Or il fallait, mes bien-aimés, que Pierre en qui le Fils de Dieu venait de louer cette haute connaissance, reçût une instruction du mystère qui se devait accomplir dans la substance inférieure unie au Verbe. Il le fallait pour que l’Apôtre, dont la foi avait été élevée jusqu’à ce degré de gloire de confesser la divinité du Christ, ne regardât pas comme indigne d’un Dieu impassible de prendre sur lui notre infirmité, et ne s’imaginât point que la nature humaine était déjà tellement glorifiée en la personne de Jésus-Christ, qu’elle ne pouvait plus ni souffrir, ni mourir. C’est pourquoi le Seigneur ayant dit qu’il fallait qu’il allât à Jérusalem, qu’il souffrît beaucoup de la part des anciens, des Scribes et des princes des prêtres, qu’il fût mis à mort, et que le troisième jour il ressuscitât ; comme le bienheureux Pierre, tout embrasé du feu allumé en lui par le témoignage Qu’une lumière d’en haut lui avait fait rendre à la divinité du Fils de Dieu, rejetait avec liberté, et avec une répugnance qu’il croyait religieuse, l’idée que son Maître pût endurer tous ces outrages et l’opprobre d’une mort très cruelle, il fut repris par Jésus avec une douce sévérité, et excité au désir de participer à ses souffrances. Homélie de saint Léon, pape, IIIème leçon des vigiles nocturnes de ce samedi.
A la sainte messe :
Propre grégorien du jour
Kyrie : des féries de pénitence au propre de Paris
Offertoire Dómine, Deus salútis meæ, chanté avec ses antiques versets
Sanctus XVIII
Après la Consécration : O salutaris sur le ton de l’hymne du Carême Audi benigne Conditor
Agnus Dei XVIII
Antienne de communion, chantée avec des versets du psaume LXXX
Voyons ce que le Seigneur a voulu signifier par cet unique malade que, pour garder le mystère de l’unité, il a daigné guérir, – lui seul , – parmi tant de malades. Il a trouvé dans son âge un nombre qui semble indiquer la maladie. “Il était infirme depuis trente-huit ans.” Il nous faut expliquer avec un peu plus de soin comment ce nombre convient mieux à la maladie qu’à la santé. Je demande toute votre attention. Que le Seigneur soit présent, qu’il me donne de parler comme il convient, qu’il vous accorde de bien comprendre. Quarante est pour nous un nombre sacré. Il marque une certaine perfection. Je pense que la chose est bien connue de votre charité. Très souvent, les saintes Écritures l’attestent : le jeûne est consacré par ce nombre, vous le savez bien. Car Moïse a jeûné quarante jours ; Élie aussi, tout autant. Et notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ lui-même a rempli ce nombre du jeûne. Par Moïse est signifiée la Loi, par Élie sont signifiés les Prophètes, par le Seigneur est signifié l’Évangile. Voilà pourquoi tous trois apparurent sur cette montagne où Jésus se montra à ses disciples dans l’éclat de son visage et de ses vêtements. Il apparut au milieu, entre Moïse et Élie, comme l’Évangile qui reçoit le témoignage de la Loi et des Prophètes. Homélie de saint Augustin, évêque, Ière leçon des vigiles nocturnes de ce vendredi.
A la sainte messe :
Propre grégorien du jour
Kyrie : des féries de pénitence au propre de Paris
Offertoire Benedic, chanté avec ses antiques versets
Sanctus XVIII
Après la Consécration : O salutaris sur le ton de l’hymne du Carême Audi benigne Conditor
Agnus Dei XVIII
Antienne de communion, chantée avec des versets du psaume VI
Par ailleurs, si le signe de Jonas figure la Passion du Seigneur, il atteste aussi la gravité des péchés commis par des Juifs. L’on peut y voir à la fois la proclamation de la majesté et le signe de la miséricorde. En effet, l’exemple des Ninivites annonce le châtiment, mais en même temps, il montre le remède. Dès lors, les Juifs non plus ne doivent pas désespérer du pardon, pourvu qu’ils consentent à faire pénitence. Homélie de saint Ambroise, évêque, IIIème leçon des vigiles nocturnes de ce mercredi.
