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La Schola Sainte Cécile chante dans la basilique Saint-Pierre de Rome au Vatican

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Les Petits Chantres de Sainte Cécile - maîtrise d'enfants

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Retrouvez les partitions que nous éditons, classées par temps liturgique ou par compositeur. Elles sont téléchargeables gracieusement.

Séquence Urbs Aquensis pour la fête de saint Charlemagne (28 janvier)

En ce 1200ème anniversaire du retour à Dieu de Charles le Grand (28 janvier 814 / 28 janvier 2014), nous avons le plaisir de mettre en ligne la séquence qui fut composée à Aix-la-Chapelle pour la messe de la fête de saint Charlemagne.

Cette prose est Urbs Aquensis le joyaux de l’office liturgique composé à Aix-la-Chapelle après la canonisation de saint Charlemagne. Ode à la gloire de la ville, sa première strophe fut même gravée en lettres capitales gothiques sur la façade du palais qu’éleva en 1267 à Aix le roi Richard de Cornouailles.

Elle constitue le plus ancien témoin de la liturgie de saint Charlemagne, et était déjà en usage avant 1215, lorsque l’office du saint se faisait non pas encore au 28 janvier mais au 29 décembre.

Dès le XIIIème siècle, cette prose se répandit dans nombre de diocèses d’Occident, soit telle quelle, soit en adaptant le texte de la première strophe. Après une période d’éclipse au cours du XIXème siècle, elle fut remise en usage à Aix-la-Chapelle depuis 1931.

Le chant d’Urbs Aquensis est bien sûr modulé sur celui de la célèbre séquence de la Croix – Laudes Crucis – composée par Adam de Saint-Victor.

Prose Urbs Aquensis de saint Charlemagne

Source : Le Prosaire d’Aix-la-Chapelle, Monumenta Musicæ Sacræ III, Rouen, 1961.

Urbs Aquensis, urbs regalis,
Regni sedes principalis,
Prima regni curia,
Cité d’Aix, cité royale,
Siège principal de la royauté,
Palais préféré de nos princes,
Regi regum pange laudes
Quae de magni regis gaudes
Caroli praesentia.
du Roi des rois chante la louange,
en ce jour où tu te réjouis de la fête
du grand roi Charles.
Iste coetus psallat laetus,
Psallat chorus hic sonorus
Vocali concordia.
Que notre chœur chante dans l’allégresse, que le clergé fasse entendre le mélodieux accord des voix.
At dum manus operatur
Bonum, quod cor meditatur,
Dulcis est psalmodia.
Quand la main est occupée aux bonnes œuvres, ce que le cœur médite
est une douce psalmodie.
Hac in die duo festa
Magni regis magna gesta
Recolat Ecclesia.
En ce double jour de fête,
que l’Église honore
la grande geste du grand roi.
Reges terrae et omnes populi
Omnes simul plaudant et singuli
Celebri laetitia.
Que les rois de la terre et tous les peuples applaudissent ensemble et fassent entendre un unique concert joyeux.
Hic est Christi miles fortis
Et invictae dux cohortis
Decem sternit millia.
C’est ici le fort soldat du Christ,
et le chef de l’invincible cohorte
qui en renverse dix mille.
Terram purgat lolio
Atque metis gladio
Ex messe zizania.
Il purge la terre de l’ivraie,
et de son glaive il affranchit la moisson
en extirpant l’ivraie.
Hic est magnus imperator,
Boni fructus bonus sator
Et prudens agricola.
C’est là le grand Empereur,
bon semeur d’une bonne semence
et prudent cultivateur.
Infideles hic convertit
Fana, deos, hic evertit
Et confregit idola.
Il convertit les infidèles,
il renverse temples et dieux,
et il brise les idoles.
Hic superbos domat reges,
Hic regnare santas leges
Fecit cum justitia.
Il dompte les rois superbes,
il fait régner les saintes lois
avec la justice.
Quam tuetur sine fine
Ut et justus, sed nec sine
Sit misericordia.
Les yeux sans cesse fixés sur elle,
De sorte qu’en étant juste, il ne soit
Cependant pas sans miséricorde.
Oleo laetitiae unctus dono gratiae
Ceteris prae regibus, cum corona gloriae
Majestatis regiae, insignitur fascibus.
Il est sacré de l’huile de liesse, par un don de grâce, plus que tous les autres rois.
Avec la couronne de gloire, il reçoit les insignes de l’Impériale Majesté.
O Rex mundi triumphator,
Jesu Christi conregator,
Sit pro nobis exorator,
Sancte Pater Carole,
Ô Roi triomphateur du monde,
toi qui règnes avec Jésus-Christ,
sois pour nous un intercesseur,
ô Charles, notre père saint !
Emundati a peccatis,
Ut in regno claritatis
Nos, plebs tua, cum beatis
Caeli simus incolae.
Afin que, purs de tout péché,
dans le royaume de la lumière,
nous, ton peuple, avec les bienheureux
Nous soyons habitants du Ciel.
Stella maris, ô Maria,
Mundi salus, vitae via,
Vacillantum rege gressus
Et ad Regem des accessus
In perenni gloria.
Étoile de la mer, ô Marie,
salut du monde, voie de la vie,
dirige nos pas vacillants
et donne-nous accès auprès du Roi
dans la gloire sans fin.
Christe, splendor Dei Patris,
Incorruptae Fili Matris,
Per hunc sanctum, cujus festa
Celebramus, nobis praesta
Sempiterna gaudia.
Ô Christ, splendeur de Dieu le Père,
fils d’une Mère sans tache,
par ce Saint dont nous célébrons la fête, daigne nous accorder
l’éternelle joie.
Amen. Ainsi soit-il !

