Vous êtes chanteurs ou instrumentistes et vous souhaitez vous engager au service de la liturgie traditionnelle, n’hésitez pas à nous rejoindre !

La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

Nous offrons des cours de chant gratuits chaque samedi de 16h30 à 17h30 : travail du souffle, pose de voix, vocalises, découverte du chant grégorien et du chant polyphonique.

Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

Votre enfant a entre 8 et 15 ans et souhaite chanter ? Inscrivez-le aux Petits Chantres de Sainte Cécile (filles et garçons). Répétitions le mercredi à 18h30 et le dimanche à 10h30.

Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles le jour de l’Epiphanie

La publication de la date de Pâques dans le Pontificale Romanum.

L’Epiphanie étant la dernière fête du Temporal avant le cycle pascal, le Pontifical Romain (Pars III. De publicatione festorum mobilium in Epiphania Domini) fait publier solennellement au jour de cette fête, dans les églises cathédrales, la date de Pâques et des principales fêtes mobiles de l’année. Cette publication, selon des usages locaux, peut également se faire dans les églises principales et les églises paroissiales.

HISTOIRE – Cette tradition remonte aux tous premiers temps de l’Eglise. Le Patriarche d’Alexandrie, où se trouvaient les plus habiles astronomes de la chrétienté, avait la mission d’envoyer la date de la solennité pascale aux autres Patriarches orientaux et au Souverain Pontife, lequel en informait les métropolites d’Occident.

Le Concile de Nicée passe pour avoir formalisé la coutume. Bien qu’il ne soit pas fait mention de la fixation de la date de Pâques dans les canons du Concile de Nicée qui nous ont été conservés, on sait que la question a été débattue et tranchée par le concile grâce à trois textes : une lettre de l’empereur Constantin, une lettre synodale pour l’Eglise d’Alexandrie et une lettre de saint Athanase écrite en 369 aux évêques d’Afrique. Au Vème siècle, Cyrille d’Alexandrie aurait écrit une épître pascale dans laquelle il indiquait : “le concile oecuménique vota à l’unanimité que l’Église d’Alexandrie, du fait de ses illustres astronomes, devrait communiquer chaque année à l’Église de Rome la date de Pâques, et Rome la communiquerait aux autres Églises”. Toutefois, il n’est pas certain que ce passage se réfère au premier concile de Nicée.

Beaucoup de Pères de l’Eglise des premiers siècles parlent de cette annonce de la date de Pâques lors de la fête de l’Epiphanie. Le IVème concile d’Orléans de 541 et celui d’Auxerre de 578 en ont étendu l’usage en Gaule : on consultera à ce propos le Canon qui se lisait à prime de l’Epiphanie dans l’ancien bréviaire parisien.

Bien vite, les évêques prirent l’habitude de publier chaque année, le 6 janvier, une epistola festivalis, lettre pastorale dans laquelle étaient annoncées étaient annoncées aux fidèles les dates de Pâques et des fêtes mobiles de l’année courante.

Le rit romain, possède, pour cette publication, une formule (le “Noveritis”) assez développée qui se chante à l’Epiphanie : à la proclamation de la date de Pâques sont également ajoutées celles de la Septuagésime, du mercredi des Cendres, du synode diocésain, de l’Ascension, de la Pentecôte et du premier dimanche de l’Avent. Le récitatif romain utilise le même ton que l’Exultet de la Vigile pascale, ce qui confère un avant-goût de la joie pascale à l’annonce de la date de Pâques.

REGLES LITURGIQUES – Dans le rit romain, le “Noveritis” est chanté en la fête de l’Epiphanie dans les cathédrales (et par usage dans les églises paroissiales) après l’évangile de la messe la plus solennelle du jour. La proclamation en est faite par l’Archidiacre, ou bien, selon l’usage des lieux, par le chanoine préchantre ou par un autre chanoine. Revêtu de la chape blanche, celui qui est désigné pour cet office se rend à l’ambon ou au pupitre de l’évangile, paré d’une étoffe de soie blanche.