A la sainte messe :
Propre grégorien du jour
Kyrie : des féries de pénitence au propre de Paris
Offertoire Meditabor, chanté avec ses antiques versets
Sanctus XVIII
Après la Consécration : O salutaris sur le ton de l’hymne du Carême Audi benigne Conditor
Agnus Dei XVIII
Antienne de communion, chantée avec des versets du psaume VI
Saint-Eugène, le dimanche 26 février 2023, grand’messe de 11h. Conférence de Carême du R.P. Louis-Marie de Blignières, fsvf, sur le Notre Père à 16h – 2nde partie : Que votre Nom soit sanctifié, que votre Règne arrive. Secondes vêpres & salut du Très-Saint Sacrement à 17h45.
Quoique les fidèles jeûnent depuis mercredi, la liturgie n’ouvre néanmoins qu’aujourd’hui le commencement du Carême. Autrefois, il s’agissait en effet du véritable début du Carême, le premier jour de jeûne commençant le lendemain lundi. C’est saint Grégoire le Grand qui rajouta les 4 premiers jours au VIème siècle afin d’arriver au compte rond de 40 jours de jeûne. L’office divin conserve la disposition antique antérieure à saint Grégoire : les hymnes propres au Carême ne sont chantées qu’à partir des premières vêpres de ce dimanche ; au second nocturne de l’office de la nuit, une leçon de saint Léon le Grand annonce toujours aux fidèles le début du Carême en ces termes :
Très chers fils, leur dit-elle, ayant à vous annoncer le jeûne sacré et solennel du Carême, puis-je mieux commencer mon discours qu’en empruntant les paroles de l’Apôtre en qui Jésus-Christ parlait, et en répétant ce qu’on vient de vous lire : Voici maintenant le temps favorable ; voici maintenant les jours du salut ? Car encore qu’il n’y ait point de temps dans l’année qui ne soient signalés par les bienfaits de Dieu, et que, par sa grâce, nous ayons toujours accès auprès de sa miséricorde ; néanmoins nous devons en ce saint temps travailler avec plus de zèle à notre avancement spirituel et nous animer d’une nouvelle confiance. En effet, le Carême, nous ramenant le jour sacré dans lequel nous fûmes rachetés, nous invite à pratiquer tous les devoirs de la piété, afin de nous disposer, par la purification de nos corps et de nos âmes, à célébrer les mystères sublimes de la Passion du Seigneur. Sermon de saint Léon, pape, IVème leçon des vigiles nocturnes de ce dimanche, au second nocturne.
Ce premier dimanche de Carême est un jour solennel et ne le cède à aucune fête, pas même celle du saint patron du lieu. L’Eglise nous donne en ce jour l’évangile des trois tentations du Christ au désert. Il est remarquable que toutes les pièces du propre de la messe sont empruntées au psaume 90, celui-là même qui fut cité au Christ par le Satan tentateur.
Evangile : Matthieu IV, 1-11 : Alors Jésus fut conduit par l’Esprit dans le désert, pour y être tenté par le diable ; et ayant jeûné quarante jours et quarante nuits, il eut faim ensuite.
Après l’homélie : O bone Jesu – motet de Marc Antoine Ingegneri (1545 † 1592), maître de chapelle de la cathédrale de Crémone
Offertoire – Scapulis suis (ton viii.) – Scapulis suis, offertoire polyphonique (1581) de Roland de Lassus (1532 † 1594), maître de chapelle de Saint-Jean-de-Latran puis de l’Electeur de Bavière – anciens versets d’offertoire en plain-chant
Sanctus XV
Après la Consécration : O salutaris sur le ton de l’hymne du Carême Audi benigne Conditor
Conférence de Carême du R.P. Louis-Marie de Blignières, fsvf, sur le Notre Père à 16h – 2nde partie : Que votre Nom soit sanctifié, que votre Règne arrive.