Texte & traduction repris du site du Mesnil-Marie.

Prose parisienne de Noël – Votis Pater annuit

Prose parisienne de Noël - Votis pater annuit 01 Prose parisienne de Noël - Votis pater annuit 02

Depuis le Moyen-Age, Paris chantait comme prose à la messe du jour de Noël le Lætabundus, une séquence médiévale très connue & très répandue dans les différents rits diocésains de l’ancien espace carolingien. Cette séquence Lætabundus figure toujours du reste dans le rit dominicain actuel, lequel dépend largement de l’ancien rit de Paris.

Les conciles de Reims de 1564 & de 1583 – chargés d’appliquer en pratique le concile de Trente en France – avaient demandé la révision des très nombreuses proses médiévales qui ornaient les missels français (certaines possédaient en effet des textes qui n’étaient pas toujours très heureux !). On trouve encore le Lætabundus dans le Missale Parisiense de Mgr de Gondy de 1602. Dans le Missale Parisiense du cardinal de Noailles de 1706, alors qu’un nouveau corpus de proses commence à remplacer les anciennes afin d’obéir aux vœux des conciles de Reims, cette édition maintient pourtant le fameux Lætabundus. Notre prose Votis Pater annuit remplaça définitivement le Lætabundus dans le Missale Parisiense de Mgr de Vintimille de 1755.

La séquence Votis Pater annuit – dont nous ignorons l’auteur – développe en fait le texte et la mélodie d’un noël latin de même incipit plus ancien. Sa gracieuse mélodie du Vème ton – vraisemblablement due au travail de l’Abbé Lebœuf – lui a assuré un grand succès et une large diffusion en France en dehors des limites de l’archidiocèse de Paris. A Paris, la prose était chantée également pendant l’octave de Noël.

En voici le texte & une traduction du XVIIIème siècle :

Votis Pater annuit:
Justum pluunt sidera:
Salvatorem genuit
Intacta puerpera:
Homo Deus nascitur.
Le Père a exaucé nos vœux ; le Juste, comme une pluie salutaire, descend du haut des cieux ; une Vierge, devenue mère, a mis au monde le Sauveur ; l’Homme-Dieu naît parmi nous.
Superum concentibus
Panditur mysterium:
Nos mixti pastoribus
Cingamus præsepium
In quo Christus ponitur.
Les concerts des Anges découvrent ce mystère ineffable : Allons avec les bergers environner la crèche où le Christ est couché.
Tu lumen de lumine
Ante solem funderis:
Tu numen de Numine
Ab æterno gigneris,
Patri par progenies.
Divin Jésus, lumière de la lumière, vous êtes produit avant le soleil ; Dieu de Dieu, vous êtes engendré de toute éternité, Fils égal en tout à votre Père.
Tantus es ! et superis,
Quæ te premit caritas,
Sedibus delaberis:
Ut surgat infirmitas
Infirmus humi jaces.
Grand par essence, votre immense charité vous presse à descendre du ciel : afin de relever notre faiblesse, vous devenez faible, & vous vous couchez par terre.
Quæ nocens debueram
Innocens exequeris:
Tu legi quam spreveram,
Legifer subjiceris:
Sic doces justitiam !
Innocent, vous payez la peine de mes crimes ; législateur, vous vous assujétissez à la loi que j’ai méprisée : c’est ainsi que vous enseignez la justice.
Cœlum cui regia,
Stabulum non respuis;
Qui donas imperia,
Servi formam induis:
Sic teris superbiam.
Le ciel est votre palais, & vous ne refusez pas une étable ; vous donnez les empires, & vous prenez la forme d’esclave : c’est ainsi que vous confondez l’orgueil.
Nobis ultro similem
Te præbes in omnibus:
Debilibus debilem,
Mortalem mortalibus:
His trahis nos vinculis !
Vous vous rendez en tout semblable à nous ; faible avec les faibles, mortel avec les mortels : c’est par ces liens que vous nous attirez à vous.
Cum ægris confunderis,
Morbi labem nesciens;
Pro peccato pateris
Peccatum non faciens:
Hoc uno dissimilis.
Exempt de la contagion commune, vous ne laissez pas de vous confondre avec ceux qui en sont infectés : incapable de péché, vous souffrez pour le péché ; c’est la seule différence qu’il y a entre vous et nous.
Summe Pater, Filium
Qui mittis ad hominem,
Gratiæ principium,
Salutis originem,
Da Jesum cognoscere.
Père souverain, qui envoyez votre Fils aux hommes, faites-nous connaître Jésus, comme l’auteur de la grâce, comme le principe & la source du salut.
Cujus igne cœlitus
Caritas accenditur,
Ades, alme Spiritus:
Qui pro nobis nascitur,
Da Jesum diligere. Amen. Alleluia.
Esprit Saint, qui allumez la charité par le feu céleste dont vous brûlez, venez, & faites-nous aimer Jésus qui naît pour nous. Ainsi soit-il.