CHANT – Voici les pages du Pontifical Romain présentant le chant du Noveritis :

TEXTE & CHANT – En voici le texte noté pour 2014, réalisé cette fois par nos soins :

Noveritis Romanum 2104

Traduction pour 2014 :

Vous avez su, Frères très chers, par la miséricorde de Dieu qui nous a été annoncée, que nous avons été comblés par la Nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ, ainsi de même nous vous annonçons la joie qui nous sera procurée par la Résurrection de notre même Sauveur.

  • Le 16 février sera le dimanche de la Septuagésime.
  • Le 5 mars sera le jour des Cendres et le début du jeûne très sacré du Carême.
  • Le 20 avril sera la sainte Pâque de Notre Seigneur Jésus-Christ, que vous célèbrerez avec joie.
  • Le 29 mai sera l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.
  • Le 8 juin sera la fête de la Pentecôte.
  • Le 19 du même mois sera la fête du Très Saint Corps du Christ.
  • Le 30 novembre sera le premier dimanche de l’Avent de Notre Seigneur Jésus-Christ, à qui est l’honneur et la gloire, dans les siècles des siècles. Amen.

    RIT PARISIEN

    L’ancien rit parisien avait conservé une formule très courte, sur un récitatif très simple, dans laquelle seule la date de Pâques est proprement annoncée ; tout cela possède sûrement une saveur très antique, et cette rédaction est sans doute antérieure à celle – plus développée – actuellement en usage dans le rit romain. Dans l’ancien rit parisien, le Noveritis était chanté dans chaque paroisse par le diacre, face à l’Orient, immédiatement après le chant de l’évangile au jubé, sans changement d’ornement.

    Nóverit cáritas vestra, fratres caríssimi, quod, annuénte Dei & Dómini nostri Jesu Christi misericórdia, die N. mensis N. Pascha Dómini celebrábimus.

    En voici le chant dans le Missale Parisiense de 1766 de Mgr Charles Gaspard Guillaume de Vintimille du Luc :

    Voici le chant de l’ancien usage de Paris, pour 2014 :

    Noverit Parisiense 2014

    En voici la traduction pour 2014 :

    Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 20 avril nous célèbrerons la Pâque de Seigneur.

    RIT AMBROSIEN

    Le rit ambrosien possède quasiment la même formule que le parisien, on y répond Deo gratias. Les cantilènes parisiennes et milanaises présentent des ressemblances, en particulier la cadence finale. Comme dans les autres rits, l’annonce en est faite après l’évangile de la messe de l’Epiphanie. En voici la rubrique & le texte :
    Indictio Paschalis. – Mox Diaconus annunciat Pascha Resurrectionis, quo die, et mense sit futurum, hoc modo :
    Nóverit cháritas vestra, fratres charissimi, quod, annuente Dei & Domini nostri Jesu Christi misericórdia, die N., mensis N., Pascha Domini cum gaudio celebrábimus. ℟. Deo grátias.

    En voici le chant dans le Missale Ambrosianum de 1712 de S.E. Joseph, cardinal Archinti, archevêque de Milan :

    Voici le chant pour le rit ambrosien, pour 2014 :

    Noverit Ambrosianum 2014

    En voici la traduction pour 2014 :

    Votre charité saura, Frères très chers, que, par la miséricorde de Dieu & de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous a été annoncée, le 20 avril, nous célèbrerons avec joie la Pâque de Seigneur. ℟. Rendons grâces à Dieu.

    VOIR AUSSI SUR CE SITE :

    Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2010.
    Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2011.
    Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2012.
    Publication de la date de Pâques & de celles des fêtes mobiles de l’année 2014.

  • Canon de l’Epiphanie

    Dans l’ancien bréviaire parisien, on lisait les dimanches & jours de fêtes à la fin de l’office de prime un Canon tirés des décisions des saints Conciles. Voici celui de l’Epiphanie :

    CANON

    Du IV. Concile d’Orléans, l’an 541, c. 1, & du Concile d’Auxerre, sous S. Aunaire, l’an 578, c. 2.

