En ce 1200ème anniversaire du retour à Dieu de Charles le Grand (28 janvier 814 / 28 janvier 2014), nous avons le plaisir de mettre en ligne la séquence qui fut composée à Aix-la-Chapelle pour la messe de la fête de saint Charlemagne.
Cette prose est Urbs Aquensis le joyaux de l’office liturgique composé à Aix-la-Chapelle après la canonisation de saint Charlemagne. Ode à la gloire de la ville, sa première strophe fut même gravée en lettres capitales gothiques sur la façade du palais qu’éleva en 1267 à Aix le roi Richard de Cornouailles.
Elle constitue le plus ancien témoin de la liturgie de saint Charlemagne, et était déjà en usage avant 1215, lorsque l’office du saint se faisait non pas encore au 28 janvier mais au 29 décembre.
Dès le XIIIème siècle, cette prose se répandit dans nombre de diocèses d’Occident, soit telle quelle, soit en adaptant le texte de la première strophe. Après une période d’éclipse au cours du XIXème siècle, elle fut remise en usage à Aix-la-Chapelle depuis 1931.
Le chant d’Urbs Aquensis est bien sûr modulé sur celui de la célèbre séquence de la Croix – Laudes Crucis – composée par Adam de Saint-Victor.
Source : Le Prosaire d’Aix-la-Chapelle, Monumenta Musicæ Sacræ III, Rouen, 1961.
Urbs Aquensis, urbs regalis, Regni sedes principalis, Prima regni curia, |
Cité d’Aix, cité royale, Siège principal de la royauté, Palais préféré de nos princes, |
Regi regum pange laudes Quae de magni regis gaudes Caroli praesentia. |
du Roi des rois chante la louange, en ce jour où tu te réjouis de la fête du grand roi Charles. |
Iste coetus psallat laetus, Psallat chorus hic sonorus Vocali concordia. |
Que notre chœur chante dans l’allégresse, que le clergé fasse entendre le mélodieux accord des voix. |
At dum manus operatur Bonum, quod cor meditatur, Dulcis est psalmodia. |
Quand la main est occupée aux bonnes œuvres, ce que le cœur médite est une douce psalmodie. |
Hac in die duo festa Magni regis magna gesta Recolat Ecclesia. |
En ce double jour de fête, que l’Église honore la grande geste du grand roi. |
Reges terrae et omnes populi Omnes simul plaudant et singuli Celebri laetitia. |
Que les rois de la terre et tous les peuples applaudissent ensemble et fassent entendre un unique concert joyeux. |
Hic est Christi miles fortis Et invictae dux cohortis Decem sternit millia. |
C’est ici le fort soldat du Christ, et le chef de l’invincible cohorte qui en renverse dix mille. |
Terram purgat lolio Atque metis gladio Ex messe zizania. |
Il purge la terre de l’ivraie, et de son glaive il affranchit la moisson en extirpant l’ivraie. |
Hic est magnus imperator, Boni fructus bonus sator Et prudens agricola. |
C’est là le grand Empereur, bon semeur d’une bonne semence et prudent cultivateur. |
Infideles hic convertit Fana, deos, hic evertit Et confregit idola. |
Il convertit les infidèles, il renverse temples et dieux, et il brise les idoles. |
Hic superbos domat reges, Hic regnare santas leges Fecit cum justitia. |
Il dompte les rois superbes, il fait régner les saintes lois avec la justice. |
Quam tuetur sine fine Ut et justus, sed nec sine Sit misericordia. |
Les yeux sans cesse fixés sur elle, De sorte qu’en étant juste, il ne soit Cependant pas sans miséricorde. |
Oleo laetitiae unctus dono gratiae Ceteris prae regibus, cum corona gloriae Majestatis regiae, insignitur fascibus. |
Il est sacré de l’huile de liesse, par un don de grâce, plus que tous les autres rois. Avec la couronne de gloire, il reçoit les insignes de l’Impériale Majesté. |
O Rex mundi triumphator, Jesu Christi conregator, Sit pro nobis exorator, Sancte Pater Carole, |
Ô Roi triomphateur du monde, toi qui règnes avec Jésus-Christ, sois pour nous un intercesseur, ô Charles, notre père saint ! |
Emundati a peccatis, Ut in regno claritatis Nos, plebs tua, cum beatis Caeli simus incolae. |
Afin que, purs de tout péché, dans le royaume de la lumière, nous, ton peuple, avec les bienheureux Nous soyons habitants du Ciel. |
Stella maris, ô Maria, Mundi salus, vitae via, Vacillantum rege gressus Et ad Regem des accessus In perenni gloria. |
Étoile de la mer, ô Marie, salut du monde, voie de la vie, dirige nos pas vacillants et donne-nous accès auprès du Roi dans la gloire sans fin. |
Christe, splendor Dei Patris, Incorruptae Fili Matris, Per hunc sanctum, cujus festa Celebramus, nobis praesta Sempiterna gaudia. |
Ô Christ, splendeur de Dieu le Père, fils d’une Mère sans tache, par ce Saint dont nous célébrons la fête, daigne nous accorder l’éternelle joie. |
Amen. | Ainsi soit-il ! |