Une prose à saint Michel par Adam de Saint-Victor – Laus erumpat ex affectu

Laus erumpat ex affectu - Prose de saint Michel d'Adam de Saint-Victor

Cette prose Laus erumpat ex affectu en l’honneur de saint Michel archange fut composée par Adam de Saint-Victor (c. 1112 † c.1146), préchantre de Notre-Dame de Paris. Comme une douzaine d’autres séquences du même auteur, cette prose est établie sur le même type mélodique que sa fameuse séquence Laudes Crucis attollamus, composée pour les fêtes de la Croix. Sur ce même thème fut modulé par la suite au XIIIème siècle la fameuse séquence de la Fête-Dieu, Lauda, Sion, Salvatorem. Dans la partition ci-dessus, les doubles barres marquent l’alternance des chœurs, ceux-ci peuvent se rejoindre pour le dernier vers et l’Amen final.

Cette séquence de saint Michel, née à Paris dans le contexte de la liturgie parisienne, s’est répandue un peu partout dans l’espace de l’ancien empire carolingien au cours du Moyen-Age. En particulier, elle fut en usage au Mont-Saint-Michel depuis le XIIème siècle jusqu’à la Révolution, et dans le diocèse de Coutances, depuis le XIIème siècle jusqu’en 1778, où on lui substitua la moderne Angelorum solemnia, qui lui est inférieure. La prose Laus erumpat ex affectu était utilisée au Mont-Saint-Michel non seulement pour la fête universelle du 29 septembre mais également pour la fête du 16 octobre qui commémore dans les diocèses normands l’apparition de saint Michel Archange au Mont Tombe et la dédicace de la Basilique du Mont-Saint-Michel.

En voici le texte et sa traduction par dom Guéranger :

LAVS erumpat ex affectu,
Psallat chorus in conspectu
Supernorum civium :
Empressée soit la louange ; que notre chœur, du fond de l’âme, chante en présence des citoyens des cieux :
Laus jocunda, laus decora,
Quando laudi concanora
Puritas est cordium.
Agréée sera-t-elle et convenable, cette louange, si la pureté des âmes qui chantent est à l’unisson de la mélodie.
MICHÆLEM cuncti laudent,
Nec ab hujus se defraudent
Diei lætitia :
Que Michaël soit célébré par tous ; que nul ne s’excommunie de la joie de ce jour :
Felix dies qua sanctorum
Recensetur Angelorum
Sollemnis victoria.
Fortuné jour, où des saints Anges est rappelée la solennelle victoire !
DRACO vetus exturbatur
& draconis effugatur
Inimica legio :
L’ancien dragon est chassé, et son odieuse légion mise en fuite avec lui ;
Exturbatus est turbator
& projectus accusator
A cœli fastigio.
Le troubleur est troublé à son tour, l’accusateur est précipité du sommet du ciel.
SVB tutela Michaelis
Pax in terra, pax in cœlis,
Laus & jubilatio :
Sous l’égide de Michel, paix sur la terre, paix dans les cieux, allégresse et louange ;
Cum sit potens hic virtute,
Pro communi stans salute,
Triumphat in prœlio.
Puissant et fort, il s’est levé pour le salut de tous, il sort triomphant du combat.
SVGGESTOR sceleris,
Pulsus a superis,
Per hujus aeris
Oberrat spatia :
Banni des éternelles collines, le conseiller du crime parcours les airs, dressant ses pièges, dardant ses poisons ;
Dolis invigilat,
Virus insibilat,
Sed hunc adnihilat
Presens custodia.
Mais les Anges qui nous gardent réduisent à néant ses embûches.
TRES distinctæ hierarchiæ
Jugi vacant theoriæ
Jugique psallentio :
Leurs trois distinctes hiérarchies sans cesse contemplent Dieu et sans cesse le célèbrent en leurs chants ;
Nec obsistit theoria
Sive jugis harmonia
Jugi ministerio.
Ni cette contemplation, ni cette perpétuelle harmonie ne font tort à leur incessant ministère.
O quam miræ caritatis
Est supernæ civitatis
Ter terna distinctio :
O combien admirable est dans la céleste cité la charité des neufs chœurs !
Quæ nos amat & tuetur,
Vt ex nobis restauretur
Ejus diminutio.
Ils nous aiment et ils nous défendent, comme destinés à remplir leurs vides.
SICVT sunt hominum
Diversæ gratiæ,
Sic erunt ordinum
Distincte gloriæ
Iustis in præmio ;
Entre les hommes, diverse est la grâce ici-bas ; entre les justes, divers seront les ordres dans la gloire au jour de la récompense.
Solis est alia
Quam lunæ dignitas,
Stellarum varia
Relucet claritas :
Sic resurrectio.
Autre est la beauté du soleil, autre celle de la lune ; et les étoiles diffèrent en leur clarté : ainsi sera la résurrection.
VETVS homo novitati,
Se terrenus puritati
Conformet cœlestium :
Que le vieil homme se renouvelle, que terrestre il s’adapte à la pureté des habitants des cieux :
Coæqualis his futurus,
Licet nondum plene purus,
Spe præsumat præmium.
Il doit leur être égal un jour ; bien que non pleinement pur encore, qu’il envisage ce qui l’attend.
VT ab ipsis adjuvemur
Hos devote veneremur,
Instantes obsequio :
Pour mériter le secours de ces glorieux esprits, vénérons-les dévotement, multipliant envers eux nos hommages ;
Deo nos conciliat
Angelisque sociat
Sincera devotio.
Un culte sincère rend Dieu favorable et associe aux Anges.
DE secretis reticentes
Interim cœlestibus,
Erigamus puras mentes
In cœlum cum manibus :
Taisons-nous des secrets du ciel, en haut cependant élevons et nos mains et nos âmes purifiées :
Vt superna nos dignetur
Cohæredes curia,
& divina collaudetur
Ab utriusque gratia.
Ainsi daigne l’auguste sénat voir en nous ses cohéritiers ; ainsi puisse la divine grâce être célébrée par le concert de l’angélique et de l’humaine nature.
CAPITI sit gloria
Membrisque concordia. Amen.
Au Chef soit la gloire, aux membres l’harmonie ! Amen.