    Le Concile, guidé par l’inspiration d’un Dieu plein de bonté pour les hommes, a statué que les prêtres célébrassent dans le même temps la sainte Pâque, & qu’on annonçât tous les ans au peuple dans l’Eglise le jour de l’Epiphanie cette fête solennelle… Que les prêtres envoient avant l’Epiphanie des députés à l’évêque pour être informés de sa part du commencement du carême, & pour pouvoir en instruire les fidèles le jour de l’Epiphanie.

    Canon de l'Epiphanie - L'Adoration des Mages - Bernardino Luini c 1520 Musee du Louvre

    Le vœu de Louis XIII

    Déclaration du Roi par laquelle Sa Majesté déclare
    qu’elle a pris la Très Sainte et Glorieuse Vierge
    pour protectrice spéciale de son royaume

    (10 février 1638)

    Le vœu de Louis XIII par Philippe de Champaigne

    Louis, par la grâce de Dieu,
    roi de France et de Navarre,
    A tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut.

    Dieu qui élève les rois au trône de leur grandeur, non content de nous avoir donné l’esprit qu’il départ à tous les princes de la terre pour la conduite de leurs peuples, a voulu prendre un soin si spécial et de notre personne et de notre état, que nous ne pouvons considérer le bonheur du cours de notre règne, sans y voir autant d’effets merveilleux de sa bonté, que d’accidents qui nous pouvaient perdre.

    Lorsque nous sommes entré au gouvernement de cette couronne, la faiblesse de notre âge donna sujet à quelques mauvais esprits d’en troubler la tranquillité ; mais cette main divine soutint avec tant de force la justice de notre cause que l’on vit en même temps la naissance et la fin de ces pemicieux desseins. En divers autres temps, l’artifice des hommes et la malice du diable ayant suscité et fomenté des divisions non moins dangereuses pour notre couronne que préjudiciables au repos de notre maison, il lui a plu en détourner le mal avec autant de douceur que de justice.

    La rebellion de l’hérésie ayant aussi formé un parti dans l’Etat, qui n’avait d’autre but que de partager notre autorité, il s’est servi de nous pour en abattre l’orgueil, et a permis que nous ayons relevé ses saints autels en tous les lieux où la violence de cet injuste parti en avait ôté les marques.

    Quand nous avons entrepris la protection de nos alliés, il a donné des succès si heureux à nos armes, qu’à la vue de toute l’Europe, contre l’espérance de tout le monde, nous les avons rétablis en la possession de leurs états dont ils avaient été dépouillés.

    Si les plus grandes forces des ennemis de cette couronne, se sont ralliées pour conspirer sa ruine, il a confondu leurs ambitieux desseins pour faire voir à toutes les nations que, comme sa providence a fondé cet Etat, sa bonté le conserve et sa puissance le défend.

    Tant de grâces si évidentes font que pour n’en différer pas la reconnaissance, sans attendre la paix, qui nous viendra sans doute de la même main dont nous les avons reçues, et que nous désirons avec ardeur pour en faire sentir les fruits aux peuples qui nous sont commis, nous avons cru être obligés, nous prosternant aux pieds de sa majesté divine que nous adorons en trois personnes, à ceux de la Sainte Vierge et de la sacrée croix, où nous vénérons l’accomplissement des mystères de notre Rédemption par la vie et la mort du fils de Dieu en notre chair, de nous consacrer à la grandeur de Dieu par son fils rabaissé jusqu’à nous, et à ce fils par sa mère élevée jusqu’a lui ; en la protection de laquelle nous mettons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et tous nos sujets pour obtenir par ce moyen celle de la Sainte-Trinité, par son intercession et de toute la cour céleste par son autorité et exemple, nos mains n’étant pas assez pures pour présenter nos offrandes à la pureté même, nous croyons que celles qui ont été dignes de le porter, les rendront hosties agréables et c’est chose bien raisonnable qu’ayant été médiatrice de ces bienfaits, elle le soit de nos actions de grâces.