IIndes vêpres du Ier dimanche de Carême. Au salut du Très-Saint Sacrement :
Motet d’exposition : O salutaris Hostia – sur le ton de l’hymne du Carême, Audi benigne Conditor – IInd ton
A la Bienheureuse Vierge Marie : Ave Regina cœlorum – VIème ton
Prière pour Notre Saint Père le Pape : Oremus pro Pontifice nostro
A la bénédiction du Très-Saint Sacrement : Tantum ergo – Ier ton, sur le ton de Pange lingua gloriosi prœlium certaminis
Chant final, d’action de grâces : Attende Domine – plain-chant français, avec ses anciens versets – Vème ton
Avant l’époque de saint Grégoire le Grand (fin du VIème siècle), le jeûne du Carême ne commençait qu’au lendemain du Ier dimanche de Carême, comme cela est toujours le cas dans la liturgie ambrosienne, ou similaire encore à ce qui se pratique dans la liturgie byzantine (même si celle-ci commence le Carême plus tôt car on ne jeûne pas les samedis en Orient).
Afin d’obtenir un compte plein de 40 jours de jeûne, saint Grégoire décida d’ajouter quatre jours de jeûne avant le Ier dimanche. Le Mercredi des Cendres est devenu depuis le premier jour de Carême dans le rit romain (les livres liturgiques antiques le désignent souvent sous le titre d’“in capite jejunii”). Toutefois l’ancienne disposition antérieure à saint Grégoire a malgré tout laissé quelques traces : ainsi, à l’office, on reste toujours dans l’ordonnance de la Septuagésime, et les hymnes du Carême ne commenceront-elles que samedi prochain aux premières vêpres du Ier dimanche de Carême.
Dans les premiers temps du christianisme, l’évêque en ce jour expulsait de l’église les pénitents qui devaient expier pour des fautes graves (principalement le meurtre, l’adultère et l’apostasie). Les pénitents publics assistaient aux offices de l’extérieur de l’église, depuis le narthex (comme cela se voit toujours fréquemment dans les églises d’Ethiopie) et ne pouvaient rentrer dans l’église qu’une fois leur pénitence accomplie.
Voici quatre gravure tirées d’un Pontifical romain imprimé à Venise en 1561 représentant l’imposition des Cendres aux fidèles puis l’expulsion des pénitents publics :
Imposition des Cendres aux fidèles par le pontife.
Les pénitents publics se présentent devant l’évêque.
L’évêque revêt de cilices les pénitents publics.
L’évêque expulse les pénitents publics hors de l’église.
La pénitence publique durait régulièrement plusieurs années. Une fois la pénitence accomplie, la réconciliation des pénitents publics était effectuée par l’évêque le Jeudi Saint, au cours d’une cérémonie particulière.
Lorsque la discipline de la pénitence publique disparut pratiquement (avant le XIème siècle), on en retint cependant certains éléments, dont l’imposition des cendres qui leur était faite au début du Carême. Ce geste liturgique marque parfaitement le désir de tout chrétien de revêtir les armes de la pénitence & du jeûne au début du Carême, tout en se souvenant de sa condition :
Meménto, homo, quia pulvis es, et in púlverem revertéris.
Souviens-toi, homme, que tu es poussière, et que tu retourneras en poussière.
La cérémonie de l’imposition des cendres, qui avait lieu autrefois de façon autonome entre sexte et none, finit par être jointe à la messe de ce jour, messe qui se célèbre après none (la messe est suivie des vêpres, après lesquelles dans le rit romain, le jeûne est rompu).
Traditionnellement, la cendre dont on se sert est réalisée par la combustion des rameaux bénis l’année précédente. Le prêtre impose les cendres en forme de croix sur le front des fidèles – mais sur la tonsure ou sur le sommet de la tête pour les clercs – tandis que le chœur chante deux antiennes Immutemur in habitu et Inter vestibulum, ainsi qu’un répons, Emendemus in melius.
La messe de ce jour comporte deux particularités que l’on retrouve tout au long du Carême : avant l’évangile se chante le trait du IInd ton, comme tous les lundis, mercredis et vendredis de Carême, anciens jours de station ; après la post-communion, comme à toutes les féries de Carême, le prêtre récite une oraison supplémentaire sur les fidèles inclinés : cette oraison est en réalité une prière de bénédiction très ancienne, elle se faisait également à l’office divin et le restant de l’année, à chaque fois que l’on renvoyait le peuple. Encore présente dans la plupart des rits orientaux ou occidentaux, l’oraison super populum ne s’est maintenue dans le rit romain que pour les féries de Carême.