La partition donnée ci-dessus au début de cet article est issue du répertoire de l’Abbaye de la Lucerne-d’Outremer où le valeureux Abbé Lelégard (1925 † 1994) faisait naguère revivre les antiques traditions du diocèse de Coutances.

En voici une partition médiévale, extraite du fameux Prosaire de la Sainte-Chapelle de Paris, manuscrit daté des environs de 1250 et conservé à la bibliothèque du chapitre de Saint-Nicolas de Bari, édité par dom Hesbert en 1952 (pages 228 à 231).

Prose parisienne de la fête de saint Pierre & saint Paul – Offices notés complets de Paris – 1899

La composition de cette prose est de Simon Gourdan (1646 † 1729), chanoine de Saint-Victor. En voici le texte et une traduction ancienne.

TE laudámus, o Regnátor,
O pastórum, Christe, Pastor,
Summis in Princípibus.
Nous te louons, ô Souverain, ô Christ, Pasteur des pasteur, en la personne de ces premiers pasteurs.
Tibi memor gratulétur,
Et concéssis gloriétur
Pia plebs paréntibus.
Que le peuple fidèle te rende grâces et te glorifie pour les avoir reçus comme pères.
HI sunt Sion fundaménta,
Hi colúmnæ, fulciménta,
Turres, propugnácula.
Ce sont eux les fondements de Sion, ce sont eux ses colonnes, ses tours, et ses soutiens.
Hi bissénæ turbæ duces,
Hi stellántis aulæ faces,
Orbis et orácula.
Ce sont eux les chefs du troupeau, ce sont eux les flambeaux du ciel et les oracles de l’univers.
HIS ambóbus orbis cessit,
His ambóbus nox recéssit
Pulsa lumináribus.
Tous deux ont subjugué le monde, tous deux ont dissipé les ténèbres par les lumières de la foi.
Petro vertex principátus,
Paulo verbi magistrátus
Obtigit in géntibus.
Pierre reçoit la grâce de la primauté et Paul la prérogative d’apôtre des nations.
ILLI claves committúntur :
Huic arcánæ res pandúntur
Rapto super æthera.
Les clefs sont confiées à Pierre, à Paul la révélation des mystères cachés en étant enlevé au-dessus des cieux.
Hæc fœcúnda nos lactárunt
Ore, scriptis, et potárunt
Sponsæ matris úbera.
Ils sont comme les mamelles de l’Eglise notre mère, puisqu’ils nous ont abreuvés du lait de la foi par leur prédication et par leurs écrits.
ARCEM impérii
Christo subjíciunt,
Et sacerdótii
Caput stabíliunt.
Ils soumettent au Christ la capitale de l’Empire, et y établissent le siège du sacerdoce.
Athlétæ férvidi
Debéllant númina :
Torréntes límpidi
Manant in flúmina.
Athlètes intrépides, ils abattent les idoles ; torrent limpides, ils arrosent le champ de l’Eglise.
NAVIS Petri non quassátur,
Contra fluctus obfirmátur ;
Hac in arca grex salvátur
Integer credéntium.
La barque de Pierre est inébranlable, elle résiste à la fureur des flots ; c’est dans cette arche que le troupeau des croyants est à couvert du naufrage.
Quin olympus reserátur,
Vel indígnis obserátur,
Sors ætérna temperátur
Ad Petri judícium.
Sur l’ordre de Pierre, le ciel s’ouvre ou bien se ferme, les destinées éternelles sont décidées.
QUANTA cœlo merces datur !
Cruce Petrus consummátur,
Ferro Paulus obtruncátur :
Sic se litant hóstiæ.
Que leur récompense est grande dans le ciel ! Pierre consume ses jours sur la croix, et Paul par le fer ; ainsi s’immolent-ils en hosties.
Hic triúmphus bellatórum :
Hæc coróna magistrórum :
Binum lumen oculórum
Sic micat Ecclésiæ.
Tel est le triomphe de ces soldats, telle est la couronne de ces maîtres, ainsi brillent ceux qui sont comme les deux yeux de l’Eglise.
PETRE, radix unitátis,
Paule, jubar veritátis,
Super astra qui regnátis,
Datæ jure potestátis
Nos e cœlo régite.
Pierre, racine de l’unité, Paul, rayon perçant de la vérité, vous régnez au-dessus des cieux ; comme vous en avez reçu le pouvoir, conduisez-nous nous aussi au ciel.
Quos in fide genuístis,
Quos præcéptis imbuístis,
Quos exémplo docuístis,
Quos cruóre perfudístis,
Deo nos conjúngite. Amen. Allelúia.
Ceux que vous avez engendrés dans la foi, que vous avez nourris de vos leçons, que vous avez enseignés par vos exemples et pour qui vous versâtes votre sang, unissez-les à Dieu. Amen. Alleluia.