    A ces causes, nous avons déclaré et déclarons que prenant la très sainte et très glorieuse Vierge pour protectrice spéciale de notre royaume, nous lui consacrons particulièrement notre personne, notre Etat, notre couronne et nos sujets, la suppliant de nous vouloir inspirer une sainte conduite et de défendre avec tant de soin ce royaume contre l’effort de tous ses ennemis, que, soit qu’il souffre du fléau de la guerre ou jouisse de la douceur de la paix que nous demandons à Dieu de tout notre cœur, il ne sorte point des voies de la grâce qui conduisent à celles de la gloire. Et afin que la posterité ne puisse manquer à suivre nos volontés en ce sujet, pour monument et marque immortelle de la consécration présente que nous faisons, nous ferons construire de nouveau le grand autel de la cathédrale de Paris avec une image de la Vierge qui tienne dans ses bras celle de son précieux Fils descendu de la Croix , et où nous serons représenté aux pieds du Fils et de la Mère comme leur offrant notre couronne et notre sceptre.

    Nous admonestons le sieur Archevêque de Paris et néanmoins lui enjoignons que tous les ans le jour et fête de l’Assomption, il fasse faire commémoration de notre présente déclaration à la grand’messe qui se dira en son église cathédrale, et qu’après les vêpres du dit jour, il soit fait une procession en la dite église à laquelle assisteront toutes les compagnies souveraines et le corps de ville, avec pareille cérémonie que celle qui s’observe aux processions générales les plus solennelles ; ce que nous voulons aussi être fait en toutes les églises tant paroissiales que celles des monastères de la dite ville et faubourg, et en toutes les villes, bourgs et villages du dit diocèse de Paris.

    Exhortons pareillement tous les archevêques et évêques de notre royaume et néamnoins leur enjoignons de faire célébrer la même solennité en leurs églises épiscopales et autres églises de leur diocèse ; entendant qu’à la dite cérémonie les cours de Parlement et autres compagnies souveraines et les principaux offciers de la ville y soient présents ; et d’autant qu’il y a plusieurs épiscopales qui ne sont pas dédiées à la Vierge, nous exhortons les dits archevêques et évêques en ce cas de lui dédier la principale chapelle des dites églises pour y être fait la dite cérémonie et d’y élever un autel avec un ornement convenable à une action si célèbre et d’amonester tous nos peuples d’avoir une dévotion particulière à la Vierge, d’implorer en ce jour sa protection afin que sous une si puissante patronne notre royaume soit à couvert de toutes les entreprises de ses ennemis, qu’il jouisse largement d’une bonne paix ; que Dieu y soit servi et révéré si saintement à la dernière fin pour laquelle nous avons été créés ; car tel est notre bon plaisir. Donné à Saint-Germain-en-Laye, le dixième jour de février, l’an de grâce mil six cent trente-huit, et de notre règne le vingt-huit.

    Signé : LOUIS

    Notes de lecture – Ante Altaria

    Ante Altaria par Matthieu Smyth

    Matthieu Smyth
    Ante altaria
    les rites antiques de la messe dominicale
    en Gaule, en Espagne & en Italie du Nord
    Paris, Cerf, 2007.

    Ante Altaria – Matthieu Smith – 23,75 €

    Un grand merci à Marc B********* qui m’a fait cadeau de cet ouvrage. Comment pouvait-il savoir qu’il touchait un de mes sujets de prédilection ? 😉

    Dans Ante altaria, Matthieu Smyth s’attache à reconstruire l’ordo de la liturgie dominicale dans l’Occident non romain, plus spécialement en Gaule, en Espagne & en Italie du Nord, avec des incursions dans l’Irlande celtique & l’Afrique du Nord chrétienne.

