Les médias s’étaient fait l’écho des inquiétudes juives avant la publication du motu proprio Summorum Pontificum, lesquelles tenaient en deux points :
la présence de l’oraison demandant la conversion des juifs à la messe des Présanctifiés au Vendredi Saint (notons que cette oraison existe toujours dans le nouveau rit, mais l’idée de conversion en a été habilement diminuée par une formulation politiquement correcte),
l’absence (supposée) de lectures de l’Ancien Testament dans l’ancien rit (cet argument fait sourire quand on pense aux abondantes lectures des féries de carême, aux leçons de matines, ou encore aux prophéties des Quatre-Temps – certes, on pourrait souhaiter la restauration (ad libitum ?) des 12 prophéties de la Vigile pascale, ou mieux encore, la restauration complète de la Vigile de la Pentecôte : ces deux offices ont été amplement mutilés de leurs leçons vétérotestamentaires par les initiatives malheureuses des années 50).
J’ai été en revanche agréablement surpris de voir que le motu proprio suscitait des réactions positives, voire totalement enthousiastes dans la blogosphère tant chez des orthodoxes & que chez des anglicans.
Côté orthodoxe :
Voyez par exemple le blog Ad Orientem, tenu par un orthodoxe américain, qui a sablé le champagne & a diffusé le texte du Pape en titrant son post Te Deum laudamus. Il a aussi réalisé cette charmante composition pour fêter le triple 7, qui tout bien pesé, n’a rien d’une nature morte 😉 :
The Ochlophobist, autre blog orthodoxe américain, se livre à une analyse assez poussée, & parfois assez cinglante : si l’auteur se félicite du motu proprio, propre à un renouveau d’un vrai sensus fidei chez des catholiques par trop infectés de modernisme, il envisage la coexistence des deux rits comme un avatar de la société de consommation.
Côté anglican :
Grand enthousiasme chez les anglicans traditionalistes (si, si, ça existe, il y en a même qui utilisent le missel de saint Pie V) : Te Deum laudamus, titrait lui aussi le blog Anglo-catholic Ruminations. Dans une Eglise anglicane/épiscopalienne en crise profonde depuis l’ordination des femmes, des mouvements anglicans traditionnels sont en pleine structuration & expansion depuis quelques temps.
On pourra aussi lire l’analyse de Kyle Potter, étudiant en théologie à l’université d’Oxford sur son blog Vindicated, lequel pose les trois règles à observer pour mener à bien une révision liturgique :
1. Ne le faites pas.
2. Non, vraiment, ne le faites pas. Posez votre stylo.
3. Si vraiment, vraiment, vous devez absolument & nécessairement réviser la liturgie, parce que le Seigneur vous a parlé, alors faites-le lentement & avec prudence.
🙂