Prose parisienne de la Purification – Offices notés complets de Paris – 1899

Texte latin, & traduction extraite du Missel de Paris latin-français de 1764 :

AVE, plena gratia,
Cujus inter brachia
Se litat Deo Deus.
Recevez nos hommages, Vierge pleine de grâce, dans les bras de laquelle un Dieu fait homme s’offre à Dieu son Père.
Fas me templum visere ;
Tibi fas occurrere,
Amor, ô Jesu, meus.
Qu’il me soit permis d’entrer dans le temple, & de me présenter devant vous, ô Jésus, l’unique objet de mon amour.
EST in templo Dominus ;
Angeli stant cominus :
Nil in cœlis amplius.
Le Seigneur est dans le temple : les Anges l’y adorent : le Ciel n’a rien de plus grand.
Habet Deum hominem ;
Et parentem Virginem
Cœlo templum ditius.
Mais ce temple est plus riche que le Ciel même ; puisqu’il renferme un Dieu fait homme, & une Vierge mère d’un Dieu.
SPIRANT sacra gaudium ;
Mane sacrificium
Plausus inter redditur.
Ce premier sacrifice est accompagné de joie, & n’inspire qu’une sainte allégresse dans les cœurs des assistants.
Vespertinum fletibus,
Et amaris questibus
In cruce miscebitur.
Il n’en est pas ainsi du sacrifice de la fin de sa vie, qui sera consommé sur la croix : qu’il fera verser de pleurs !
HÆC jam est oblatio,
Cujus omnes pretio
Deo restituimur.
Dans l’un & l’autre sacrifice, c’est toujours la même hostie qui nous rachète, & qui nous rend à Dieu.
Jam non nobis dediti,
Tibi, Deus, subditi,
Vivimus & morimur.
Nous ne devons donc plus être à nous: attachés à vous seul, ô mon Dieu, c’est pour vous que nous vivons & que nous mourons.
NVNC dimitte famulos :
Nil tenet hic oculos ;
Da te palam cernere.
Il est temps de rappeler vos serviteurs : rien ne les arrête plus sur la terre; faites-les jouir de votre présence.
Si jubes hic vivere,
Da cum Jesu crescere,
Da per hunc resurgere. Amen.
Mais si vous voulez que nous restions encore ici-bas, faites-nous croître en grâce avec Jésus-Christ ; afin que par lui nous triomphions du péché & de la mort. Amen.

Jerusalem et Sion filiæ – Prose parisienne de la Dédicace – Offices notés complets de Paris – 1899

Cette prose est due au célèbre hymnographe parisien Adam de Saint-Victor (c. 1112 † c. 1192), préchantre de la cathédrale de Paris, principal auteur du répertoire parisien des séquences dont il a renouvelé le genre en leur conférant une ampleur musicale et une richesse spirituelle par les images théologiques abordées. Ce répertoire victorin s’est très vite diffusé dans toute l’Europe Occidentale, on en chantait les séquences dès le XIIIème siècle à Palerme, Zagreb, Aix-la-Chapelle ou Dublin. Les livres parisiens modernes contiennent deux chants pour cette prose, celui d’Adam de Saint-Victor, et celui recomposé au XVIIIème siècle par l’Abbé d’Haudimont, maître de chapelle de la cathédrale de Châlons-sur-Saône puis de Notre-Dame de Paris et de Saint-Germain L’Auxerrois (avant 1790). La mélodie d’Haudimont, quoique récente, est, avouons-le d’une grande réussite musicale et fut immédiatement très populaire à Paris. Elle figure sur l’enregistrement historique “Grandes heures liturgiques à Notre-Dame de Paris”, sous la direction de Mgr Revert, maître de chapelle de Notre-Dame, où l’on peut entendre le contre-chant des voix de dessus sur le dernier vers de chaque strophe, contre-chant devenu traditionnel à Paris.

La prose de la dédicace chantée par la Schola Sainte Cécile à Notre-Dame de Paris le 29 mai 2013 :

Comme l’admirable poésie d’Adam de Saint-Victor recèle de vrais trésors théologiques par la vision de l’Eglise qui y est développée, nous en donnons une traduction française tirée du Missel parisien de Mgr de Vintimille du Luc à l’usage des laïcs de 1738.