    L’évidente parenté des rits gallicans, hispaniques, celtiques & dans une moindre mesure ambrosien, avait depuis longtemps frappés les savants liturgistes. C’est cette proximité historique rituelle que Matthieu Smyth expose ici. En cours d’ouvrage, sa démonstration finit par se centrer surtout sur l’ordo de l’ancien rit des Gaules, les parallèles avec le rit mozarabe, celtique ou ambrosien – souvent plus documentés – ne sont souvent effectués que pour corroborer tel point de l’ordo missæ gallican supprimé par Pépin le Bref & Charlemagne.

    Ce travail de reconstruction & d’exposition est parfaitement conduit & rejoint même sur des points de détail inattendus les travaux de Mgr Jean de Saint-Denys. L’analyse de l’anaphore gallicane est tout particulièrement remarquable. Matthieu Smyth identifie dans le Post sanctus gallican la présence archaà¯que d’un récit non scripturaire de l’institution, du type Qui formam sacrificii instituit (« Lui qui, instituant la forme de ce sacrifice éternel, s’est offert lui-même le premier comme hostie & enseigna en premier à l’offrir » Missale Gothicum 514 ). Smyth y voit la subsistance d’une rédaction primitive du canon antérieure au récit de l’institution. Serait-ce le chaînon manquant entre les anaphores archaïques d’Addaï & Mari, ou de Saint Marc, et celles postérieures à Nicée ?

    L’auteur souligne à bon droit les originalités de l’ordo missæ gallican (place des diptyques à l’offertoire, baiser de paix avant le canon), montrant par là même que sa structure archaà¯que confère une meilleure clarté d’ensemble dans l’enchaînement des diverses parties de la messe. C’est aussi à ma connaissance le premier auteur à souligner (& à démontrer !) l’extrême concision de la liturgie gallicane antique, là où tous stigmatisent d’ordinaire le caractère ampoulé des formulations liturgiques.

    L’auteur souligne à juste titre la forte influence orientale (& syrienne en particulier) sur les liturgies de la sphère d’influence gallicane. On regrettera qu’il ne tente pas de s’interroger sur la nature des liens historiques ayant pu fonder cette influence. L’auteur oppose ainsi de façon quasi constante les liturgies du « groupe » gallican au rit de Rome (mobilisant, sans trop le dire (sinon incidemment) la vieille typologie « liturgie de type antiochien » & « liturgie de type alexandrin »). A force de le lire, on a tout de même un peu l’impression que Rome se retrouve dans un superbe isolement loin de la symphonie de tous les autres rits occidentaux, qui harmonieusement s’influencent les uns les autres. Rome n’est pas un hapax : ainsi, il me semble qu’il y a une communauté d’origine forte entre les liturgies des différentes Eglises d’Italie (& d’Afrique) au IVème siècle. De plus, l’influence de Rome sur la Gaule & au delà a commencé bien avant Charlemagne.

    Bon, il y a un point dans cet ouvrage qui m’agace souverainement, mais je m’y attendais 😉 . L’auteur juge les deux lettres de saint Germain de Paris comme des apocryphes rédigés en Bourgogne vers 750, suivant en cela le préjugé assez commun sur ces deux ouvrages (bon c’est déjà un progrès sur l’opinion commune de ne pas les faire espagnols mais bien gaulois). Ces deux lettres sont en effet fondamentales pour la connaissance & la compréhension de l’ancien rit des Gaules, car saint Germain y décrit assez précisément la liturgie en usage. Du reste, l’auteur les utilise abondamment tout au long de son exposition, témoignant de l’intérêt majeur de ces deux lettres quand beaucoup leur accorde un rôle totalement marginal. Pour Matthieu Smyth, « Germain décrit déjà une liturgie romano-franque profondément hybride » (p. 32). Pour ma part, je ne trouve dans les lettres de saint Germain aucune trace évidente de romanité, bien au contraire. De plus, en cours de lecture, Matthieu Smyth montre dans le détail que la plupart des éléments dont parle Germain sont déjà bien établis au VIème siècle, corroborés par d’autres sources plus anecdotiques. Comme le sujet me passionne, j’ai le projet de donner prochainement sur ce blog le texte latin des deux lettres de saint Germain, une traduction française & mes commentaires point par point.

