurance et voilà notre avenir. Que Dieu les bénisse et qu’il fasse de nous ses témoins.
Abbé Patrick Faure, Curé de Saint-Eugène-Sainte-Cécile