JERUSALEM et Sion fíliæ,
Cœtus omnis fidélis cúriæ,
Melos pangant jugis lætítiæ.
Allelúia.
Filles de Jérusalem et de Sion, saints habitants des demeures célestes, chantez de concert un cantique de joie. Alléluia.
CHRISTUS enim norma justítiæ
Matrem nostram despónsat hódie,
Quam de lacu traxit misériæ
Ecclésiam.
C’est en ce jour que Jésus-Christ, le modèle de toute justice, prend pour épouse l’Eglise notre mère, qu’il a tirée de l’abîme de misère où elle était plongée.
HANC sánguinis et aquæ múnere,
Dum pénderet in crucis árbore,
De próprio prodúxit látere
Deus homo.
C’est du côté ouvert de l’Homme-Dieu attaché sur la Croix qu’elle est sortie ; le sang précieux, & l’eau mystérieuse qui coulèrent de cette source sacrée, lui furent donnés alors pour la laver et la sanctifier.
FORMARETUR ut sic Ecclésia,
Figurátur in prima fémina,
Quæ de costis Adæ est édita
Mater Eva.
La formation de l’Eglise par Jésus-Christ avait été figurée par celle d’Eve, cette mère commune du genre humain, qui fut tirée d’une des côtes d’Adam notre premier père.
EVA fuit novérca pósteris ;
Hæc est mater elécti géneris,
Vitæ portus, ásylum míseris,
Et tutéla.
Eve a donné la mort à ses enfants ; mais l’Eglise est une mère qui donne la vie aux siens : elle est pour eux un port de salut : elle est leur asile, et leur solide appui.
HÆC est cymba qua tuti véhimur ;
Hoc ovíle quo tecti cóndimur ;
Hæc cólumna, qua firmi nítimur
Veritátis.
Elle est cette barque sur laquelle nous voguons sûrement à travers les écueils du siècle ; cette bergerie où nous sommes à l’abri des attaques de l’ennemi : elle est la colonne de vérité, sur laquelle nous sommes appuyés comme sur un fondement inébranlable.
O sólemnis festum lætítiæ,
Quo únitur Christus Ecclésiæ,
In quo nostræ salútis núptiæ
Celebrántur.
Quelle doit être notre joie et notre reconnaissance dans cette auguste solennité, où nous célébrons l’union de Jésus-Christ avec son Eglise, union sainte par laquelle s’opère le grand ouvrage de notre salut !
JUSTIS inde solvúntur præmia,
Lapsis autem donátur vénia,
Et sanctórum augéntur gáudia
Angelórum.
Par cette union mystérieuse les justes entrent en possession des récompenses éternelles, les pécheurs obtiennent le pardon de leurs crimes, les Anges même sentent augmenter leur joie.
AB æterno fons sapiéntiæ,
Intúitu solíus grátiæ,
Sic prævídit in rerum série
Hæc futúra.
Ces merveilles sont l’effet de la sagesse suprême de Dieu, qui par le seul motif de sa miséricorde, en a prévu l’accomplissement de toute éternité.
CHRISTUS jungens nos suis núptiis,
Recréatos veris delíciis,
Intéresse fáciat gáudiis
Electórum. Amen.
Que Jésus-Christ notre Sauveur, dont nous devenons les enfants par l’union qu’il contracte avec l’Eglise notre mère, nous fasse goûter les vraies délices, et participer dans le ciel aux joies éternelles des Elus. Amen.

>>> MP3 de cette prose par la Schola Sainte Cécile lors de la messe en rit traditionnel du 17 juin 2008 (enregistrement pris par un fidèle assez loin depuis la nef).

Induant justitiam – Prose parisienne de l’Assomption – Offices notés complets de Paris – 1899

Induant justitiam - séquence de la messe de l'Assomption

Cette prose est entrée en 1706 au Missel parisien de S.E. le cardinal de Noailles. Elle figure toujours au propre de Paris depuis cette date. De Paris, elle s’est aussi répandue dans de nombreux diocèses de France. Le rythme musical est bien évidemment ternaire ; selon l’usage, les deux dernières strophes devraient être jouées/chantées plus lentement. Comme toute prose (sauf le Dies iræ des morts pour lequel l’orgue est interdit), l’organiste figure le chant des versets impairs en improvisant sur le plain-chant. Notons que la prose parisienne Induant justitiam a inspiré Alexandre Guilmant (Sortie pour la fête de l’Assomption de la Sainte Vierge – Sur la prose : Induant justitiam, Opus 50, n° 4) et Marcel Dupré qui la cite au second verset de son Magnificat des Vêpres de la Vierge (15 Versets pour les Vêpres du Commun des Fêtes de la Sainte Vierge, Opus 18)

Texte & traduction :