    L’auteur conclut son livre par un excursus très intéressant sur le chant gallican. On y parle beaucoup bien sûr de l’hybridation des répertoires gallicans & romain lors de la renaissance carolingienne, thèse devenue aujourd’hui très commune. Au passage, Smyth y reprend la thèse à mon avis contestable de dom Jean Claire selon laquelle « le chant prétendu vieux-romain n’est qu’une adaptation – un « remodelage idiomatique » au goût des chantres romains – du répertoire hybride romano-franc ayant reflué sur la Rome affaiblie du haut Moyen à‚ge » (page 159-160). Or une simple comparaison des formules musicales du vieux-romain, de l’ambrosien & du grégorien montre combien celles du grégorien paraissent évoluées en regard de l’extrême archaïsme modal du vieux-romain & de l’ambrosien. D’autre part, Smyth admet lui-même que les pièces n’appartenant pas au répertoire romain primitif (il cite le Trisaghion du Vendredi Saint, l’introït des morts Rogamus te & l’offertoire des morts Domine Jesu Christe) ont été reçues telles quelles dans le chant vieux-romain, sans adaptation mélodique : c’est assez ruiner la thèse qu’il expose. Dans ce dernier chapitre sur le chant, je retiens surtout son analyse très intéressante de la série des offertoires grégoriens non psalmiques à fort caractères sacrificiels, dont il devine une origine gallicane (ou plutôt hispanique).

    Avant de conclure, voici encore quelques remarques plus anecdotiques mais plus « Tradiland ». L’auteur envisage les rits qu’il décrit avec l’arrière plan pratique du nouveau rit moderne actuel. Ainsi, il emploie la terminologie moderne de prière universelle (absente de l’histoire liturgique). Curieusement, il refuse aux litanies byzantines entre l’évangile & la grande entrée le caractère d’oratio fidelis (p. 152) alors que page 70 il reconnaît que c’est avant tout une prière diaconale. Dans le même ordre d’idées, il voit une concélébration (p. 88) là où il n’y en a pas (l’évêque célèbre entouré de son presbyterium) pour ensuite reconnaître page 103 : « L’évêque entame alors la grande prière de louange qui consacre le pain & le vin (comme aujourd’hui encore en Orient, la concélébration ne donnait pas lieu à un chœur parlé clérical) ». C’est assez dire le caractère inouï & anti-traditionnel des concélébrations modernes, qui n’ont jamais été pratiquées nulle part. Enfin, un tradi s’amusera du choix du titre de l’ouvrage par l’auteur : Ante altaria & non Post altaria ! 😀 L’auteur reconnaît l’usage de l’orientation de la prière, montre clairement que le prêtre célébrait devant l’autel (p. 103) & non derrière celui-ci. Il se trompe en revanche en parlant d’une prétendue pratique inverse à Rome (si certains autels papaux paraissent « versus populum », c’est bien justement pour obéir à la loi universelle de la prière vers l’Orient ; les rares autels romains se retrouvant ainsi certes face au peuple mais surtout vers l’Orient, le sont pour des raisons historiques dues aux conditions de constructions de certaines basiliques, mais ce n’est pas la règle des autels romains. Certes, les autels de Gaule semblent plus proches de la muraille que dans les basiliques romaines).

    En conclusion, un exercice fort intéressant de liturgie comparée, bien maîtrisé par l’auteur (même si, à force de comparer des rits parfois très différents, certains passages en perdent parfois en clarté) qui intéressera les passionnés de l’histoire liturgique.

    Henri de Villiers

    Sacré Cœur – Prose parisienne – Offices notés complets de Paris – 1899

    Prose du Sacre Coeur

    1. Fas sit, Christe, mystéria
    Amóris tui pándere ;
    Fas sit alta sacrária
    Cordis tui detégere.
    Que nous puissions, ô Christ, découvrir les mystères de ton amour, et dévoiler l’intérieur du sanctuaire de ton Cœur.
    2. Hic puræ mentes háuriunt
    Ætérnæ fontes grátiæ ;
    Abscónditos repériunt
    Thesáuros sapiéntiæ.
    Ce Cœur est la source où les âmes pures viennent puiser les eaux de la grâce éternelle ; elles y trouvent les trésors cachés de la sagesse.
    3. Templvm in penetrálibus
    Sibímet Numen cónsecrat,
    In quo votis perénnibus
    Paréntem Natus óbsecrat.
    Ce Cœur est un temple que Dieu se réserve ; c’est dans ce sanctuaire que le Fils ne cesse d’adresser ses prières pour nous au Père.
    4. Ardet altári médio
    Agnus replétus grátia :
    Hic ámoris incéndio
    Jugis litátur hóstia.
    Au milieu de l’autel est immolé l’Agneau sans tache ; et cette victime se consume dans les flammes de l’amour.
    5. Datvr vita, patet via ;
    Apéritur et véritas,
    Qua nobis et fit pérvia,
    Et gustátur felícitas.
    Dans ce Cœur nous trouvons la vie, et la voie qui conduit au ciel, et la vérité, avant-goût de la félicité promise.
    6. Qui sítitis justítiam,
    Rebus spretis fallácibus,
    Plenam hauríte grátiam
    De Cordis Christi fóntibus.
    Vous qui avez soif de justice, méprisez les faussetés du monde, et puisez abondamment la grâce dans les sources vives du Cœur du Christ.
    7. Hic floret innocéntia,
    Hic inflammátur cáritas,
    Hic reis datur vénia,
    Hic sanátur infírmitas.
    Ici fleurit l’innocence, ici la charité allume ses feux, ici les coupables trouvent le pardon de leurs fautes, ici sont guéries les infirmités.
    8. Hic casta spirant lília
    Quibus nitéscunt Vírgines ;
    Hic únguntur ad prælia
    Mox coronándi púgiles.
    Ici les lys de la chasteté, qui font la parure des vierges, répandent leurs parfums ; ici les athlètes, qui aspirent à la couronne, viennent prendre des forces pour le combat.
    9. Terræ cedant divítiæ,
    Mundi cedant inánia :
    Nostræ Christus delíciæ,
    Nobis Christus est ómnia.
    Richesses terrestres, allez-vous en ; vanités du monde, allez-vous en ; le Christ seul fait nos délices, le Christ nous tient lieu de tout.
    10. Castis amícum méntibus,
    Jesu Cor amantíssimum,
    Puris amándum córdibus,
    In corde regnet ómnium.
    Que le Cœur très aimant de Jésus fasse toujours la joie et le bonheur des âmes chastes ; que ce Cœur si aimant puisse régner dans le cœur de tous les hommes.
    11. Jesv, qui, lux de lúmine,
    Plenus es sapiéntia,
    De Cordis plenitúdine
    Da fluat in nos grátia.
    Jésus, lumière de lumière, en qui réside la sagesse, fait jaillir sur nous la grâce dont ton Cœur est la source inépuisable.
    12. Qui candor es, fac méntibus
    Lux una nostris fúlgeas :
    Qui cáritas es, córdibus
    Ignis consúmens árdeas.
    Amen. Alleluia.
    Toi qui est bon, sois la seule lumière qui éclaire nos âmes ; toi qui est amour, que ton feu seul consume nos cœurs.
    Amen. Alléluia.

    Concert à Lille #14 – Le programme du concert

    Les chantres de la Schola chantaient les vêpres de la Fête de la Purification & de la Présentation dans le rit parisien sous sa forme au milieu du XVIIIème siècle (époque de Mgr Charles Gaspard Guillaume de Vintimille du Luc (1729†1746)).

    L’orgue de Saint-Martin d’Esquermes était tenu par Nicolas Pichon, titulaire, qui improvisait les différentes parties revenant à l’organiste: entrée, antiennes, versets de l’hymne & du Magnificat, sortie.

    Voici le livret qui fut distribué à l’assistance : Programme du concert du 4 février 2007