INDUANT justítiam,
Prædicent lætítiam
Qui ministrant Númini.
En leurs vêtements sacrés
Qu’ils proclament notre joie
Les ministres du Très-Haut.
It in suam réquiem,
Infert cœlo fáciem
Arca viva Dómini.
Elle va vers son Repos,
Elle tend les yeux vers le ciel,
L’Arche vivante du Seigneur.
CHRISTUM, cum huc vénerat,
Quo mater suscéperat,
Non est venter púrior.
Aucun sein n’était plus pur
Pour qu’une mère y reçût le Christ
Lorsqu’il vint ici-bas.
In quo, dum hinc révocat,
Matrem Christus cóllocat,
Thronus non est célsior.
Aucun trône n’est plus élevé
Pour que le Christ y place sa Mère
Lorsqu’il la rappelle d’ici-bas.
QUÆ te, Christe, génuit,
Quæ lactentem áluit,
Nunc beátam dícimus.
Christ, celle qui t’engendra,
Celle qui te nourrit de son lait,
Nous l’appelons Bienheureuse.
Immo, quod credíderit,
Quod sibi vilúerit,
Hinc beátam nóvimus.
Mais c’est aussi parce qu’elle a cru,
Parce qu’elle s’est abaissée,
Que nous la proclamons Bienheureuse.
O præ muliéribus,
Quin & præ cœlítibus,
Benedicta fília.
Ô fille, tu es bénie
Plus que les femmes de la terre,
Plus même que les saints du ciel.
Hauris unde plénior,
Hoc e fonte crébior
Stillet in nos grátia.
À la source de la grâce,
Plus tu puises pleinement,
Plus en nous elle coule abondamment.
AD eum ut ádeant,
Per te vota tránseant :
Non fas matrem réjici.
Pour aller jusqu’à Dieu,
Que par toi passent nos prières :
Il ne peut repousser sa Mère.
Amet tuam Gálliam,
Regi det justítiam,
Plebi pacem súpplici.
Amen. Alleluia.
Qu’il aime la France ton Royaume,
Qu’il accorde à ses chefs la Justice,
Et la paix à son peuple en prière.
Amen. Alleluia.

Une interprétation de la séquence Induant justitiam pour la messe de la fête de l’Assomption :

Sainte Geneviève (3 janvier) – Prose – Chant du XVIIIème siècle – Offices notés complets de Paris – 1899

Prose de sainte Geneviève

 

Genovéfæ solémnitas
Solémne parit gáudium.
Cordis erúmpat púritas
In laudis sacrifícium.
La solennité de Geneviève inspire une joie solennelle : que la pureté du cœur s’épanche en sacrifice de louange.
Felix ortus infántulæ,
Teste Gérmano Præsule.
Quod prævídit in spíritu,
Rerum probátur éxitu.
Heureuse fut la naissance de cette petite enfant, atteste l’évêque Germain ; ce qu’il vit d’avance en esprit, les événements le prouvèrent.
Hic ad pectus virgíneum,
Pro pudóris signáculo,
Nummum suspéndit æneum,
Insígnem crucis título.
Sur le cœur de la vierge, en témoignage de sa pureté, il suspend une monnaie de bronze marquée du signe de la croix.
Genovéfam divínitus
Obláto dotat múnere,
In templum Sancti Spíritus,
Sub Christi ditans fœdere.
Il dote Geneviève du présent que Dieu lui offre ; elle devient le temple du Saint-Esprit par une splendide alliance avec le Christ.
Insóntem manu fériens,
Mater privátur lúmine,
Matri Virgo compátiens
Lucis dat usum prístinæ.
Sa mère perd la vue en frappant l’innocente enfant ; la vierge compatissante rend l’usage de la vue à sa mère.
Cælésti duce prævio
Cælos lustrat et Tártara,
Civésque precum stúdio
Servat a gente bárbara.
Guidée par un esprit céleste, elle parcourt le ciel et l’enfer ; par ses prières, elle préserve ses concitoyens de l’invasion barbare.
Divíno diu múnere
Sitim levat artíficum ;
Confráctum casu mísero
Matri resígnat únicum.
Longtemps par un prodige divin, elle apaise la soif des ouvriers ; un fils unique se brise les membres dans un accident : elle le rend à sa mère.
Ad primam precem Vírginis
Contremíscunt dæmónia,
Pax datur energúmenis,
Spes ægris, reis vénia.
A peine la vierge s’est-elle mise en prière que les démons tremblent, les possédés retrouvent la paix, les malades l’espérance, les coupables le pardon.
In ejus manu cérei
Reaccendúntur cælitus :
Per hanc in sinus álvei
Redit annis coércitus.
En sa main, les cierges se rallument miraculeusement ; à sa voix un fleuve débordé rentre dans son lit.
Ignem sacrum refrígerat,
Post mortem vivens méritis,
Quæ prius in se vícerat,
Æstus intérni fómitis.
Même après sa mort, par ses mérites, elle guérit du feu ardent, elle qui avait jadis éteint en son âme le feu des passions.
Morti, morbos, dæmónibus
Et eleméntis ímperat,
Sed Genovéfa précibus
Natúræ leges súperat.
Elle commande à la mort, à la maladie, aux démons, aux éléments ; par ses prières, Geneviève dépasse les lois de la nature.
Operátur in párvulis
Christi virtus magnália :
Christo, pro tot miráculis,
Laus frequens, jugis glória.
Amen. Alleluia.
La puissance du Christ opère de grandes choses chez les petits. Au Christ, pour tous ces miracles, louange éternelle, gloire sans fin.
Amen. Alléluia.

Languentibus en plain-chant de Coutances

Languentibus in Purgatorio – prose à la Très-sainte Vierge Marie pour les défunts, composée par Jean de Langoueznou, abbé de Landevenec au XIVème siècle – plain-chant en usage dans le diocèse de Coutances.

Languentibus in Purgatorio - plain-chant de Coutances

Qu’aux âmes qui languissent dans le Purgatoire, qui sont purifiées par un feu très ardent, et subissent les tourments d’un grave supplice, vienne en aide ta compassion : O Marie !
Porta cœli tu, Virgo, díceris,
O Beáta, succúrre míseris
Qui torméntis urgéntur ásperis,
Educ eos de domo cárceris,
O María !
Toi qui es dite Porte du ciel, O bienheureuse, secoure les malheureux qui subissent de durs tourments, fais-les sortir de cette prison, O Marie !
Summi Regis flecte justítiam :
Natis, Mater, óbtine grátiam :
Te rogánte misericórdiam,
Pandet Jesus cœléstem pátriam,
O María !
Fléchis la justice du Roi suprême ; Mère, obtiens la grâce de celui qui est né de toi ; à ceux qui implorent miséricorde, que Jésus ouvre les portes de la céleste patrie, O Marie !

Image chant et texte :

Languentibus in Purgatorio - chant de Coutances

Source : Processionnal selon le rit romain & d’après les concessions faites au diocèse de Coutances par N.S.P. le Pape Pie IX, rédigé & publié d’après l’ordre de Monseigneur Jacques-Louis Daniel, évêque de Coutances & d’Avranches, 1859-1860.

Prose parisienne de la Toussaint – Offices notés complets de Paris – 1899

Prose de la Toussaint - Sponsa Christi quæ per orbem

Le texte de cette séquence fut rédigé par Jean-Baptiste de Contes, chanoine de Notre-Dame de Paris, l’an 1660 et entra ensuite dans la liturgie propre parisienne.

En voici le texte latin avec une traduction extraite d’un missel de Paris latin—français de 1764 à l’attention des fidèles.

Sponsa Christi, quæ per orbem,
Mílitas Ecclésia,
Prome cantus, & sacrátos
Dic triúmphos cœlitum.
Épouse de Jésus-Christ, Église fidèle qui combattez sur la terre, célébrez par vos cantiques la gloire & les triomphes des Saints qui sont dans le ciel.
Hæc dies cunctis dicáta,
Mixta cœli gáudiis,
Læta currat, & solémni
Pérsonet melódia.
Que ce jour destiné à les honorer tous, soit pour nous un jour de joie : unissons nos voix à celles des esprits célestes ; & que tout retentisse d’une sainte mélodie.
Lavreatvm ducit agmen
Juncta Mater Fílio,
Sola, quæ partu pudórem
Virgo numquam pérdidit.
A la tête de l’armée triomphante des Bienheureux marche à côté de Jésus-Christ cette Mère sainte, qui seule a eu la prérogative de mettre un Fils au monde, sans cesser d’être Vierge.
Mox sequúntur Angelórum
Administri spíritus,
Siderúmque Conditóri
Mille laudes cóncinunt.
Ensuite paraissent les Anges, ces ministres du Seigneur, qui chantent mille cantiques de louanges à la gloire du Créateur de l’univers.
His Joánnes, vate major,
Præco Christi prævius,
Patriárchæ cum Prophétis,
Accinunt dulci melo.
Après eux vient Jean-Baptiste le plus grand des Prophètes. Ce saint Précurseur de Jésus-Christ, les Patriarches, & les Prophètes unissent leurs voix à la céleste harmonie.
Principies sacri senátus
Orbis almi júdices,
Sédibus celsis sublímes,
Facta pendunt ómnium.
Ils sont suivis des Apôtres : ces princes du sacré Sénat sont assis sur des trônes, pour juger l’univers.
Prodigi vitæ, cruóre,
Purpuráti Mártyres,
Auspicáti morte vitam,
Pace gaudent pérpeti.
On voit marcher après ces généreux Martyrs, tout couverts du sang qu’ils ont répandu : en perdant une vie passagère, ils sont entrés en possession d’une éternité de bonheur & de paix.
Turba sacra Confiténtum,
Cum Levítis Præsules,
Sæculi luxu rejécto,
Perfruúntur glória.
Ils sont accompagnés de ces saints Confesseurs, de ces Evêques, & de ces Lévites, qui n’ayant eu que du mépris pour les vanités du siècle, possèdent une gloire qui n’aura pas de fin.
Pompa nuptiális, Agno
Consecrátæ Virgines,
Líliis, rosisque Sponsum
Æmulántur prósequi.
Les Vierges, ces chastes épouses de l’Agneau, portant des lys et des roses, s’empressent d’augmenter le cortège de ce divin époux.
Omnibus sors hæc beáta,
Glóriam Deo dare,
Et poténtem confitéri,
Terque sanctum dícere.
Tous n’ont que l’heureuse occupation de louer le Seigneur : leur partage est de chanter les merveilles, la puissance & la sainteté d’un seul Dieu en trois Personnes.
Cœlites o vos beáti,
Quos Deus felícitat,
Súpplicum votis adéste,
Et favéte sínguli.
Heureux habitants du ciel, dont Dieu fait la félicité, recevez nos hommages ; & que chacun de vous nous aide de ses prières auprès du Tout-Puissant.
Hausta fonte liberáli
Dona terris fúndite :
Pace nostris in diébus
Obtinéte pérfrui.
Faites couler jusque sur la terre une partie de ces célestes dons que vous puisez dans la source même : obtenez-nous la paix dont nous avons besoin pendant cette vie.
Vt Deo cum sanctitáte
Serviámus súbditi,
Glóriæ posthac futúri,
Quam tenéris, cómpotes. Amen. Alleluia.
Afin que servant Dieu dans la sainteté, & dans une parfaite soumission, nous ayons un jour une part à la gloire dont vous jouissez dans le ciel. Amen. Alleluia.